Michèle Delaunay maintient sa candidature sur la deuxième circonscription de la Gironde et choisit Vincent Feltesse comme suppléant.
Décidément, on ne s’ennuie pas dans cette deuxième circonscription de la Gironde. Après l’élection surprise de Michèle Delaunay en 2007, l’annonce de la non candidature d’Alain Juppé au lendemain du second tour de la présidentielle, l’arrivée à sa place du secrétaire départemental du l’UMP Nicolas Florian, puis la nomination de Michèle Delaunay au poste de ministre déléguée aux personnes âgées et à la dépendance… après tous ces événements, un nouveau rebondissement est venu animer les dernières heures du dépôt officiel des candidatures. Ce rebondissement s’appelle Vincent Feltesse, (auto ?)propulsé suppléant de la candidate-ministre. Et donc potentiellement député, en cas de victoire les 10 et 17 juin prochains.
Car Michèle Delaunay sera bien candidate à sa réélection. Si elle perd, elle perdra aussi son ministère. En cas de victoire, elle quittera son mandat de conseillère générale (pour éviter le cumul des mandats) et cèdera son siège de députée à son suppléant le temps d’exercer ses fonctions de ministre. Compte tenu des résultats enregistrés par la gauche sur cette circonscription à la présidentielle, ce deuxième scénario est crédible. Le poste de suppléant a donc de fortes chances de se transformer en « cdd » de député, comme elle dit. Un statut précaire, certes, mais Vincent Feltesse s’en accommode.
Emmanuelle Ajon doit céder sa place
La place était prise, pourtant. Michèle Delaunay avait reconduit sa suppléante actuelle, Emmanuelle Ajon, conseillère municipale PS de Bordeaux. Le tandem n’était pas déclaré en préfecture, mais c’est son nom à elle qui figurait déjà sur les affiches de campagne placardées dans la permanence. Là même où s’est tenue la conférence de presse annonçant le changement de casting de dernière minute dont elle fait directement les frais. « Avec une très grande classe, elle a accepté ce retrait », a souligné Michèle Delaunay, avant d’ajouter « je veux qu’on mesure ce que ça représente pour elle ». De fait, on le percevait clairement dans les yeux d’Emmanuelle Ajon, assise à ses côtés.
Le Palais Rohan en ligne de mire ?
Mais voilà, l’enchaînement des événements récents a conduit le maire de Blanquefort et président de la CUB à se positionner à son tour. « Dès mercredi soir (après l’annonce de la composition du gouvernement, ndlr), Vincent Feltesse m’a proposé d’être mon suppléant », explique Michèle Delaunay. Dans un « soucis de complémentarité », il lui a proposé d’occuper – en cas de victoire - son siège laissé vacant à l’assemblée, apportant ainsi un « ancrage territorial » susceptible de faire avancer les dossiers bordelais et ceux de l’agglomération. « A l’issue du premier conseil des ministres, j’ai soumis cette hypothèse au Premier Ministre, dit Michèle Delaunay. Il m’a dit qu’il trouvait que c’était une idée brillante et m’a conseillé de le faire ». Vincent Feltesse, réputé proche de François Hollande et qui a piloté la campagne numérique du candidat PS à la présidentielle, faisait partie d’une liste large de personnalités qui étaient jugées susceptibles d’occuper des responsabilités au sein du nouveau gouvernement. Ce ne fut finalement pas le cas. Mais la nomination de Michèle Delaunay a ouvert pour lui une fenêtre intéressante : un siège à l’Assemblée pour exister nationalement, et une vue plongeante sur la mairie de Bordeaux. Car c'est bien de cette éventualité qu'il s'agit en arrière plan, même si rien n'est dit aujourd'hui sur une candidature à Bordeaux lors des prochaines municipales.
« Nous n’avons aucune stratégie, nous voulons travailler pour Bordeaux » affirme Michèle Delaunay, qui avoue avoir eu des réserves quant à la proposition de Vincent Feltesse, craignant « que cela fasse « coup » ». Il y a des chances en effet que ce soit comme ça que le perçoive Alain Juppé. Et on peut parier que les relations droite/gauche à la CUB risquent de se tendre sérieusement dans les semaines à venir si Vincent Feltesse, déjà président de la CUB, s'assied aussi dans le siège du député de Bordeaux centre.
Sophie Lemaire
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