Sa proximité avec Laurent Gbagbo à travers l'Alliance pour les jeunes patriotes de Côte d'Ivoire dont il était le numéro deux lui coûte d'être un des hommes à abattre par le régime Ouattara. Une situation qui a contraint Serges Kassy, il y a aujourd'hui un an, à trouver asile entre le Ghana et la France.
Mais cela ne l'empêche de poursuivre son métier qui est la musique. Bien au contraire le reggaeman en a gros sur le coeur et le résultat va bientôt s'imposer. «Au nom des miens».
Ainsi s'intitule le futur opus de 15 chansons qu'il se prépare à mettre sur le marché français dans quelques mois. A travers cette oeuvre arrangée par Georges Kouakou, Kacou Honoré et Echantillon, l'artiste donne libre cours à son état d'âme au moment où il est enfermé dehors.
La note de Georges Kouakou
«Dans cet album, je dénonce les problèmes de mon peuple, de l'emprise de l'occident sur mon peuple, ce qui s'est passé dans mon pays (la guerre pos-présidentielle, ndlr). J'appelle aussi la jeunesse africaine à prendre son propre destin en main pour faire bouger les lignes.
Des problèmes de famille, l'Histoire de l'Afrique et de la question du retour de la diaspora noire aux sources, comme l'avait prôné le Jamaïcain précurseur du panafricanisme Marcus Mosiah Garvey (1887-1940), de la trahison de certaines personnes qui vivotent au gré de leurs intérêts à travers le titre « Grand frère », complètent la liste de mes maux.
Bien sûr, je n'oublie pas l'amour, Dieu dans «Jésus m'a sauvé » Bref, tout un chacun se retrouvera dans cet album parce qu'il est vraiment varié», déclare Serges Kassy, rencontré sur Facebook, hier.
Sur cet album qui ne sera pas disponible dans un premier temps en Côte d'Ivoire, en raison de la censure que le nouveau pouvoir et ses médias font peser sur lui, le reggaeman au langage direct, remet sur le plateau son tube « Min révolté » ;
avec un Jack Delly en featuring. « Yélétian est une autre reprise que le résistant de la galaxie patriotique ivoirienne réserve aux mélomanes nostalgiques de ses succès.
Le long de ce morceau, il annonce en featuring du pop-man François Kency, auteur par ailleurs d'un énorme un album qui vient de sortir en Europe. Quant à «Gnamlin», une autre chanson, elle jouit de l'intervention du reggaeman Shasha Marley du Ghana.
Au nom des miens» a été mixé et mustérisé aux Etats-Unis par Jim fox au célèbre Studio Lion and Fox qui a largement contribué aux succès de Bob Marley, Peter Tosh, Culture, Burning Spear, Toots and the Maytals.
« C'est un album avec beaucoup d'émotions dans la manière chez Serges de chanter. Moi, l'aime Serges il chante en apollo pas parce que je comprends l'apollo, ma maman étant moitié apollo.
Ses qualités de chanteur, en effet, se révèlent chaque fois qu'il choisit de chanter dans cette langue », commente Georges Kouakou, lui aussi interrogé sur le réseau social.
L'oeuvre de Serges Kassy, effectivement de très bonne facture, sera précédée de la sortie d'un single intitulé «Tous ensemble positifs», une reprise de «Yélétian» dont les mélomanes de la sous-région connaissent les contours. Ce morceau, l'Ivoirien l'exécute en duo avec Tiwony, le très populaire reggaeman d'origine antillaise.
Aux arrangements de cette future galette qui est en train d'être mixé et sera soutenu par un clip, Serges Kassy renouvelle sa confiance en Georges Kouakou et de Kacou Honoré.
A leur doigté s'ajoutent désormais les retouches du Français Claudio qui a longtemps bossé avec les musiciens français disparus, Claude François et Serges Gainsbourg.
Ce qui rend plus costaud le single. «Je suis en pleine finition de l'oeuvre. Il annoncera le grand album et y figurera naturellement», promet l'artiste.
Une défaite de Sarkozy égale à un plus beau cadeau
En ce qui concerne le label qui portera à bout de bras «Au nom des miens», Serges reste discret au risque de mettre la charrue avant les boeufs.
Dans tous les cas, le reggaeman se montre stoïque, malgré les dures réalités de l'exil. «Dieu merci, ça va. Je suis dans un état d'esprit optimum. Pas de soucis. Je vais bien. Je poursuis ma carrière», assure-t-il.
Par ailleurs, Serges Kassy se réjouit de la défaite de Nicolas Sarkozy face à François Hollande à la présidentielle française de 2012.
C'est le contraire qui aurait étonné pour qui connaîet le résistant : « La défaite de Sarkozy a été le plus beau cadeau que Dieu ne pouvait que me donner en ce jour de mon anniversaire, le 6 mai 2012. Vous ne pouvez pas imaginer cette joie immense qui m'animait.
Tellement ce monsieur à fait du mal à mon peuple. Souvenez-vous, il a enlevé de force un président démocratiquement élu (Laurent Gbagbo, ndlr) pour installer son ami (Alassane Ouattarra, ndlr), en tuant au passage des Ivoiriens avec des bombes ?
Non, je pouvais tout imaginer sauf ce scénario catastrophe dans lequel ce monsieur a plongé mon pays. Son départ augure donc d'un avenir meilleur pour le continent africain et surtout pour la Côte d'Ivoire».
A quand son retour au pays ? Sur la question, le reggaeman affirme que cela ne le préoccupe point. «Il y a eu tentative d'assassinat sur ma personne car mon nom figure sur une liste bien établie de personnes à éliminer.
J'avoue que j'ai échappé à la mort, 20 minutes après la descente des rebelles à mon domicile, la destruction et le pillage de mes biens.
Et comme j'aspire à la vie, comme je sais que ce sont ceux qui ont programmé ma mort qui dirigent aujourd'hui le pays - ce n'est pas Sool To Sool qui me dira le contraire -, je ne peux pas me permettre d'y mettre les pieds.
C'est Dieu qui n'a pas permis à mes bourreaux de mettre fin à ma vie. Donc je reste là où je suis en attendant des jours meilleurs», confie Serges Kassy. Mais quand viendra-t-il, ce moment ? Qui vivra verra !