Les dictatures ont le droit de se faire mousser avec les Jeux olympiques, car c'est du sport. Leurs opposants doivent y renoncer, sinon c'est de la politique.
Telle semble être la position du Comité international olympique à l'heure où son choix de livrer sur un plateau les prochains JO à Pékin galvanise ceux qui n'oublient pas la réalité du régime
chinois. Jacques Rogge dans une interview accordée mardi dernier au Figaro, se défend en rappelant que le CIO "n'est pas les Nations unies du sport" et qu'il ne faut pas lui
demander de réussir là où des générations de diplomates ont échoué.
Belle tentative pour exonérer encore une fois l'olympisme de ses
responsabilités. Lorsque, comme Coubertin et ses descendants, on se veut dépositaire d'un idéal blanc comme une colombe, il faut bien s'attendre à ce que la moindre tache sur la
tunique immaculée des bons sentiments se remarque comme le sourire sur le visage d'un garde rouge. Non Monsieur Rogge, on ne vous reproche pas d'avoir échoué à faire changer en quelques mois la
nature de la clique communisto-affairiste au pouvoir à Pékin. Nous ne sommes pas naïfs à ce point. En revanche, nous vous tenons responsable d'avoir, en connaissance de cause, confié sans plus
d'états d'âme à un régime dévoyé et inique un symbole autoproclamé de paix et d'espoir.
Il n'a jamais été question de tenir rigueur au CIO de son impuissance à changer le monde et bouleverser la donne politique. Il
faudrait être comme lui bouffi d'importance et faire commerce de bonne conscience pour soutenir une telle absurdité. Nous disons simplement, quitte à heurter la soi-disant neutralité olympique,
que tous les régimes ne se valent pas. Qu'en dépit des intérêts commerciaux et économiques, vous pourriez vous épargner bien des désagréments en évitant de confier aux plus détestables d'entre
eux l'événement le plus médiatisé de la planète.
Vous avez beau jeu de souligner que les journaux ne feraient pas aujourd'hui autant cas des troubles au Tibet, sans la perspective de l'ouverture
prochaine des JO à Pékin. Cela ne vous empêche pas, en soulevant de faux espoirs parmi tous les opprimés de la République populaire de Chine, de voir votre beau drapeau servir de
linceul aux victimes de la répression. En ces heures sombres, que la torche olympique sera bien en peine d'illuminer, notre amitié va plus que jamais
au peuple tibétain et à tous ceux qui pensent, à tort hélas, qu'ils peuvent profiter du plus grand événement sportif international pour faire changer le cours des choses…