Quand Patrick Buisson bibonnerait Laurent Wauquiez

Publié le 20 mai 2012 par Juan
Laurent Wauquiez s'est distingué, depuis le printemps 2010, par de violentes saillies contre « l'assistanat » qualifié de « cancer social », et le RSA. A l'époque, la démarche pouvait surprendre pour quelqu'un qui voulait incarner, au sein du camp sarkozyste, la « droite sociale ».
Nous avions consacré un billet au personnage, le 29 décembre dernier, son évolution, ses bourdes, ses ambitions: « 2011, c'est un peu son année. Laurent Wauquiez s'est imposé parmi les premiers de la classe sarkozyenne. C'est un jeune gars qui compte. Le jeune ministre, et ancien porte-parole de Nicolas Sarkozy, a trouvé sa place sur la scène sarkofrançaise. » écrivions-nous.
Un court passage, pages 49 et 50 du récent ouvrage des journalistes Benjamin Sportouch et Jérôme Chapuis, « le naufragé », nous a éclairé. Les deux auteurs y évoquaient Patrick Buisson, « ce conseiller en transgression » de Nicolas Sarkozy, à qui certains imputent la défaite présidentielle, d'autres la sauvegarde du score final.
« En contrepoids du discours sécuritaire et anti-immigration porté par Claude Guéant, il cherche à développer une politique sociale de droite. Dès 2007, il prend sous son aile Laurent Wauquiez. Le ministre de l'Enseignement Supérieur a lui aussi des intérêts dans ce rapprochement rendu possible par son conseiller politique Nicolas Diat, ancien journaliste et proche de Patrick Buisson.
Du gagnant-gagnant, car le jeune ministre veut donner du contenu idéologique plus fort à son club, la Droite sociale, et en même temps se rapprocher de l'Elysée. La pâte du catholique conservateur apparaîtra nettement en mai 2011 quand Laurent Wauquiez alors ministre des Affaires européennes, s'attaque à l'assistanat, qu'il qualifia de 'cancer de la société'»

Et voilà ! Tout est dit. Laurent Wauquiez était « coaché » par Patrick Buisson. Dans le même ouvrage, on apprit que Valérie Pécresse fit plus tard en 2011 l'objet de quelques conseils de l'obscur Buisson.
Le conseiller politique de Nicolas Sarkozy biberonna Wauquiez un an durant, à coup de cancer social et autres procès « ès solidarité ».
Pendant la campagne présidentielle, Wauquiez compléta son argumentaire en suivant les consignes présidentielles de taper outrageusement sur le comportement de François Hollande, et de caricaturer ses propositions. On se rappelle de sa comparaison de Jean-Luc Mélenchon avec un virus, à la fin mars: « Pour les centristes, la réalité, c'est que voter Hollande c'est s'inoculer le virus Mélenchon. Autrement dit, vous pensez commander un rosé léger et on vous sert un gros rouge bouchonné ». Avec le recul, l'argument était insultant et faux.
Le jeune ministre fut à peine en retrait sur les dérapages identitaires et les diversions xénophobes du candidat sortant. En mai 2011, il avait déjà proposé cette idée de retarder le bénéfice des prestations sociales aux travailleurs étrangers cotisants. De la campagne ratée, il ne désavoua pas les saillies anti-migratoires de Sarkozy, bien au contraire. Son seul regret était que le sort des classes moyennes n'ait pas été suffisamment défendu par Nicolas Sarkozy pendant la campagne. « Le piège de l'analyse serait de se dire "nous avons eu des convictions trop fortes. Je ne crois pas à cela. Par contre, ce que je crois, c'est que nous n'aurions pas dû seulement parler sécurité et immigration, mais parler de tout le spectre.» Ou encore : « Mon sentiment, c'est que notre défaite n'est pas liée au fait d'avoir trop assumé nos convictions, mais de ne pas avoir suffisamment assumé tout le spectre de nos convictions. Je pense que l'on n'a pas suffisamment parlé des classes moyennes ».
L'ancien ministre de Nicolas Sarkozy s'espère encore un destin présidentiel pour 2017.Pour marquer sa différence, et sans doute contrer l'offensive éthique et sobre de la nouvelle présidence Hollande, il s'est distingué jeudi en renonçant aux 14.000 euros mensuels d'indemnités pendant 6 mois auxquelles il avait droit pendant 6 mois.