(Toi qui lis ces lignes pour la première fois, sache que je rends compte de mon récit de voyage à Madagascar, et tu peux retrouver l’ensemble des articles ici – en commençant par l’intro, c’est mieux… )
Chapitre II
Le voyage du jour sera long. Nous relions Tana à Fianarantsoa, Fiana pour les intimes. C’est la capitale de la province du même nom, dans le Sud-Est du pays. L’une des régions les plus pauvres de Madagascar aussi, malgré les richesses que nous avons pu admirer pendant le trajet. Les cultures de tabac, café, raisins et bien entendu, de riz, sont omniprésentes, entre les immenses collines et les vallées qui façonnent ce paysage unique des hauts-plateaux malgaches. Le Bétsiléo se situe à une altitude de 1.200 mètres environ, et profite de la saison des pluies (3 mois) pour révéler une terre riche et cultivable à souhait tout le restant de l’année. Jusqu’à trois récoltes de pomme de terre par an! Deux fois plus pour le riz…
Notre taxi démarre à 5h45. Comme moi, l’aube a du mal à se lever… Direction, la gare des taxi-brousses. C’est indispensable de comprendre et distinguer les différents transports publics qui coexistent à Madagascar;
- Les taxis jaune clair, principalement des 2CV, Renault 4, Renault 12 et Peugeot 205 et 505, assurent les petits trajets dans la ville. Ils n’ont pas de compteurs, et la négociation du prix est obligatoire. Ces voitures d’un autre âge sont bricolées, et si on évite de trop faire attention au confort intérieur, on sourit lorsque le taxi va à la pompe: le bidon d’essence est tout simplement situé entre le changement de vitesse et le frein à main. Les chauffeurs ne fument donc jamais dans l’habitacle, c’est beaucoup trop dangereux!
- Les taxis collectifs; si on ne les connaît pas, on ne les voit pas! Ce sont des voitures individuelles, qui fleurent bon l’entraide entre les gens. Moins chers qu’un taxi classique, ils sont aussi plus rapides que les taxis-ville…
- Les taxis-ville sont de grosses camionnettes Mercedes, blanches avec un long trait rouge sur le côté. Moins chers que les taxis classiques, on ne les trouve que dans les grandes villes (Tana, Fiana,…). Il faut accéder dans le bus par l’arrière. A l’arrêt ou pas! Ces bus s’arrêtent au milieu de la rue, se remplissent et se vident en une demi-seconde… Il faut déjà être un habitué du coin pour tenter l’aventure. (Ce sera pour un prochain voyage!).
- Les taxis-brousse sont les véritables moteurs de l’économie malgache. Ils garantissent les échanges commerciaux entre les villes et villages, et permettent à tous de se déplacer rapidement vers n’importe quelle région du pays. Le confort dépend beaucoup du type de camionnettes mis à disposition (et donc de la compagnie choisie). Bizarrement, leur prix sont régulés par l’administration! Ils sont affichés, et aucune arnaque n’est autorisée… Si jamais, la place n’est pas réservée à l’avance, pour le même prix, le voyage peut se transformer en un véritable calvaire… A côté ou juste derrière le chauffeur, c’est là qu’il faut s’asseoir pour éviter les maux de dos et de jambes!
Côté technique, le compteur kilométrique est toujours à zéro. Aucune idée de la vitesse, aucune idée de la distance… Un dépaysement supplémentaire! La chance nous a souri pendant tout le séjour. Aucune panne, aucun accident. On peine à le croire, tant les chargements sur le toit sont approximatifs et dangereux. Imaginez les valises de plus de 15 personnes, placées à côté des dindons, poulets (vivants bien entendu), pneus de secours, et tapis de sol. Tout est bon à transporter!
Cette précision étant faite, nous arrivons vers 6h15 dans le grand centre de taxis-brousse de Tana. Il y en a 3 dans la ville. Nous découvrons ce qu’un européen de base nommerait “un foutoir sans nom”. A la sortie de la route principale, une barrière se lève et nous laisse entrer dans un terrain vague, tapi de terre rouge. Il fait sec et frais. Le soleil tarde à nous faire coucou, mais cela n’empêche pas une activité déjà très pressante sur place. Des centaines de cabanes de fortunes sont alignées, et proposent les mêmes services; des voyages en taxis-brousse au départ de Tana vers presque toutes les destinations du pays. Des centaines de personnes se bousculent autour de nous. Des dizaines de mini-bus en état de décomposition, qui sont pourtant prêts pour le grand départ… surprenant.
Ce sentiment de se faire accoster par tout ce qui bouge…
Ça y est, ça recommence (NDLR: histoire de l’aéroport). Les vasahas sont là. Tout le monde nous regarde. Tout le monde veut nous proposer une place dans telle ou telle camionnette. Mais STOP quoi! Nous sommes toujours dans le taxi, à la recherche de la société de transport KOFIAM…
Une réservation à notre nom nous y attendait. Le taxi s’arrête devant le bureau. Je tourne la tête, et je vois déjà le coffre ouvert, et mes valises sur le dos de deux colosses!… euh, je vous ai rien demandé, que faites-vous? un bis repetitas de la veille en somme… Un seul mot d’ordre: suivre les sacs, ne pas les perdre de vue. J’ai juste pu dire à Sad de me suivre aussi (et tant pis pour le taxi qu’il fallait payer, on le fera après!).
Dans ce cohue-bohu, les deux porteurs marchaient très vite. Éviter de me faire voler mes affaires dès le premier jour, ce serait vraiment sympa…
Mon sac atterrit dans un véhicule à l’arrêt (moteur éteint, je précise). L’un d’eux préparait déjà un petit papier… Il y notait KOFIAM, et mon prénom (qu’il avait entendu 2 minutes avant). Il rajoute la somme astronomique de 135.000 Aryary (35 euros environ). Soit, 10 fois plus que le prix affiché! Pas de doutes, c’était des charlatans… après avoir passé un coup de fil à Mary, qui m’avait réservé le taxi, je crie au scandale et on me rend mon sac sans condition. C’est une des rares fois où j’ai du pousser une gueulante…
Mr Théo, le gérant de KOFIAM nous a montré le bon bus. Nos valises fixées sur le toit, nous nous sommes blottis à l’intérieur du bus, encore fatigués de cette dernière mésaventure. Il est 7h00 du matin. Nous avons le temps … d’attendre. Le départ prévu à 8h ne sera effectif qu’à … 9h15. C’est ça aussi, l’Afrique!
L’ambiance autour des bus est surréaliste; pendant notre attente, on a vu défilé tour à tour; des vendeurs de parasols, de matelas, de lunettes, de chapeaux, de beignets, etc. Ne quittez pas le bus, ce sont eux qui viennent à vous! Pratique, et tellement plus convivial.
Le bus commence doucement à se remplir. Les gens nous disent bonjour. Ces compagnons de voyage-là semblaient déjà plus sympathiques que les personnes nous dévisageant depuis deux heures, dehors…
Il fallait que nous quittions Tana la chaotique, rapidement. Ce n’est pas ça, Mada. J’ai pu heureusement le découvrir par la suite. En route pour le Sud, en route pour Fiana!
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