Buzz : Avec un titre pareil – Amour – on est sûr d’une chose : on n’aura pas droit à une bluette ! Si Michael Haneke – qui présente là son 10e film au Festival de Cannes, toutes sections confondues – n’est pas dépourvu d’un certain humour à froid, on connaît davantage son goût pour les situations claustrophobiques, violentes et désespérées, portées par une mise en scène au scalpel qui dissèque davantage qu’elle ne compatît au sort de ses personnages.
Trois ans après avoir décroché sa Palme d’Or, le cinéaste autrichien revient en compétition avec un huis clos sur la vieillesse, la maladie et la filiation. Bigre ! Un sujet et un casting de haute tenue – son égérie Isabelle Huppert, entourée d’Emmanuelle Riva (inoubliable dans Hiroshima mon amour) et de Jean-Louis Trintignant, qui effectue un come-back après 10 ans d’absence – laisse présager une œuvre dans la lignée de La Pianiste, qui avait alors récolté un Grand Prix du Jury, ainsi qu’un double prix d’interprétation.
Si le choc Funny Games avait imposé le cinéaste sur la scène cannoise en 1997 – cette année-là, l’actuel président cannois Nanni Moretti, alors membre du jury présidé par Isabelle Adjani, avait publiquement déclaré son rejet du film – on connaît moins ses œuvres antérieures. Notamment Le 7ème continent (présenté à Cannes en 1989, distribué en France en 1992), précis de décomposition d’une famille autrichienne, qui décide peu à peu de se retirer du monde. Critique au scalpel de la société de consommation, de ses illusions et de ses impasses, un film coup de poing toujours d’actualité. Extrait et trailer d'Amour.
Travis Bickle