Tout le monde en parle, tout le monde la veut mais comment faire pour l'avoir ? Je veux bien sûr parler de la croissance économique que Nicolas Sarkozy voulait chercher "avec les dents" et que François Hollande veut inclure dans le pacte européen. C'est le rêve de toute personnalité politique au pouvoir. Plus de croissance c'est plus de recettes, moins de déficit, moins de chômage...Le cercle vertueux. François Hollande est très malin : il parle de croissance économique. Il affirme avec un courage incroyable et une audace inouïe qu'avec une croissance économique plus forte, tout irait mieux. Chapeau l'artiste. Oui mais voilà, la croissance ne se décrète pas et ce n’est pas en répétant en boucle « il faut de la croissance » que celle-ci va finir par arriver en tombant du ciel.
Premier constat : notre croissance tend inexorablement vers zéro. La moyenne de la croissance française entre 1950 et 2011 a été de 3,3% par an avec, pendant les « Trente Glorieuses » une croissance supérieure à 5% en moyenne. Entre 2001 et 2011, la croissance est tombée à 1,2% en moyenne par an.
Cette politique suicidaire nous conduit dans le mur. Le service de la dette pèse de plus en plus dans le budget (plus de 50 milliards d'euros) et tout dérapage dans les taux serait catastrophique. Les socialistes pensent toujours qu’une relance de notre croissance passe par plus de dépenses et c’est pour cette raison qu’ils proposent les « eurobonds ». Ainsi, alors que nous sommes confrontés à notre problème d’endettement public excessif, François Hollande propose de contracter de nouveaux crédits à l’échelon européen. Curieux. La vérité est que notre modèle de croissance basée sur la consommation des ménages est à bout de souffle et que toute politique visant à relancer ce moteur est vouée à l’échec. En effet, notre société est tellement développée et les ménages tellement équipés qu’ils ont tous les produits dont ils ont besoin ou presque. Les consommateurs réduisent leurs dépenses et augmentent leur niveau d’épargne. Dès qu’ils disposent d’un euro supplémentaire, le réflexe premier est de l’épargner. Ainsi, en 2011, le taux d’épargne des ménages français a touché un point haut à près de 17% du RDB. C’est très important et cela montre qu’entre surconsommation et épargne, les Français ont choisi. Cette attitude rationnelle s’explique parfaitement. D’une part les comptes publics dégradés inquiètent les Français et les incitent à la prudence donc à l’épargne, et d’autre part, ils ne ressentent pas la besoin d’acheter un 3ème écran plat ou un cinquième téléphone. Le taux d’équipement des ménages (voiture, produits électroménagers, produits électronique…) est très élevé et le potentiel de croissance faible. Ce n’est pas le cas dans les pays en développement. Les classes moyennes de ces pays s’équipent et la croissance y est forte. Cette donnée est une faiblesse pour notre pays car, du coup, on ne peut plus compter sur la consommation privée pour tirer notre économie mais c’est une force lorsque le contexte économique est dégradé. En effet, si la consommation privée ne progresse pas beaucoup, elle ne baisse pas beaucoup non plus en cas de choc économique. Elle résiste bien mais on ne peut pas compter sur elle pour faire progresser de façon significative notre PIB.
Quels sont les autres moteurs sur lesquels nous pourrions nous appuyer pour relancer notre croissance économique ? Il y a les investissements publics. Ce moteur est également à l’arrêt. Avec 1 700 milliards d’euros de dette publique, on peut difficilement imager que l’Etat se remette à dépenser un argent qu’il n’a pas. De toute façon, les créanciers ne suivraient pas. C’est un deuxième moteur sur lequel on ne peut pas compter pour faire repartir durablement l’activité économique. Pouvons-nous compter sur les investissements privés ? Là encore, je suis perplexe. Les entreprises font preuve de beaucoup de prudence dans leurs investissements dans cette période économique incertaine. Elles ont besoin de stabilité dans l’environnement réglementaire, dans l’environnement fiscal. Bref, elles ont besoin d’être en confiance. L’arrivée au pouvoir de François n’est pas de nature à les rassurer. Les propositions faites pendant la campagne sont plutôt de nature à faire fuir les investisseurs potentiels et à faire fuir ceux qui le peuvent. Autre moteur à l’arrêt donc. Dernière possibilité (liée en partie à la précédente), redresser notre balance commerciale. 70 milliards de déficit en 2011 contre 150 milliards d’excédents pour l’Allemagne avec la même monnaie.
Le poids des prélèvements qui pèsent sur les entreprises lamine notre tissu industriel. La réduction du temps de travail est également un fardeau qui handicape les entreprises. Sur les graphiques publiés, vous pouvez constater que le décrochage de la France sur bon nombre d’indicateurs correspond à la mise en place de ces cyniques 35h. Aujourd’hui, notre pays fait face à un problème de compétitivité considérable. Trop de charges, trop d’impôts, trop de réglementation, pas assez de travail. Voilà le diagnostic terrible qui s’accompagne d’une dette écrasante. C’est la fin du rêve. Il va falloir se réveiller. Les réformes structurelles à réaliser sont très importantes et très difficiles à faire. Si nous ne faisons pas ces réformes, le déclin de notre pays se poursuivra. Quand on pense que ce problème a été confié à Arnaud Montebourg, il y a de quoi être inquiet. Les délocalisations, les fermetures d’usines, ce n’est pas fini.
Graphiques en provenance de la Recherche économique BNP Paribas.