Vampires, ces êtres surnaturels que l’on admire!
Entre nous, n’avez-vous jamais désiré, ne serait-ce qu’une seule fois, être un vampire ? Vivre éternellement, voir le monde à travers les siècles, découvrir les nouvelles technologies, les nouvelles cultures, les nouvelles modes, être les témoins de l’évolution de notre monde, des langues, et de peut-être d’une vie sur une autre planète ?
Mis à part l’abreuvage de sang, moi, j’y ai pensé, et pas qu’une seule fois ! J’y pense à chaque fois que je regarde une série, un film ou lis un livre sur ces êtres surnaturels.
Comme beaucoup de mes lecteurs, je fais partie de la génération Y, celle qui a grandit avec Buffy contre les vampires, qui a vu, dès l’âge autorisé Dracula de 1993 avec Keanu Reeves, Gary Oldman et Winona Ryder, puis Entretien avec un Vampire avec Brad Pitt, Tom Cruise et Christian Slater, les Underworld, nous avons aussi lu et/ou vu au cinéma la série des Twilight, Vampire Diaries et de True Blood, qui sont de la génération des vampires modernes, sortent la journée avec des bagues magiques ou brillent au soleil comme des diamants ou encore boivent du sang synthétique. Je les appelle la génération des “gentils vampires“.
Car avant de devenir ce qu’ils sont aujourd’hui dans nos films, ils étaient, selon les premières légendes de vampires, appelés tout simplement les morts-vivants. Avant d’envouter les midinettes, de lire dans les pensées, de courir très vite, de guérir en un clin d’œil… les vampires étaient très loin du mythe que la littérature du début du 19ème siècle lui a donné.
Suite à des recherches archéologiques en Irlande, des sépultures dites déviantes (atypiques) ont été découvertes datant, d’après les études
carbones du 7ème Siècle). Des squelettes mutilés délibérément ont été découverts aux bordures de cimetières avec une pierre coincée dans la mâchoire. Des clous ont été retrouvés au niveau des épaules, dans le cœur et dans une cheville, les têtes tranchées, les pieds liés et le corps transpercé d’une lance. Plusieurs chercheurs (scientifiques, littéraires…) se sont penchés sur le sujet et ont fait des parallèles entre les premiers écrits du moyen-âge et cette découverte, les seuls sur lesquels les chercheurs peuvent se baser pour expliquer ces rites.L’Irlande du moyen-âge était dominé par de petits royaumes, la guerre y était permanente. La peur d’être attaquée était récurrente chez les habitants, qu’elle soit guerrière ou fantomatique, cette peur de l’attaque était encrée dans la vie des paysans. Les religions, et notamment la religion Chrétienne en Irlande avait des rites dans la mise en terre des défunts : “A la fin des temps, les morts sortiront de leur tombe face au soleil levant”. Ainsi, les morts étaient placés sur l’axe Est-Ouest et aucun objet n’était déposé avec eux.
Au 12ème siècle, les populations croyaient dur comme fer aux phénomènes surnaturels; il n’était donc pas étonnant pour elles, qu’un cadavre puisse reprendre vie. La religion Chrétienne, très présente à cette époque, entretenait ces croyances, comme s’il s’agissait d’histoires vraies. Car lorsqu’une mort survient, “L’âme quitte le corps pour aller au purgatoire”. Ainsi, l’existence conditionnée par des forces surnaturelles était profondément ancrée dans les croyances.
Plusieurs faits sont relatés dans les récits du moyen-âge. Une histoire raconte que deux hommes enterrés la veille erraient dans le voisinage. Un sous la forme humaine avec une tombe sur le dos et l’autre sous la forme d’un animal. Ces revenants terrorisaient les populations car ils étaient dotés de pouvoirs maléfiques, jetés des sorts aux hommes et aux animaux qui quelques jours après succombaient à une maladie.La littérature du 12 et 13ème siècle est peuplée de légendes de morts-vivants qui reviennent hanter les lieux dans lesquels ils ont vécu. Ils réveillent leurs voisins, leurs demandent de sortir en les appelant par leur nom, et ceux qu’ils désignaient, mouraient quelques jours plus tard de mort mystérieuse.
Une autre légende raconte qu’un village a demandé la permission à un évêque de déterrer les cadavres soupçonnés d’être des morts-vivants. Ils découvrirent ainsi des corps intacts et le linceul recouvrant la tête, immaculé de sang. C’est ainsi que les corps ont commencé à être mutilé délibérément. Le cœur arraché et mis au feu, les têtes étaient coupées et de nouveau mis en terre avec une pierre dans la mâchoire afin d’éviter à l’âme de reprendre possession du corps et de le faire revenir du royaume des morts. Ces défunts étaient alors exécutés comme s’ils avaient commis un crime… après leur mort.
