Pourtant l'émission d'hier, à elle seule, a suffi à montrer l'absurdité de sa situation. Pour deux raisons au moins.
D'abord parce qu'elle fragilise la position de Montebourg. Face à Harlem Désir, Natacha Polini et elle se livrèrent à une série de critiques convenues de François Hollande, avec tous les reproches que les journalistes ont répété ces jours-ci à l'envi: son absence d'hommage au président sortant, qu'il aurait dû encenser, raccompagner jusqu'à sa voiture, etc. Outre que, émis le samedi soir, ces arguments commencent à sentir le réchauffé tant on les a entendus dans la bouche des leaders de droite, on se demande jusqu'à quel point le compagnon d'Audrey Pulvar peut assumer de voir publiquement sa femme démolir le chef de l'état dont il est solidaire. D'autant que celle-ci utilise dans ses interviews des petits détails que seuls ceux qui connaissent la vie du parti socialiste de l'intérieur peuvent connaître, les confidences du compagnon devenant une source autorisée.
Ensuite, parce que la journaliste se trouve très vite dans une situation inconfortable. Quand Natacha Polini demanda à Harlen Désir comment un gouvernement peut faire cohabiter Moscovici et Montebourg, si différents idéologiquement, Andrey Pulvar se trouva réduite au silence, ne pouvant entrer dans une conversation qui la concernait directement. D'autant qu'on a l'impression, à l'écouter, que la seule personne qu'elle soutient au parti socialiste est son compagnon. Il y avait quelque chose d'indécent à suivre cette discussion, présentée comme un débat d'idées, en présence d'une personne éminemment concernée. On se sentait aussi mal qu'un invité à une soirée qui surprend une conversation entre deux amis au sujet de sa femme.
Cette séquence montre bien qu'il y a conflit d'intérêt. Il ne s'agit pas de mettre madame Pulvar au chômage, mais la moralisation de la vie journalistique imposerait qu'elle s'abstienne de parler de politique quand elle est concernée de trop près. Après tout, il est bien d'autres sujets. Dans l'université quand un candidat à un poste d'enseignant a des liens de parenté avec l'un des membres du jury qui examine sa candidature, celui-ci doit quitter le jury. C'est de bonne pratique. Il serait "normal" que la compagne d'un ministre en fasse autant.