Chapitre I
Il est 12h30 heure locale, 27 degrés dehors. Le Boeing 737 vient de se poser sur la piste de l’aéroport international Ivato d’Antananarivo. Le vol depuis Saint-Denis de la Réunion n’aura donc duré qu’1h30. Une broutille comparée aux 12 heures passées entre Paris et La Réunion. Mais suffisant pour contempler l’immensité de l’océan, et la beauté de la côte Est malgache.
Le visa était déjà prêt depuis Bruxelles, idéal pour éviter la longue file aux douanes. Rien à déclarer. Soudain, une voix; “Veuillez ouvrir votre sac, Monsieur!” s’exclame un vigile. La bienvenue au pays ne se lisait pas sur son visage.
J’ai une fâcheuse manie de ne jamais savoir où je mets mes clés. En cafouillant quelque peu devant l’agent, j’obtempère et ouvre mon sac. Fièrement, je précise: “ce ne sont que des vêtements”. C’est bon, la première difficulté du jour était derrière nous.
3 mètres plus loin, je m’apprête à découvrir le hall de cet aéroport. Je pousse un caddy relativement chargé, avec deux sacs de voyage et quelques affaires à côté. La sensation qu’on peut avoir de l’entrée d’un aéroport est souvent primordiale pour la suite du séjour. Il offre une idée légèrement surfaite (lire ici: “plus commercial, plus vendeur”) du pays visité, mais vous fait vite plonger dans la réalité du terrain, dès qu’on approche des taxis.
C’est en tout cas ce à quoi je m’attendais en franchissant le portillon.
Oubliez tout ceci.
Je n’ai littéralement rien vu de l’aérogare. En quelques secondes, cinq individus me sont tombés dessus. Qui sont-ils? Que veulent-ils? (léger stress…)
Deux d’entre eux, particulièrement pressants, s’imposent et se mettent à pousser le caddy vers la sortie. Je tente de refuser, je me place devant le chariot. Difficile de les arrêter. Dans ma tête, tout se bousculait aussi. 10.000 souvenirs me reviennent, en particulier, ma descente d’avion à l’aéroport de Santiago du Chili, où deux faux taximen tentaient de m’emmener de force dans leur véhicule… J’avais pu éviter le pire cette fois-là. L’insistance des malgaches autour de moi avait à nouveau mis tous mes sens en alerte.
Vu la horde qui se bousculait pour nous “aider”, il fallait rapidement trouver notre chauffeur. J’entendais mon nom, au loin. Monsieur Djoltane. – Oui, c’est moi! (à peu de choses près)… Me voilà rassuré.
Le taxi était garé juste devant. Une Volkswagen Vento. Une antiquité chez nous, un modèle de luxe au Madagascar! Qu’on se le dise…
La découverte d’Antananarivo pouvait commencer.
Pour des raisons pratiques de lecture (et d’habitudes régionales aussi), je mentionnerai Tana pour parler d’Antananarivo. Bien plus simple, non?
La route entre l’aéroport et le centre-ville nous fait tour à tour passer près des ambassades turque et américaine, deux immenses bâtiments ultra-protégés par des dizaines de caméras et des militaires bien visibles. En face, et tout le long de la route, se bousculent des centaines de bicoques, gargotes, et petites cabanes en semi-dur abritant tout type de commerce.
Des milliers de personnes grouillent sur la route principale. Elles sont généralement à pied, mais on croise ici et là, entre les taxis jaunes clairs et les 4×4, des chariots tirés par un ou deux zébus. Parfois, c’est un homme qui remplace le zébu. Curieux panorama humain. J’ai un sentiment partagé entre haine et révolte. Certains vivent comme des rois ici. Au dépend d’autres qui tentent seulement de survivre. Le contraste est frappant.
Quelques kilomètres de rizières plus loin, on entre dans le cœur de la ville. Les images sont désolantes. En 10 minutes de trajet, j’ai pu faire un premier constat: je me trouve dans la capitale la plus pauvre que je n’ai jamais eu l’occasion de voir. La saleté et les odeurs arpentent les rues. L’insécurité est logiquement présente aussi. Surtout pour nous, les vasaha, les blancs. Pas question de sortir l’appareil photo pour immortaliser cet environnement. Des mains baladeuses peuvent se perdre jusque dans le taxi. Nous voilà prévenus!
J’ai néanmoins pu immortaliser cette séquence vidéo dans un taxi, quelques jours plus tard.
Autant le dire tout de suite, nous n’avons pas du tout visité Tana. L’arrachage de sac et d’objets de valeurs étant légion, nous avions reçu la consigne de toujours prendre un taxi pour tout déplacement dans la ville. Malgré certaines constructions originales, comme le palais de la Reine, le palais du Roi, et le stade municipal, il est de bon ton de ne pas exhiber ses richesses… On abandonne l’idée de nous balader dans les hauteurs. Dommage, mais notre sécurité primait sur tout le reste.
Le Café de la Gare (cafedelagare.mg) est le seul endroit où nous sortions, pour bien manger et profiter du WiFi gratuit. On y retrouve beaucoup d’autres expats vivant à Tana. Un café style colonial, situé près des quais (tout à fait, oui!), et joliment décoré. Le wagon garé à l’extérieur fait office de toilettes design!La cuisine fine est très variée. J’ai donc mangé du zébu, pour la première fois de ma vie
– le tout accompagné d’une THB, la bière locale par excellence.J’ai une remarque à faire au sujet des bouteilles de 65cl de THB (Three Horses Beer); 65cl, ce n’est pas assez pour deux et c’est trop pour une seule personne!
Je me suis fait avoir à chaque fois!!!! Nous quittions la table en y laissant au minimum, deux bouteilles vides… :p
Comme nous l’avions prévu, Tana restera une étape, et nous permettra de partir vers le Sud de l’île dans la première partie de notre voyage, puis de rejoindre notre chauffeur, au milieu de notre séjour, pour attaquer le nord.
Un programme que je vous raconterai en détail dans les prochains chapitres! Stay tuned…
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