Laurent Fabius lors d'une fête de la rose à Val-de-Reuil (photo JCH)
Les anciens snipers de la droite n'ont pas grand'chose à se mettre sous la dent. Il y a quelques semaines de cela on entendait les Morano, Bertrand, Coppé, Fillon, moquer les socialistes et leur tête de file, François Hollande. Oh mon Dieu qu'ils étaient nuls, incompétents, inexpérimentés, oh mon Dieu, ils ne prendraient pas une nouvelle fois le pouvoir par effraction, comme diraient Baroin et Mins réunis !Et voilà que la gauche prend le pouvoir avec une grande sérénité et un grand sérieux. Le gouvernement est superbement dosé, divers, paritaire, animé par des élus de terrain solides et conduits par des hommes et des femmes d'experience. On est heureux de revoir Laurent Fabius dans un ministère des Affaires étrangères où il pourra donner son immense talent et sa grande intelligence des hommes et des situations. On est heureux de revoir Marylise Lebranchu, ancien ministre de la Justice autrement engagé qu'un Michel Mercier dont on avait oublié jusqu'à l'existence.
A Camp David, François Hollande est parvenu à convaincre ses partenaires du G8 que l'austérité de Merkozy conduisait les peuples et les Européens en particulier dans une impasse mortelle pour la démocratie sociale et et la démocratie tout court. La croissance n'est plus un gros mot. Alors que la droite revancharde et toujours aussi arrogante sorte ses petites phrases et avance ses petits bras renforce la nécessité d'un changement profond à la tête de l'Etat (c'est fait) et à l'assemblée nationale (c'est à faire).
Deux bonnes nouvelles enfin. Jean-Luc Mélenchon serait facilement élu — selon un sondage récent — dans la circonscription de Hénin-Beaumont devant Marine Le Pen qu'il est allé provoquer dans son soi-disant fief. 55-45, tel serait le résultat d'un second tour opposant le chef du Front de gauche à l'égérie du Front national. Même s'il n'est plus socialiste, Mélenchon réunit le vote de toute la gauche.
Autre bonne nouvelle : François Loncle n'a que huit adversaires au premier tour et face à lui, un candidat UMP-Nouveau-Centre très proche d'Hervé Morin, le centriste qui a connu le débarquement et qui ne fait pas son âge. Ce qu'il n'a pas dit, c'est qu'il avait rêvé. Comme rêve le conseiller régional désigné pour affronter le député sortant dans la 4e circonscription. Il a pris Pierre Aubinais, maire de Poses, comme suppléant, pour faire plus local mais rien, pour l'instant, ne le relie à un territoire qu'il parcourt au GPS. On félicitera au passage M. Aubinais qui, lors d'un meeting de la droite à Andé, n'a pas hésité à amener la sono que lui a offert François Loncle, dans un moment de générosité excessive. En politique, il n'y a pas d'amis, que des relations…
Une mauvaise nouvelle encore : un député UMP accepte de se présenter sous l'étiquette de Marine, la fille de son père. Ils seront sans doute quelques-uns, peu regardant sur la marchandise, à se laisser aller à cette coupable récupération, le tout pour ne pas perdre un siège et ce qui va avec. En politique, il y a des gens désintéressés. Mais pas que…