Magazine Politique
Quel triste spectacle que celui du débat des deux derniers jours à l’Assemblée Nationale du Québec. Je l’ai suivi religieusement afin de bien comprendre l’argumentation de chacun des intervenants sur la nouvelle loi 78 proposée par le gouvernement, pour rétablir la paix sociale et assurer que l’accès à l’enseignement collégiale et universitaire ne soit pas entravé par qui que ce soit.
Nous voilà rendus à un point tournant important dans notre société. Les étudiants n’ont cessé de manifester sans contrôle, de façon désordonnée et souventes fois violente pour contrer la hausse des frais de scolarité proposée par le gouvernement. Je me suis opposé à la hausse, par deux billets de mon blog, et je comprenais la réaction estudiantine lors des premières manifestations, dont celle qui a réuni plus de 100 000 individus. Mais depuis, trois mois ont passé, les manifestations se sont perpétuées et, jour après jour, elles ont créé des problèmes majeurs pour un grand nombre d’étudiants qui ont été empêchés d’aller à leurs cours et pour la qualité de vie des Québécois, particulièrement des Montréalais, qui ont vu leur qualité de vie affectée. Tout serait terminé depuis quelques semaines, si les étudiants avaient respecté l’entente que leurs chefs ont signée avec le gouvernement en présence des représentants des collèges, des universités et des syndicats. Malheureusement, ils la renièrent et le problème persiste.
Le débat d’hier combiné aux réactions hors de l’enceinte du parlement m’ont démontré, encore une fois, que la go-gauche québécoise ne veut rien savoir. Tout ce qui compte pour elle, c’est de renverser Jean Charest et son gouvernement. Son malheur, c’est qu’elle vient d’assurer sa réélection. Alors que normalement la longévité d’un gouvernement au pouvoir renforce la notion « il est temps que ça change ! », d’autant plus, qu’à ce moment-ci, elle était encore plus forte à cause des problèmes de corruption dévoilés au grand jour par la police, voilà que la go-gauche a donné l’opportunité au premier ministre de passer une loi qui est bien acceptée par près de 65% des électeurs. Non seulement a-t-elle encouragé les étudiants à maintenir leur entêtement et à mettre en péril leur semestre, mais elle a permis à Charest de se montrer, haut et fort, comme le défenseur de la loi, de l’ordre et du droit à l’éducation pour les jeunes de notre nation. De plus, la go-gauche s’est opposée, pour toutes sortes de raisons plus farfelues les unes que les autres, à l’adoption de loi 78, au moment où les Québécois en ont « plein le casque » des manifestations.
Et que dire de Pauline Marois, la cheffe de l’opposition officielle et du Parti Québécois. Elle a décidé que son parti s’opposerait à la loi proposée. Au lieu de prendre ses responsabilités envers l’État de droit qu’est le Québec et appuyer le droit à l’éducation qui est à la base de la nouvelle loi, elle a choisi d’être du côté de ceux qui engendrent le désordre. Pourquoi ? On n’avait qu’à l’écouter hier ainsi que ses principaux adjoints pour comprendre qu’ils n’étaient motivés que par des raisons partisanes. Elle a même défendu le député qui a proposé d’analyser la possibilité d’une désobéissance civile en invoquant les exemples de Gandhi et de Martin Luther King, comme si le conflit étudiant du Québec avait quelque chose à voir avec les révolutions indiennes et des noirs américains. Au lieu d’appuyer le gouvernement et assurer un vote unanime, ce qui aurait de facto mis fin au conflit, Marois a attisé davantage le feu en prétextant que le désordre démontre qu’il y a un profond problème social au Québec. Les histoires de croque-mitaines qu’elle a racontées mettent en évidence qu’elle n’est pas à la hauteur des vrais enjeux de notre nation.
Ce matin, la Fédération autonome des enseignants, une nouvelle organisation syndicale québécoise de la CSQ et membre de la go-gauche, a publié une pleine page intitulé « la honte a un visage » dans les journaux pour dénoncer injustement et malicieusement Jean Charest. C’est son droit, mais elle démontre justement mon point de vue. La go-gauche n’est pas le vrai Québec. Elle a son objectif et fait tout pour l’atteindre. Elle oublie que les Québécois ont toujours montré de la pondération pour justifier leurs opinions, qu’ils refusent d’être bafoués par les extrêmes, qu’il ne sont pas impressionnés par la publicité injustement enflammée et qu’ils n’ont pas les jambes tremblantes. Ils ne sont pas de faux indignés mais des gens de gros bon sens.
La go-gauche veut partager les Québécois sur la partition gauche-droite. Les Québécois ont toujours refusé un tel clivage. Ils jugent leurs partis politiques et leurs politiciens sur la base de ce que ces derniers proposent pour faire avancer la qualité de vie de leur famille et de leur nation. Ils ne sont ni bleus, ni rouges, ni verts. Ils sont flexibles et honnêtement ouverts à tous les points de vue. Ils votent d’un côté ou l’autre, dépendant des circonstances, puisqu’ils ne sont pas pris dans un carcan idéologique. Le passé l’a amplement démontré puisqu’ils ont accordé des majorités écrasantes à l’Union Nationale, au parti Libéral, au parti Québécois, au Parti Progressiste-Conservateur et au NPD. La go-gauche se trompe en n’étant pas impartiale puisque le terreau québécois n’est pas compatible avec une telle approche.
La loi 78 est appuyée par la majorité des Québécois et Québécoises. Il est temps que le feu de discorde soit éteint.
Claude Dupras