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2ème semaine de la France d'Après: passations, critiques et trahisons.

Publié le 19 mai 2012 par Letombe
2ème semaine de la France d'Après: passations, critiques et trahisons. François Hollande investi, Nicolas Sarkozy est parti, très vite. D'abord faire un footing dans le Bois de Boulogne, puis pour Marrakech, où il a prévu de se reposer une quinzaine de jours.


Le couple Sarkozy descendant le perron de l'Elysée pour la dernière fois fut le dernier cliché de ce mandat achevé. A droite, la riposte s'organisait mal contre les premiers pas de François Hollande. L'investiture fut sobre, trop sobre pour un sarkozyste. Le gouvernement constitué dès mercredi était classique et diverse, féminin et complet. Bizarrement, les anciens sarkozystes semblaient exiger du nouveau pouvoir davantage d'éthique et de responsabilité que leur ancien Monarque n'avait imposé ni respecté ces 5 années passées.
Lundi, contre François Hollande, la mauvaise foi n'avait pas de limites. Il n'était pas encore investi, le gouvernement n'était pas formé, que le voici accusé d'avoir déjà renoncé à trois promesses par l'UMP: le candidat socialiste avait promis de bloquer trois mois durant, les prix de l'essence si ceux-ci continuaient de flamber. Mais ils baissent depuis quelques semaines. Il s'est quand même trouvé quelques sarkozystes pour dénoncer l'absence de blocage ! On accusa aussi Hollande d'avoir renoncé à plafonner le salaire des patrons d'entreprises publiques. Il n'avait pourtant rien dit.
Mardi, la cérémonie d'investiture fut évidemment raillée par les anciens proches de Nicolas Sarkozy. Pour Copé, Hollande n'aurait choisi que des symboles de gauche pour sa première journée, de son discours à son hommage à Marie Curie et Jules Ferry. Fichtre ! Les Français apprécieront. Le clan sarkozyste hurla beaucoup contre ... l'inélégance prétendue de François Hollande à l'encontre de son prédécesseur. Le nouveau président n'avait pas descendu les marches de l'Elysée et raccompagner Nicolas Sarkozy jusqu'à sa voiture. Quel sacrilège ! L'ancien Monarque méritait mieux ! Pire, il fut le seul des anciens présidents de la Vème République pour qui François Hollande ne fit pas hommage à son action mais à son départ. Quel affront ! Le discours d'investiture fut un portrait inversé de la Sarkofrance. Hollande s'engageait à faire vivre les Français ensemble. Etait-ce si difficile à entendre ? Si clivant ? 
Qu'espéraient donc ces anciens soutiers de Sarkofrance ? La récente campagne a laissé des traces. Les outrances contre Hollande, directement dirigées depuis le cabinet de Sarkozy, ont davantage porté sur le physique et le caractère de Hollande que sur ses 60 propositions. Les boules puantes ont été nombreuses, et jusqu'à la dernière minute.
Hollande défila sur les Champs Elysées sous des trombes d'eaux. Le soir, son avion prit la foudre en route pour Berlin. Il s'en amusa en arrivant à bon port. La première rencontre avec Merkel fut cordiale. La chancelière reconnut le besoin de croissance, mais tout commençait.  A droite, on critiqua que la renégociation du traité européen n'ait pas réussie. Sarkozy les avait habitué à des cris de victoire quasiment quotidiens même quand rien n'avait été accompli...
A Paris, les sarkozystes raillaient encore la nomination de Jean-Marc Ayrault, annoncée quelques heures plus tôt. Qu'avait-il donc commis de si grave ? Une condamnation en 1997 pour favoritisme pour une affaire d'administration municipale sans intérêt, comme la qualifia François Bayrou. On se souvenait qu'en 2007, Nicolas Sarkozy n'avait eut aucune précaution ni gêne à recruter des André Santini ou Alain Juppé, pourtant lourdement condamnés.
