J‘ai utilisé ce terme hier pour qualifier l’état d’esprit de nombreux de nos concitoyens, absents des urnes par désillusion. La participation autour de 65% seulement ne peut effectivement laisser indifférent. En même temps assez paradoxalement les Français nous disent à 87% que leur vote était essentiellement déterminé par des soucis locaux ajoutant à 39% qu’ils souhaitent une poursuite des réformes par l’exécutif et à un rythme soutenu.
Avouons que ce hiatus entre des résulatats et des attentes est d’interprétation délicate.
Je crois que cette apparente discordance s’explique en fait simplement.
Les Français sont préoccupés de l’avenir et ce n’est pas nouveau, ils sont ouverts à toutes les “propositions” qui pourraient effectivement améliorer leur quotidien. Sarkozy a pu l’an dernier incarner cet espoir. Les résultats sensibles ne pouvant être perceptibles en 10 mois, l’mage “déprésidentialisée” du nouveau président, sont les premiers éléments du “blues”. Ils auront été particulièrement resentis au sein d’un électorat sénior des plus de 60 ans plus sensible à ce brouillage “d’image classique” opéré par Sarkozy dans sa première année d’exercice. Mais il y a plus.
Les Français estiment aujourd’hui avoir découvert la véritable personnalité de Nicolas Sarkozy, alors que celle qu’ils connaissaient pendant la campagne présidentielle est maintenant considérée comme un « style de circonstance » pour gagner l’élection. Et ce sentiment est certainement plus grave car plus difficile à endiguer une fois installé. Enfin pour ce qui concerne l’UMP et le Président la multiplicité des dossiers ouverts avec souvent des présentations brouillonnes et mal préparées n’ont fait qu’ajouter au désarroi : Un dossier par jour, les brouillages sur la laïcité, “tire toi connard” c’est trop ! Y a -t-il un “vrai cap” ? Ou va-t-on ?… Anxiogène.
La non perception d’une alternance crédible est une autre composante du “blues”. Il n’existe pas véritablement une confiance accordée à la gauche sur les grands enjeux Nationaux de réformes souhaitées par les Français, que ce soit le pouvoir d’achat, les retraites, l’insécurité ou le chômage.
Ce sentiment de vacuité est également anxiogène. Si la gauche veut sortir de son cycle infernal “gagner les élections locales et intermédiaires et perdre l’élection présidentielle” il va falloir un effort terrible de cohérence. Le problème du PS n’est pas uniquement un problème de rivalités internes au parti. Plus de 50 % des sympathisants de gauche se déclarent du centre gauche ou du centre. Ainsi l’objectif du Parti socialiste est moins un travail de réunification interne, qu’un travail de fédération autour de quelques valeurs fortes pour l’avenir. Cette clarté de l’objectif est loin d’être acquise et admise. François Rebsamen, hier soir sur France 2 à la question que manque-til maintant au PS, pouvait sans rire déclarer : “Moins d’individualisme, réapprendre à travailler ensemble, et … un projet” ! C’est beaucoup et la route risque d’être longue et semée d’embuches, mais ce sont exactement les questions que se posent nos concitoyens : “Que veulent-ils et qui incarne sans ambiguïté ce désir ?”
Ainsi ces élections municipales ont été les élections du désarroi. Les Français, au printemps dernier, ont espéré que l’action politique pourrait enfin porter ses fruits, ils sont en train d’en perdre la certitude. C’est aujourd’hui le scepticisme qui domine, sans qu’ils aperçoivent d’alternative crédible à leurs yeux.
Un dernier mot qui nécessitera quelques développements ultérieurs : la demande de plus de “justice” dans tous les domaines et en particulier dans les efforts à consentir pour le redressement est très présente, c’est le tendon d’achille de l’UMP. Nos concitoyens, coincés entre un PS, parti néo-conservateur et une UMP réputée favoriser les mieux lotis, comment voulez-vous qu’ils n’aient pas le blues?