Placide Gaboury : Le voyage intérieur (La prière)

Par Unpeudetao

Celui qui aspire à la libération peut faire de cette aspiration une prière vive et continuelle. Il n’a qu’à se tenir en présence de la Compassion, comme on se laisse chauffer au soleil. L’abandon conscient à cette Compassion-énergie sans bornes, voilà l’essentiel de la prière. La vraie prière n’est pas tout d’abord une demande, mais une offrande, un abandon léger, un oui simple et immédiat à Tout. La prière parfaite se résume dans l’expression « que ta volonté soit faite », ou son équivalent. Cet acquiescement, cette redition de fond peut aussi s’exprimer par des paroles qui vont en se simplifiant au point de devenir silence.

Parce qu’elle ne demande rien, mais veut tout ce qui est, tout ce qui se passe, ce qui arrive, la vraie prière peut englober tous les êtres dans cette acceptation, leur voulant, malgré et au-delà de leurs difficultés, le bien-être complet et la libération de toute souffrance. Elle se fait guérison et amour dirigés vers tous ceux qui gravitent dans un univers. Elle est pure irradiation.

La prière est un contact, une communication avec la totalité. Une connaissance vive de la Réalité Totale. Parce que cette connaissance est aussi amour, la prière n’est pas une activité de l’intellect, mais du cœur. C’est le dialogue, l’expression, l’effusion de celui qui est tombé amoureux et qui cherche partout le visage aimé, ou qui le reconnaît en toute chose, en tout visage mal-aimé. Sa prière peut n’être aucunement émotive, toutefois. Plus elle se purifie, plus alors elle dépasse l’émotion, l’image, la formule, la nécessité de sentir et de voir. Elle se réalise dans la foi la plus complète. C’est alors que la prière atteint son maximum d’efficacité et de puissance. C’est aussi à ce niveau qu’elle est d’une grande simplicité, si bien qu’elle ne se décrit plus, elle est devenue discrète comme le souffle léger du méditant.

On peut prier toujours, en pratiquant cette ouverture au présent, cet accueil de tout ce qui est, en se tenant dans la Présence Compatissante. La prière sait reconnaître la Présence dans la Transparence. Il lui suffit d’un regard, d’un signe du doigt, d’un soupir, d’un mot, d’un geste, d’une lueur. La flamme de la chandelle a cessé de bouger, le vent est tombé. Pendant que la cire se consume, il n’y a que pur acquiescement, offrande silencieuse, reconnaissance joyeuse, attente incandescente. La prière, c’est la cire qui se fond dans la lumière.

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