Cannes 2012: REALITY, de MATTEO GARRONE

Publié le 19 mai 2012 par Abelcarballinho @FrancofoliesFLE

REALITY, de MATTEO GARRONE.Italie, France

Synopsis

Au coeur de Naples, Luciano est un chef de famille exubérant qui exerce ses talents de bonimenteur et de comique devant les clients de sa poissonnerie et sa nombreuse tribu.
Un jour, poussé par ses enfants, il participe sans trop y croire au casting d’une émission de télé-réalité.
Dès cet instant, sa vie entière bascule, déformée par le prisme de la téléréalité : Plus rien ne compte désormais, ni sa famille, ni ses amis, ni son travail ni même la petite arnaque imaginée par Maria, son épouse, qui améliorait un peu leur ordinaire.
Le rêve de devenir une personnalité médiatique modifie radicalement son destin et celui de tout son entourage.

Matteo GARRONE

Crédits

  • Matteo GARRONE - Réalisation
  • Maurizio BRAUCCI - Scénario & Dialogues
  • Ugo CHITI - Scénario & Dialogues
  • Matteo GARRONE - Scénario & Dialogues
  • Massimo GAUDIOSO - Scénario & Dialogues
  • Marco ONORATO - Images
  • Paolo BONFINI - Décors
  • Alexandre DESPLAT - Musique
  • Marco SPOLETINI - Montage

Acteurs

  • Aniello ARENA - Luciano
  • Loredana SIMIOLI - Maria
  • Nando PAONE - Michele
  • Raffele FERRANTE - Enzo
Equipe du film © FIF/CB

En six longs-métrages, le réalisateur de Gomorra s’est forgé un style qui fait écho aux plus belles heures du néoréalisme italien.

Rares ont été les observateurs du cinéma à ne pas avoir vu en Gomorra, Grand Prix du Jury en 2008, l’esquisse d’une version moderne du néoréalisme italien. Popularisé dans l’Italie d’après-guerre par Rosselini, Visconti ou De Sica, ce courant cinématographique est né avec la volonté de donner la priorité à une représentation de la réalité plutôt qu’aux structures dramatiques pour créer l’ambiance d’un film.

Gomorra venait confirmer, après Limbalsamatore (2002) et Primo Amore (2004), toute l’habileté de Matteo Garrone à s’inscrire dans cet héritage et à narrer, dans un style proche du documentaire, les authentiques tranches de vies d’une société italienne contemporaine en crise. Matteo Garrone le confesse volontiers : les racines de son cinéma s’imprègnent "inconsciemment" de l’esprit critique et des codes esthétiques du néoréalisme, le réalisateur leur associant des plans serrés et un montage parfois abrupt, touche plus moderne et personnelle.

Garrone se plaît à filmer le monde sans effets de style, mais non sans pointer du doigt ses dérives. Dans Reality, comédie satirique sur le rapport obsessionnel qu’entretien la télévision de son pays avec la téléréalité, la critique vient s’insérer entre les lignes. "Le reality show n’est qu’un prétexte pour faire un voyage contemporain. C’est une fable sur la télévision", précise Garrone.

En digne héritier du mouvement néoréaliste, la méthode de travail de Matteo Garrone s’est en partie forgée dans le respect de ses préceptes. Le son est capté en prise directe. Le tournage s’effectue essentiellement caméra à l’épaule et dans l’environnement réel des personnages, auxquels le cinéaste cherche à apporter la plus grande sincérité possible en fouillant le moindre détail.

Le raisonnement du cinéaste se prolonge au-delà des principes fondamentaux du néoréalisme. Rossellini disait ressentir instinctivement le cinéma "comme un moyen d'affronter la vie réelle". Pour Matteo Garrone, il n’est plus seulement un outil pour décrire le réel ou lui faire face, mais l’un des éléments constitutifs de la réalité. "Ce n'est pas le cinéma qui se calque sur la réalité, mais la réalité qui se calque sur le cinéma", souligne-t-il.

BP