Il est d'étranges soirs où les fleurs ont une âme,Où dans l'air énervé flotte du repentir,Où sur la vague lente et lourde d'un soupirLe coeur le plus secret aux lèvres vient mourir.Il est d'étranges soirs, où les fleurs ont une âme,Et, ces soirs-là, je vais tendre comme une femme.Il est de clairs matins, de roses se coiffant,Où l'âme a des gaietés d'eaux vives dans les roches,Où le coeur est un ciel de Pâques plein de cloches,Où la chair est sans tache et l'esprit sans reproches.Il est de clairs matins, de roses se coiffant,Ces matins-là, je vais joyeux comme un enfant.Il est de mornes jours, où las de se connaîtreLe coeur, vieux de mille ans, s'assied sur son butin,Où le plus cher passé semble un décor déteint,Où s'agite un minable et vague cabotin.Il est de mornes jours las du poids de connaître,Et, ces jours-là, je vais courbé comme un ancêtre.Il est des nuits de doute, où l'angoisse vous tord,Où l'âme, au bout de la spirale descendue,Pâle et sur l'infini terrible suspendue,Sent le vent de l'abîme, et recule éperdue !Il est des nuits de doute, où l'angoisse vous tord,Et, ces nuits-là, je suis dans l'ombre comme un mort.(Au jardin de l'Infante) Albert Samain (1855 - 1900)Tableau : Les Mouettes de Nicolas de StaëlDimanche poétique ICI
Il est d'étranges soirs où les fleurs ont une âme,Où dans l'air énervé flotte du repentir,Où sur la vague lente et lourde d'un soupirLe coeur le plus secret aux lèvres vient mourir.Il est d'étranges soirs, où les fleurs ont une âme,Et, ces soirs-là, je vais tendre comme une femme.Il est de clairs matins, de roses se coiffant,Où l'âme a des gaietés d'eaux vives dans les roches,Où le coeur est un ciel de Pâques plein de cloches,Où la chair est sans tache et l'esprit sans reproches.Il est de clairs matins, de roses se coiffant,Ces matins-là, je vais joyeux comme un enfant.Il est de mornes jours, où las de se connaîtreLe coeur, vieux de mille ans, s'assied sur son butin,Où le plus cher passé semble un décor déteint,Où s'agite un minable et vague cabotin.Il est de mornes jours las du poids de connaître,Et, ces jours-là, je vais courbé comme un ancêtre.Il est des nuits de doute, où l'angoisse vous tord,Où l'âme, au bout de la spirale descendue,Pâle et sur l'infini terrible suspendue,Sent le vent de l'abîme, et recule éperdue !Il est des nuits de doute, où l'angoisse vous tord,Et, ces nuits-là, je suis dans l'ombre comme un mort.(Au jardin de l'Infante) Albert Samain (1855 - 1900)Tableau : Les Mouettes de Nicolas de StaëlDimanche poétique ICI