Mercredi, il fallut attendre le début de la soirée pour connaître la composition du gouvernement. Martine Aubry avait renoncé à y participer. Elle restera à Lille. A droite, on jasait sur cette discorde interne. Quelle affaire ! Le soir, les noms de 34 ministres, dont 17 femmes, étaient enfin connus. Un gouvernement rafraichissant, paritaire, divers, et simple. A droite, il se trouva des grincheux pour pleurnicher. On critiqua la « pléthore », oubliant les 30 à 34 ministres UMP des gouvernements Fillon depuis 2008. D'autres UMPistes dénoncèrent « l'anti-France ». Ce gouvernement était trop diverse pour eux. Un député de la Droite Populaire avait « mal à la France ». Nadine Morano, sur RTL, fustigea Najat Vallaud-Belkacem dont la nomination n'était pas, selon elle, « un très bon signe qualitatif pour les femmes ». Vous avez bien lu: Morano évoqua un signe « qualitatif »... La nouvelle Garde des Sceaux Christiane Taubira fut également l'objet des critiques les plus ignobles.
Nicolas et Carla Sarkozy, eux, étaient partis se reposer à Marrakech. Un magazine marocain révélait qu' « un superbe palais faisant partie du projet immobilier de luxe Amelkis à Marrakech, aurait été offert à un célèbre chef d’Etat européen » par un riche homme d’affaires des Emirats Arabes Unis. Nicolas Sarkozy serait-il resté reprochable jusqu'au bout ?
Jeudi, malgré l'Ascension, premier conseil des ministres. Ces derniers durent signer une charte de déontologie, une quinzaine d'engagements qui n'auraient pas plu en Sarkofrance: déplacements en train pour les trajets de moins de trois heures; respect du code de la route; de la solidarité gouvernementale; consultation/concertation autant que faire se peut; renonciation aux cadeau, à « toute participation à un organisme, même à but non lucratif, dont l'activité intéresse leur ministère »; etc. La liste était déjà longue. Sous Nicolas Sarkozy, on ne comptait plus les ministres, jusqu'au premier d'entre eux, en infraction avec cette charte (Blanc, Santini, Kouchner, Joyandet, Fillon, etc) qui, pourtant, existait en grande partie sous la précédente mandature
Autre mesure immédiate, les émoluments des ministres furent réduites de 30%. Réplique sarkozyste immédiate: comme il y a davantage de ministres que pour le 1er gouvernement Fillon, l'addition était finalement plus élevée. Quelle critique... Fallait-il rappeler que Sarkozy augmenta le nombre de ministres dès 2008 ?
Quel débat...
Les passations furent paisibles, rarement tendues. Eric Besson avait disparu. Il n'était pas là pour rendre les clés de son ministère. 
Les différents ministres avaient urgence à agir. Les ouvrières de Lejaby se rappelaient au bon souvenir de quelques promesses non tenues du précédent Monarque. Manuel Valls (Intérieur) devait rassurer policiers et gendarmes épuisés par l'inefficace politique du chiffre et la diminution de leurs moyens et effectifs. Vincent Peillon (Education) avait une difficile rentrée scolaire à gérer dans quelques mois.
L'UMP se cherchait son chef de guerre, puisqu'elle voulait tacler Hollande en chef de clan. Le président avait pourtant autre chose à faire. Vendredi, il partait pour Washington, G8 oblige. Et à Paris, on s'interrogeait: pour combien de temps encore Jean-François Copé sera-t-il à la tête de l'UMP ? 
On se souvient qu'il avait été placé là par Nicolas Sarkozy lui-même, à l'automne 2010. Sans élection ni suffrage. Secrétaire désigné, Copé s'agaçait qu'on lui parle de primaires pour le scrutin d'après, en 2017. Les anciens gaullistes Fillon et Juppé s'y montraient favorables, surtout après la réussite des primaires socialistes. Mardi, Nathalie Kosciusko-Morizet dut démentir une fuite du Figaro: non, elle ne s'était pas encore déclarée à la candidature présidentielle pour 2017. Rachida Dati renonçait à se présenter contre Fillon à Paris, que Roselyne Bachelot soutenait pour la ... présidentielle de 2017! Tous attendaient l'issue des élections législatives pour régler leurs comptes.
C'était bien légitime.
Ami sarkozyste, patiente un peu.
Et apprend ce qu'est la véritable vigilance.


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