À Londres, Manfred est un vieillard juif allemand à qui la guerre a « consumé une partie nécessaire, virginale de lui-même ». Il vit dans l’absence de sa femme, Emma, qui est une rescapée des camps de concentration. Depuis vingt ans, ils ne se rencontrent plus qu’une fois par mois sur un banc de Hyde Park où elle lui interdit de regarder son visage.
Une douleur nouvelle dans le corps de Manfred amorce le déroulé de leur histoire nouée par l’implacabilité d’une spirale de l’adoration à la violence conjugale. Et dont la complexité et l’absurdité n’ont en miroir que la honte et le remords qui en découlent. Du corps au geste, de la fièvre à la terreur, le silence et l’acceptation de la victime, la solitude et l’errance de celui qui a commis…
L’empathie et l’effroi se conjuguent et bouleversent dans ce roman magistral et subjugant qui tisse une folie sans excuse par l’exploration de sa source et de son engrenage.
La douleur de Manfred
Robert McLiam Wilson
Traduit de l'anglais par Brice Matthieussent
Christian
Bourgois Éditeur, 1992
Édition 1018, 2005