Tu vois, si c’était, s’il était une fois. Je dirai, voilà.
J’entends dire souvent :« comment peut-on se regarder dans une glace quand on a les mains couvertes de sang ?»
Alors moi là j’ai envie de vous dire. Regardez mes mains lorsqu’elles seront recouvertes de sang, oui, regardez donc, regardons, comme si là dans ce moment je pourrais me regarder dans la glace pour savoir si, oui savoir si j’ai encore le regard qui est là, qui voit, et pas les yeux sur ces mains, les yeux, collés.
Si ce sang… déjà d’où ? D’une blessure que j’aurais vainement ou réussi qui sait à comprimer, sauver étant tellement mieux vu, encore regard tu vois, encore voilà. Ou d’une plaie, coupure que je me serais faite, comme une défaite inutile bataille contre une boite de conserve ou avec d’ailleurs, on dit toujours contre dans ces batailles alors qu’en fait on se bat avec et pas contre, avec soi toujours et les rôles déchantent et s’échangent. Enfin bref, voilà encore.
Du sang sur les mains comme si aussi j’avais pu, sans savoir comment égorger un humain, je crois pas mais je sais, je sais que tout est possible, que chaque émotion peut être portée, oui portée, et transportée plus haut plus haut et plus loin, que des fois ce loin déteint, et quand les couleurs changent on peut aussi s’attendre au pire, quand les couleurs virent au rouge, souvent ça vire au sang. Tu vois c’est pas le temps de se regarder dans un miroir tu vois, juste par contre le temps de s’écrier, tu voix, jusqu’au point ou, juste au point où plus de voix, et où oui aussi dans ces moments où, les fameux moments où, comme j’aimerais savoir où ces moments nous mènent, et toi aussi je le sais. S’écrier jusqu’à en perdre la voix. Voilà c’est là, drôle de lieu « en perdre la voix » oui c’est un lieu, c’est dans l’espace, c’est là jusqu’à, et ça nous dépasse, ça me dépasse comme si parfois encore… A se fermer les yeux. Oui je sais bien, les yeux se ferment d’eux même, toujours en fait, mais là quand on perd la voix, qu’on y est, ils se ferment encore et ce n’est pas vraiment dans le fait de se fermer que se pose le souci, c’est dans l’ouverture, quand on les ferme en fait c’est parce que là quelque part on veut plus les ouvrir. Quelque part dans ce lieu et dans cet espace je veux plus voir.
Je veux plus. Volonté d’un lieu ou d’un moment ? D’un jeu ou d’un je ?
Voilà. Tu vois en fait, comment se regarder dans une glace lors ? Je te le dirai bien sur, et là si j’étais avec toi comme là, en fait je poserai juste ma main sur ton épaule. Juste. Et lors je la pose et quelques mots. Oui. Comme si.
Un geste c’est comme un lien, c’est me relier, te relier, nous relier. Relier parce que bien sur du lien on en a déjà. Alors relier, oui comme les pages d’un livre, tout à fait. Tu me fais sourire à chaque fois. C’est ça le lien. Nos liens. C’est dans le geste et dans ton sourire qui fait venir le mien. Et même que des fois c’est l’inverse, oui mais des fois aussi c’est l’inverse ou l’envers. Et là c’est plus que du sourire, c’est du rire. Tu vois.
Et puis je sais pas. Je sais pas, et pourtant j’avance. Pas à pas comme plusieurs aussi, plusieurs aussi, ça fait plusieurs pas, plusieurs pas ça mène sur un chemin aussi parfois plus large, comme si, et si oui c’est plus large tu marches maintenant à coté de moi. Et nous sourions. Et nous rions. Et je crois, oui, comme tant d’actes de foi, je crois. Je sais tant que croire souvent limite ; mais là croire ce n’est pas limiter non, c’est aller plus profond. Comme dans une transportée d’âme. Dans un lieu que j’aime à nommer le Noos, où j’y trouve les flux-flots, oui sur la route des vagues oui sur la route des vagues oui sur la route des vagues. Noos et nous. Et juste. Comme un moment de présence et d’être, ou d’être en présence ou, je sais plus je crois. Ou jeu je ou je jeu. Mais maintenant là il est des mots qui coulent, qui découlent, qui se déroulent, qui viennent dans les flots-flux.
Je t’aime. Je t’aime…