Une gourmandise

de Muriel Barbery
Roman - 165 pages
Editions Gallimard - aout 2000
Editions Folio Poche - février 2002
Prix du meilleur livre de littérature gourmande - 2000

Un grand critique culinaire est arrivé à la fin de sa vie. La maladie le ronge et il revit ses grandes émotions gastronomiques. Sa vie aura été pour lui une explosion d'expériences épicuriennes, alors que son entourage a beaucoup souffert de son égoïsme indifférent. Dans sa chambre rue de Grenelle, il divague entre ses souvenirs olfactifs et ses reminiscences gustatives, à la recherche d'une saveur dont sa mémoire peine à retrouver la trace...

Les descriptions sensorielles du début du roman mettent immédiatement en appétit. Les mots de Muriel Barbery sont des merveilles dont on se délecte, et qui amènent à relire sans hésitation certains passages qui frôlent le sublime.

Extrait :
"La sardine grillée nimbait mon palais de son bouquet direct et exotique et je grandissais à chaque bouchée, je m'élevais à chaque caresse sur ma langue des cendres maritimes de la peau craquelée."

Une vraie gourmandise, toutes ces évocations de mets, de saveurs, d'odeurs, de textures...

Extrait :

"Que ressent un homme dont la langue jusqu'alors saturée d'épices, de sauce, de viande, de crème, de sel, se rafraîchit subitement au contact d'une longue avalanche de glace et de fruit, juste un peu rustique, juste un peu grumeleuse, afin que l'éphémère le soit un peu moins, retardé par la déliquescence plus lente des petits glaçons fruités qui se disloquent doucement... "

Au delà de la gourmandise, pas vraiment de festin. L'histoire n'est pas si croustillante, le suspense trouve une fin ordinaire : le souvenir d'une faim d'enfance. Les autres personnages du roman n'existent que pour camper l'image égoïste de cet ogre, ce ponte repu. Ce monstre gourmand que j'aurais aimé accompagner plus longtemps dans ses descriptions goûteuses, transcrite avec ce style littéraire admirable. J'en redemande quoi !

L'avis de Lily - Lily et ses livres