En haut du pont

Publié le 19 mai 2012 par Didier Vincent

Cliffhanger

 

L'urbex - exploration urbaine - est souvent cryptique, cavernicole, nocturne, métroïde par chez nous. C'est une déambulation illégale et furtive dans des zones abandonnées, interdites, inaccessibles : prisons désaffectées, monuments en réfection, fermes isolées, couloirs de mines. C'est un réseau exploratoire qui a ses sites, ses addicts et même ses boutiques de matériel spécialisé : escalade, spéléo, vision nocture, photo. L'urbex, c'est l'urbain dans ce qu'il a d'inédit, de sauvage, de mystérieux ; une aventure dans la jungle des villes et son côté Splinter Cell fascinant.

En Russie, c'est l'inverse. On monte, on grimpe, on escalade, on tutoie le vide. Les ponts suspendus, les grues, les immeubles sont des terrains d'altitude propices à une exhibition narcissique mortifère. On ne compte plus les photos d'ados russes, sans aucun équipement, aucune préparation qui batifolent sur les sommets des friches industrielles, des flèches des églises, les piles des ponts. La vodka aide, souvent, à démultiplier l'ivresse, en rajoutant quelques excentricités. "Tu as vu comment je me penche dans le vide ?". Le somment de la hype est de prendre un air détaché, lointain, comme indifférent.

La diffusion dans les réseaux sociaux est la clé de voûte - si on peut dire - de ces exploits juvéniles.