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[critique] Never let me go : amère uchronie

Publié le 18 mai 2012 par Vance @Great_Wenceslas

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3,7/5

Ce très joli film adapté d'un best-seller britannique (l’auteur est d’origine japonaise) m’intéressait depuis un petit moment déjà, grâce à quelques articles de blogs admiratifs où transparaissaient beaucoup d’émotion et de ferveur et un bouche à oreilles flatteur – deux critères qui se sont avérés depuis plusieurs années nettement plus décisifs que les critiques presse formatées. 88e (sur 301 films enregistrés) dans le classement 2011 du Palmarès, il avait séduit nombre de blogueuses (Cachou, Cécile) et quelques cinéphiles émérites (Phil, Ffred et Jérémy). Il n’en fallait pas davantage pour me pousser à le visionner.

Ce qui étonne dans ce film, c’est que l’argument-clef, qui le fait s’ancrer incontestablement quoique discrètement dans la SF, ne sert que de pivot à une histoire foncièrement réaliste, baignée dans une atmosphère douce-amère (certains diraient « fin de siècle » mais on est plus proche de « fin du monde ») empreinte de nostalgie et ponctuée des échos d’un passé en déliquescence. Ce monde qui ressemble furieusement au nôtre semble avoir uniquement subi une sorte de glissement et on le découvre par les yeux d’individus si semblables à nous, et pourtant si tragiquement différents. Ces enfants qui rient, pleurent, s’émeuvent et grandissent nous interpellent : on sait que quelque chose se trame, que tout n’est pas si parfait dans cette sévère institution anglaise. Un mystère tapi dans l’ombre de ces murs, sans doute. Et qui nous est révélé beaucoup plus tôt que prévu. C’aurait pu être rédhibitoire. Pourtant, curieusement, ce n’est pas ce qui deviendra le centre d’intérêt de l’histoire, car tout n’est pas dit, ou en tous cas pas clairement, et les cinéphiles d’imaginer la suite à partir du peu d’éléments acquis, et les amateurs de SF de se réjouir du sujet et de s’inquiéter de son traitement.

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Le film se déroule donc en toute quiétude, sans s’inquiéter des réactions qu’il engendre chez ceux qui aiment anticiper. Trois éléments vont alors le distinguer du tout-venant : l'interprétation parfaite de Carey Mulligan, d'une pudeur et d'une maturité incroyables (surclassant largement Keira Knightley et laissant peu de place à Andrew Garfield) ; la justesse de ton de la mise en scène qui laisse le beau rôle à la photographie (on apprécie régulièrement la composition très recherchée de nombreuses séquences et le rendu HD de certains paysages est juste sublime) ; la partition musicale très axée sur les cordes (violon + violon alto) et qui aimante la forte charge émotionnelle dégagée par ce trio de jeunes personnes aimant la vie mais déjà condamnés. Le métrage, de fait, sans appuyer, sait faire mal, mais son message dolent s’accompagne d’un hymne à la vie sincère et délicat. 

D’une infinie tristesse, il effleure parfois la grâce mélancolique de certains auteurs majeurs. Elégant et sans ostentation, il plaira à un public exigeant malgré son rythme languissant et un montage incertain. Sur un thème similaire, Michael Bay avait choisi une orientation radicalement différente...  

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Never let me go

 

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Mise en scène 

Mark Romanek

Genre 

Drame uchronique

Production 

Fox Searchlight Pictures ; distribué en France par 20th Century Fox

Date de sortie France 

2 mars 2011

Scénario 

Alex Garland d’après l’œuvre de Kazuo Ishiguro

Distribution 

Carey Mulligan, Keira Knightley, Andrew Garfield & Charlotte Rampling

Durée 

103 min

Musique

Rachel Portman

Support 

Blu-ray Fox region B (2012)

Image 

2.35 :1 ; 16/9

Son 

VOst DTS HD-MA 5.1

Synopsis Depuis l'enfance, Kathy, Ruth et Tommy sont les pensionnaires d'une école en apparence idyllique, une institution coupée du monde où seuls comptent leur éducation et leur bien-être. Devenus jeunes adultes, leur vie bascule : ils découvrent un inquiétant secret qui va bouleverser jusqu'à leurs amours, leur amitié, leur perception de tout ce qu'ils ont vécu jusqu'à présent.

 


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