Une jeune femme "comme il faut" se devait alors de savoir recevoir, mettre les petits plats dans les grands pour les relations de son mari, organiser des dîners avec un joli décor de table.
A part les déjeuners de famille ou les grandes fêtes comme la Noël, je ne me souviens même plus quand avoir organisé un dîner chez moi ... J'aime bien cuisiner, certes, mais le décorum m'assomme. Aujourd'hui, j'aime les couleurs d'une belle toile basque (Jean Vier, naturellement) ou un tissage jacquard comme "Le Jacquard Français", coloré et résistant à la lessive. Ou alors, pour un tête à tête en amoureux avec mon mari.
Il ne faut pas oublier non plus que pour ces occasions, on devait mettre une sous-nappe en toile pastel ou blanche, pour faire ressortir les motifs.
J'achetais le tissu imprimé de préférence dans un magasin de la rue La Boëtie à Paris, "La broderie russe", car les ouvrages de la maison Noël étaient inabordables. Je commençais par les serviettes, histoire de roder le point, puis par les motifs du contour de la nappe, pour ne pas trop froisser le motif central, exécuté en dernier.
Il y fallait plusieurs mois, l'été en particulier.
Pur lin, brodé au point de tige, organdi de coton pour le point d'ombre, il fallait que l'envers soit aussi beau que l'endroit. Aucun noeud apparent, des coins de nappe en "onglet" ....C'est à ces détails que l'on distingue une broderie impeccable ....dont je serais bien incapable à présent. Il est vrai que je n'ai plus mes yeux à 10/10 de l'époque.
En tous cas, j'attends des enfants et petits-enfants pour ce midi, la table est déjà mise !