Mais, je pense que ce qui vous intéresse le plus, c’est de savoir comment de la légende des « morts vivants », nous sommes arrivés à parler de « Vampires » aussi beaux et sexy que ceux qu’ils les interprètent dans Dracula, Vampire Diaries, Twilight, True Blood, Dark Shadows… Mais avant d’en arriver à la littérature, il est important de connaître les raisons qui ont poussé à croire que les morts pouvaient être atteints de vampirisme.
Ce sera en 1725 exactement que le terme de « vampire » écrit à l’époque «Vanpir » va faire son apparition.
Il vient du Slave « Vanpir ». Rapporté par un officier impérial dans son rapport suite à l’étude du cas : « Peter Plogojowitz ». Un paysan du village de Kisolova, mort 10 semaines auparavant, serait apparu à sa femme en lui réclamant ses chaussures, et à plusieurs autres personnes, sans raison apparente. Les villageois accusaient le mort de s’être couché sur 9 personnes pendant leur sommeil et d’avoir ainsi provoqué leur décès dans un intervalle de temps très court. Sollicité par les habitants, l’officier impérial assista à l’exhumation du mort et pu constater l’exceptionnel conservation du cadavre. Le rapport qu’il communiqua à l’administration impériale à Belgrade énumère les signes qui ont permis aux villageois d’identifier Plogojowitz comme vampire et de le mettre à mort :
« […] D’abord, de ce corps et son tombeau ne s’exhalait pas la moindre odeur qui est pourtant celle des morts ; le corps, à part le nez qui s’était quelque peu détaché, était frais. Les cheveux et la barbe, ainsi que les ongles, dont les anciens étaient tombés, lui avaient poussé. Son ancienne peau, qui était quelque peu blanchâtre, avait pelé, et une nouvelle peau, fraîche, s’était formée par dessous. Le visage, les mains et les pieds, et tout le corps étaient tels qu’ils n’auraient pu être plus parfaits de son vivant. Ce n’est pas sans surprise que j’ai aperçu dans sa bouche un peu de sang frais, lequel, selon ce qu’on racontait généralement, était le sang qu’il avait sucé du corps de ceux qu’il avait fait mourir. »
Il a fallut attendre 7 ans pour qu’un autre cas en Serbie vole la vedette à Peter Plogojowitz.
A la fin de l’année 1731, les habitants d’un petit village se plaignirent auprès des autorités Autrichiennes d’être harassés par des Vanpirs. Une nouvelle enquête fut ouverte. Un rapport est établit dont il est mentionné que 13 villageois étaient morts en moins de 6 semaines alors qu’aucune maladie contagieuse ne fut décelée. L’affaire aurait pu s’arrêter là, seulement, de nouveaux décès mystérieux sont survenus. Ainsi une seconde investigation a été menée mais pas sur les témoignages des villageois, mais sur une enquête médicale avec exhumation et examens des corps.
Cette nouvelle enquête fut menée par le chirurgien militaire, Johann Flückinger, accompagné des médecins militaires Siegele et
Baumgarten et de plusieurs officiers. Ce sera en 1732 que la vérité sera faite sur cette affaire. Toute l’enquête fut décrite dans les moindres détails et le rapport signé par toutes les personnes présentes.L’enquête commence avec l’interrogatoire des habitants. Ces derniers prétendaient que l’épidémie n’était pas à sa première flambée. Elle se serait déclarée 5 ans auparavant, en 1721, lorsqu’un homme nommé Arnold Paole mourut suite à une chute d’une charrette à foin. De son vivant, il avait raconté qu’il avait été molesté par un vampire près de la frontière turque. Environ 1 mois après sa mort, il serait revenu parmi les villageois et aurait causé la mort de 4 d’entre eux. Lorsqu’il fut déterré, Arnol Paole fut reconnu vampire et en tant que tel, il fut condamné à être empalé :
« […] Et ils trouvèrent qu’il était resté parfaitement conservé, non tombé en putréfaction, et aussi qu’un sang tout frais lui était sorti des yeux, des oreilles et du nez, que sa chemise, le linge qui le recouvrait et d’autres linges étaient eux aussi tout tachés de sang : les anciens ongles de ses mains et de ses pieds s’étaient détachés, de même que la peau, mais en revanche d’autres avaient poussé. Voyant par là qu’il était un vrai vampire, ils lui enfoncèrent, selon la coutume, un pieu dans le cœur, et pendant cela il poussa un gémissement bien audible, tandis qu’une grande quantité de sang sortait de lui. »
L’épidémie ne s’était pas totalement calmée puisqu’une nouvelle multiplication des décès était la preuve d’une nouvelle poussée de vampirisme. Les rumeurs gonflées tellement que le fléau était du fait qu’Arnold Paole avait attaqué aussi du bétail et que les personnes ayant mangé de la viande des animaux infectés, se changeaient elles aussi en vampire après la mort.
