A la lecture de la quatrième de couverture de “LES AMANDES AMERES” publié par Laurence COSSE chez NRF-Gallimard en 2011, je me suis dit que je n’accorderai pas à ce roman plus de quelques moments, juste pour me faire ma propre idée de cette relation entre Edith, la bobo parisienne et Fadila, la marocaine immigrée qui vient lui faire le repassage.
Il faut dire que je me méfie toujours des romans, quelque en soit l’auteur, qui traitent des immigrés, de leurs conditions, de leurs problèmes. Quand le misérabilisme en est absent, la condescendance n’est pas loin et quand les clichés sont évités les analyses fumeuses prennent le relais.
Pourtant, quand j’ai commencé le livre de Laurence Cossé, je ne l’ai plus lâché.
La trame en est simple : Edith, traductrice de son état, décide d’apprendre à Fadila, son aide à domicile – ici nous dirions sa bonne – à lire et à écrire.
Autour de cet axe, l’auteur nous parle de la condition de la femme marocaine (et là, le misérabilisme n’est pas absent); elle nous fait part de la volonté farouche d’Edith de réussir son pari (on retrouve un peu de condescendance); elle nous entraine dans la vie des enfants de Fadila (on retombe un peu dans les clichés); elle essaie d’expliquer les raisons des difficultés de la marocaine à assimiler les rudiments de l’écriture et de la lecture (les analyses plus ou moins fumeuses planent sur le recit).
Pourtant, je n’ai pas trouvé sans intérêt la lecture de ce roman. En effet, au delà du récit, Laurence Cossé nous invite à de nombreux questionnements relatifs à l’analphabétisme et aux difficultés de le subir et aussi de le combattre.
Le problème de l’alphabétisation est fondamental dans notre société. Beaucoup d’efforts ont été entrepris dans ce sens par les responsables et les résultats, s’ils ne sont pas clairement chiffrables, sont réels. Surtout parmi les femmes d’un âge certain.
Pendant les 220 pages du récit, je me suis demandé si cette situation pouvait se produire sous nos cieux, avec une “Madame Tazi” (comme dirait Gad El Maleh) qui tenterait d’inculquer à sa bonne les éléments de base de l’écriture et de la lecture. Que cette bonne soit jeune fille en rupture de scolarité ou femme âgée n’ayant jamais fréquenté l’école.
A lire, pour appréhender les difficultés insoupçonnées que constitue le défi de lutter contre l’analphabétisation!