C’est drôle. Depuis le 6 mai, mon monde a déjà changé. Moi qui jusque là le traversait tête basse en maudissant un peu ma modeste naissance comme cause probable de ma déchéance, je me prends à observer avec un peu plus d’attention mes congénères. Visiblement, les mouches ont changé d’âne, et parmi les passants qui grouillent ces jours, on repère vite les électeurs déçus. J’ai une aptitude particulière pour les reconnaître : j’en faisais partie depuis fort longtemps.
Je revis, au point d’en oublier ce blog, qui vient de franchir son deuxième anniversaire tout seul. Ce violent besoin d’écrire, d’expier, de crier au monde mon indignation de vivre dans une telle société, cette fixation quasi maladive s’est évanouie comme par magie pour laisser place à une forme de quiétude, une sérénité presque inconnue jusqu’alors. Alter-Oueb est né le 12 mai 2010 au plus fort de mon antisarkozisme, de mon rejet d’une idéologie belliqueuse et inhumaine. J’ai vu que je n’étais pas seul, j’ai trouvé une sacré communauté de joyeux drilles, leftblogueurs ou pas, qui se sont mêlés avec leurs armes à la bataille de manière remarquable pour bouter l’envahisseur hors du pays des Droits de l’Homme. Merci à vous toutes et tous. Je n’aime pas trop les listes, alors je vous ai disséminé un peu partout, en éspérant avoir assez de mots dans ce billet pour vous remercier tous…
Il y a cependant des choses et des discours qui n’ont pas changé. Les procès d’intention continuent de pleuvoir en rang serrés. Ces déclarations, des plus grotesques aux plus loufoques, qui naguère m’auraient fait maltraiter un clavier avec furie, ne me font plus ni chaud ni froid. Polémiques ? Quelles polémiques ? Inutile de se fatiguer. N’y répondons pas, ignorons-les, oublions-les, ainsi que toutes ces années noires. Les cartes sont rebattues et une nouvelle partie commence. Les cadors de l’UMP, désormais dans l’opposition, vont, comme les nouveaux ministres, faire le difficile apprentissage de savoir quelles sont leurs places et leurs rôles. Mais dans cet ordre des choses, je dois avouer que je n’avais jamais perçu ainsi le côté hilarant d’un Bertrand, Copé, Morano, Lucca, et autres comique-troupiers dans leurs dérisoires gesticulations une fois la partie perdue. Je sourie, je rie même, parfois je me moque, mais toujours sans mépris. Ca fait une énorme différence…
Le Coucou, Olivier, vous que j’ai eu la chance de lire à défaut de vous avoir rencontré, vous, je ne vous oublierai pas.
Photo : AP/Jacques Brinon