Jeunes femmes, mangez du fer !
Ah bon, ça se mange ? Bien sûr, pas tel quel ! Encore qu'un intervenant de la conférence organisée par le CIV (Centre d'Information des Viandes) à laquelle j'assistais il y a quelque temps rappelait une vieille coutume en la matière : elle consistait à faire boire de l'eau contenant un clou rouillé aux personnes en manque de cet oligo-élément. Nul n'a pu garantir l'intérêt scientifiquement prouvé d'une telle méthode...
Je parle bien sûr du fer contenu dans les aliments, notamment dans la viande de boucherie (1). Et le monde est mal fait... les femmes qui ont des besoins en fer deux fois plus élevés que les hommes (du fait de leur cycle menstruel) en absorbent moins qu'eux, et du coup en manquent souvent. En effet, d'après les données (2) présentées à cette conférence, 39% des femmes de 18 à 29 ans ont des réserves faibles en fer et 17 % présentent même une baisse des réserves. Et la carence en fer non traitée peut conduire à l'anémie. Mieux vaudrait intervenir avant !
Je sais que certaines femmes mangent peu de viande notamment du boeuf. Or, si certains éléments apportés par la viande (les protéines, certaines vitamines et minéraux) peuvent assez bien être fournis par d'autres aliments, pour le fer, c'est plus compliqué.
Où trouve-t-on le fer ? En résumé, d'abord dans la viande plutôt que dans les épinards ! Pour ceux-là, c'est une croyance erronée due à une erreur de virgule et perpétuée notamment par Popeye ! On trouve le fer à la fois dans des sources animales : en tête le boudin, le foie de volaille, puis le boeuf, l'agneau, le canard, et plus modestement le poisson, les oeufs, la charcuterie. Côté végétaux, il y a le germe de blé, les pistaches, le soja, les légumes secs, ... Mais le fer animal est mieux absorbé par l'organisme que le fer végétal.
La consommation moyenne de viande de boucherie en France est de 390 g/semaine soit 55 g/jour. Cette consommation est en baisse depuis plusieurs années, à l'inverse de la volaille et de la charcuterie qui progressent. Notamment pour des raisons économiques et de praticité culinaire, ...
Par ailleurs, cette moyenne cache d'importantes disparités, notamment entre les hommes et les femmes : 435 g pour les hommes, 330 g pour les femmes. Or, comme je le disais plus haut, elles ont un besoin deux fois plus important.
Souvent, quand mes patientes m'annoncent un projet plus ou moins proche de grossesse, j'attire entre autres leur attention sur leur consommation de viande. Pour nombre d'entre elles, cette consommation est assez limitée pour des tas de raisons (goût, coût, opportunité, tendance au végétarisme, ...). Alors, je leur recommande de demander à leur médecin une vérification de leur taux de ferritine (qui indique l'état des réserves de fer de l'organisme) pour être fixée sur la conduite à tenir. Un gynécologue présent a en effet insisté sur les sérieux dangers d'un manque de fer pendant la grossesse et en vue de l'accouchement, période où les besoins sont encore accrus. Bien sûr, on peut prendre un complément alimentaire, voire même recevoir des injections en urgence, mais n'est-ce pas plus simple de couvrir ses besoins par la nourriture ?
Evidemment, comme vous, je me dis qu'un colloque organisé par le Centre d'Information sur les Viandes n'a sûrement pas pour but de nous dissuader d'en manger. Et mon idée, mesdemoiselles, mesdames, n'est pas de vous convaincre de manger de la viande si vous ne l'aimez vraiment pas. Mais, si c'est unj aliment qui est plutôt à votre goût, de prendre un peu de recul sur votre consommation. Est-ce que vous "oubliez" régulièrement d'en manger ? Ou au contraire, en mangez-vous vraiment beaucoup, par habitude familiale par exemple ? Pas besoin d'un steak tous les jours ! Dans tous les cas, il est intéressant de savoir, par une analyse, où vous en êtes côté réserves de fer.
Pour ma part, je ne mange pas énormément de viande (je suis plutôt flexitarienne !) mais je ne m'en prive pas. J'aime cela sous diverses formes, sans excès (3) et par ailleurs je sais, par mes analyses de sang faites de temps en temps, que je ne suis pas en manque de fer, même si cela n'est déjà arrivé à une époque où j'étais fort ignorante des choses de l'alimentation...
Et vous, vous en êtes où côté viande ? NB : Bien sûr, je sais qu'il y a des végétarien(ne)s parmi vous !
(1) Ce qu'on appelle la viande de boucherie regroupe le boeuf, le porc (hors charcuterie), le veau, l'agneau, le cheval.
(2) au global, informations source CIV, Credoc, Etude nationale Nutrition Sant, Ciqual
(3) cela se passait au Ritz (opération séduction !) et je me suis absolument régalée lors de la démonstration-culinaire qui a suivi la conférence : un chef de l'Ecole du Ritz nous avait concocté une daube provençale absolument merveilleuse de fondant. J'ai la recette détaillée et les astuces du chef, je vais la refaire très bientôt en m'appliquant.