Lire peut changer le comportement

Par Poesiemuziketc @poesiemuziketc

Source : LaPresse.ca 08/05/2012


La lecture a de nombreux bienfaits, notamment au chapitre de l’acquisition des connaissances, de l’apprentissage de la langue ou encore de la simple détente, mais des chercheurs ont découvert qu’elle pouvait aussi avoir une influence positive sur le comportement.

Des chercheurs de l’Université Ohio State, à Columbus, ont découvert que les lecteurs qui se perdent littéralement dans le monde d’un personnage fictif peuvent aller jusqu’à changer leur propre comportement et leur façon de penser pour s’approcher du personnage en question.

La recherche se penchait sur les implications pour des lecteurs de vivre les émotions, les pensées, les croyances et les réactions d’un personnage comme si elles étaient les leurs, un phénomène que les chercheurs ont surnommé la «prise d’expérience» (experience-taking).

Ils ont découvert que la prise d’expérience pouvait mener à des changements réels, bien que parfois temporaires, dans la vie des lecteurs.

Dans une expérience, par exemple, les personnes qui s’identifiaient fortement à un personnage ayant dû surmonter plusieurs obstacles pour aller voter étaient beaucoup plus susceptibles d’aller voter dans une élection réelle plusieurs jours plus tard.

Une autre expérience a démontré que les personnes qui avaient réalisé une prise d’expérience alors qu’elles lisaient une histoire impliquant un personnage d’une ethnie ou d’une orientation sexuelle différente démontraient ensuite une attitude plus favorable face à l’autre groupe et étaient moins suceptibles de les stéréotyper.

La prise d’expérience n’est cependant pas garantie. Elle ne peut survenir que lorsque le lecteur ou la lectrice est capable de s’oublier en lisant. Par exemple, la plupart des sujets étaient incapables d’y arriver s’ils lisaient dans un cubicule avec un miroir.

D’autres phénomènes ont également été constatés; ainsi, la version d’une même histoire écrite à la première personne du singulier (utilisant la narration au «je») et impliquant un personnage issu du même milieu que le lecteur avaient beaucoup plus d’impact que celles écrites à la troisième personne du singulier (narration avec il/elle) ou mettant en scène un personage provenant d’un milieu différent.

Une autre expérience a démontré que, dans le cas d’un personne d’origine ethnique ou d’orientation sexuelle différente de celle du lecteur, la prise d’expérience était beaucoup plus élevée lorsque la différence du personnage était révélée tard dans l’histoire. En d’autres termes, il était plus difficle de s’identifier à un personnage différent de soi lorsqu’on savait dès le départ que cette différence existait.

Les travaux du groupe de chercheurs sont publiés dans le Journal of Personality and Social Psychology.