L’épidémie se propageait à grande vitesse et menaçait le village, qui voyait le nombre de ses habitants diminuer de jour en jour.
Il était primordial pour l’équipe de faire la lumière sur cette histoire et de s’assurer qu’il ne s’agissait pas d’un foyer épidémique. Ainsi, l’équipe de Johann Flückinger a examiné une quarantaine de corps qui ont été enterrés dans les 3 derniers mois.
Sur les 40 cadavres, dix-sept montraient les symptômes les plus évidents de vampirisme. Le processus de décomposition n’était pas naturel : Les corps étaient intactes, inaltérés, la peau souple, fraîche et tonique, les ongles avaient continué à pousser, et à l’ouverture du cadavre, beaucoup de sang frais.
A ces 17 cadavres, on leur planta un pieu dans le cœur, les décapita, les brûla et jeta leurs cendres dans une rivière. Suite à ce rapport qui fut diffusé dans toute l’Europe occidentale, la peur des vampires s’est accumulée à celle des autres pays qui a provoqué une grande chasse aux vampires.
Aujourd’hui, on peut expliquer scientifiquement la mauvaise décomposition des cadavres : Les corps peu décomposés ont un teint rosé, sont gonflés par les gaz dû à la décomposition interne (par les bactéries de notre estomac) ce qui donne une impression de vie. La peau se contracte ce qui donne alors l’impression que les ongles et les cheveux continuent de pousser et que les dents sont plus proéminentes. Quand on perce le corps avec un pieu, le gaz s’échappe donnant l’impression d’un râle et d’un affaissement du corps. Le sang autour de la bouche vient d’un rejet gastrique… oh oui ! Tout ça casse un peu le mythe du vampire glamour qui prend feu !
Plusieurs maladies peuvent expliquer des phénomènes qui peuvent faire croire qu’une personne est atteinte de vampirisme :
- Les porphyries : maladie génétique qui détruit la peau lors d’exposition au soleil obligeant les malades à éviter la lumière du jour, une coloration rougeâtre des dents et des ongles (les molécules sont des pigments violet-rouge), une nécrose de la gencive faisant anormalement ressortir les dents, une croissance rapide des cheveux. Certains malades sont allergiques à l’allicine qui se trouve principalement dans l’ail.
- La tuberculose : Les symptômes de la forme pulmonaire sont d’abord une toux accompagnée parfois de crachat de sang. Certains malades compensaient la perte de sang en en consommant. Les tuberculeux ont également les yeux rouges ou jaunes ce qui créaient une sensibilité à la lumière. On retrouve bien les symptômes d’un vampire : la pâleur, du sang à la bouche (voir de la consommation de sang), la fatigue et l’évitement de la lumière du soleil.
A présent, vous attendez tous de avoir comment on est passé du vampire du moyen-âge au vampire de notre époque ?
Tout a commencé en 1819 à la publication du roman de John Polidori « The Vampyre » qui inspira plus tard l’histoire de Dracula à Bram Stoker.
John Polidori alors médecin de Lord Byron, va s’inspirer des histoires du passé et du Lord pour créer un vampire aristocrate terriblement séduisant.
Plusieurs écrivains vont reprendre l’idée du vampire, mais sans grand succès. Ce sera Bram Stocker qui va marquer une étape cruciale dans la littérature fantastique et en particulier celle abordant le thème des vampires. Ce sera la personnalité de son personnage qui va fonder le mythe du vampire que l’on connaît aujourd’hui avec des pouvoirs surnaturels, un être humain damné, tout un ensemble de complexe qui va lui apporter ce charme incompréhensible…
Aujourd’hui, avec l’ensemble des séries TV que nous apportent les USA, nous sommes loin des récits racontés par les villageois de Serbie.
Mais, à travers l’écriture de ce “Dossier”, je me suis rendue compte que les chercheurs avaient trouvé scientifiquement une explication à la décomposition des corps, mais aucun n’explique, où n’a pu trouver dans les récits du passé, comment autant de villageois, d’Irlande, Angleterre, Serbie… ont vu ces phénomènes. Une peur contagieuse, ou est-ce la limite entre le rêve et la réalité ? Il y a t’il réellement une limite à ce dont on veut croire ? Qu’est ce qui a poussé ces villageois de pays différents à déterrer des corps… S’il personne n’avait eu peur, ou fait de rêve ou propager ses craintes… auraient-ils un jour découvert des corps qui ne se décomposés tout simplement pas de façon normale ?
Une nouvelle piste de réflexion m’amène à me poser des questions sur l’origine de ces peurs… Je vous laisse, à votre médiation…
Voici la vidéo qui m’a permise d’écrire ce dossier :
Vidéo “Les vampires du moyen-âge” sur Arte