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Klondike la ruée vers l'or

Par Anne Onyme

Klondike-MichenerJames A. Michener
Éditions Souffles
253 pages

Résumé:

En 1897, alors que le monde entier se ruait vers l’or canadien, Lord Luton, aristocrate fier et borné, Anglais au tempérament d’acier, désirait l’aventure sans compromis, sans fouler le sol de l’Alaska, propriété des États-Unis, l’ex-colonie qui 120 années auparavant se souleva contre son pays. Pour descendre le Mackenzie, un des fleuves les plus puissants du monde, franchir les hautes Montagnes Rocheuses, traverser l’immense Grand Nord où même les Indiens se risquent rarement, Luton choisit trois de ses compatriotes: son jeune neveu, frais émoulu d’Oxford, et un de ses amis poètes, cousin vétéran des explorations les plus risquées de l’armée britannique, et son «ghillie» irlandais, un paysan rude et roué. Cependant, très rapidement, la détermination aveugle et résolue de leur chef plonge les cinq hommes dans une épreuve extrême, courageuse et désastreuse. Malgré la faim, le scorbut, le terrain inconnu, le froid polaire, Luton s’obstine. Après deux ans, 2000 miles et deux longs terribles et sombres hivers arctiques, seuls le lord et son ghillie atteindront, à pied, le pays de l’or: Klondike.

Mon commentaire:

James A. Michener est connu pour ses romans d'une épaisseur monumentale. Ce sont toujours de gros pavés et je dois dire que ça me fait souvent hésiter à commencer un de ses livres. J'ai Alaska (naturellement!) dans la mire depuis au moins l'adolescence. Je n'ai toujours pas franchis le pas... Par hasard, je suis tombée sur Klondike la ruée vers l'or. Cette partie de l'histoire m'intéresse énormément. C'est avec surprise que j'ai appris que ce roman ne contenait que 253 pages. L'histoire, ou plutôt son traitement, m'a étonnée.

Nous sommes en Juillet 1897. Les nouvelles arrivent à Seattle informant le monde entier que "des tonnes d'or" ont été retrouvés au Klondike. La nouvelle se rend naturellement en Angleterre. Lord Evelyn Luton, 31 ans, est un insupportable snob qui rêve d'expédition. Il entraîne avec lui son jeune neveu Philip Henslow, 19 ans, frais émoulu d'Eton et déshérité, il a donc besoin d'argent; Harry Carpenter, 36 ans, diplômé avec distinction et militaire; Trevor Blythe, 22 ans, étudiant d'Oxford, grand ami de Philip et poète en devenir. Le groupe ne serait pas complet sans un homme de main, capable de tout, un fils de fermier, garde-chasse des terres de Luton, Timothy Fogarty. C'est un irlandais fort capable, qui leur sera d'un grand secours.

Luton est fort entêté. Détestant royalement les États-Unis, il n'est pas question pour lui de mettre ne serait-ce qu'un pied dans ce pays. Il est donc décidé à entrer au Klondike en ne traversant que le Canada, peu importe si c'est "impossible" ou dangereux. Il veut le faire et il va le faire. On ne refuse pas grand chose à Lord Luton. C'est un personnage détestable, dépaysant, imbu de lui-même, plein de préjugés, il lève facilement le nez sur les autres. Mais c'est un voyageur implacable, curieux et infatiguable. Il est très à cheval sur les conventions et c'est un homme plein de contradictions. On serait tenter de le détester et pourtant, son voyage nous intéresse.

Le roman se divise en cinq parties, qui suivent en quelque sorte l'évolution du voyage. Le périple commence pendant la traversée de l'Atlantique. Les cinq hommes préparent leur voyage, en faisant des lectures et en étudiant les cartes. Puis ils doivent prévoir les provision et s'enquérir d'un bateau, avant de partir rapidement et de se préparer à leur premier hivernage. Il y en aura deux en tout. L'histoire raconte essentiellement le périple des hommes pour se rendre au Klondike. Les motivations de Luton sont assez ambiguës car, si certains membres du groupe rêvent d'or, Lord Luton lui recherche plutôt l'aventure. On a l'impression d'un homme qui s'ennuie et qui a besoin de se mettre à l'épreuve pour se prouver qu'il a raison.

Ce qui est étonnant dans ce livre, c'est la façon dont les personnages abordent leur aventure. Ce décalage entre ce que représente véritablement la ruée vers l'or pour le commun des mortels et pour quelqu'un comme Lord Luton qu'on croirait à peine sorti d'un salon de thé! Ces cinq gentlemen accueillent l'expédition au Klondike comme une promenade de villégiature... jusqu'à ce qu'ils doivent contrer le scorbut, le froid, la faim. Ce n'est plus un simple voyage, mais une lutte pour la vie. Et même quand on lui dit que ça ne se fait plus, Lord Luton s'entête à poursuivre sa ruée vers l'or... en sol Canadien.

Un roman que j'ai bien aimé et qui m'a plutôt surprise par ses personnages un peu décalés. La littérature est bien présente dans le livre car les soirées d'hiver sont consacrées à la lecture et aux conversations. La poésie prend également beaucoup de place (avec de nombreux poèmes qui nous sont livrés pendant l'expédition et en fin de volume) puisque le jeune Trevor Blythe aspire à devenir un grand poète.

Maintenant que j'ai lu mon premier Michener, ça me donnera peut-être le coup de pouce manquant pour aborder, enfin, Alaska.

Quelques extraits:

"Tel est le pouvoir de la poésie: faire surgir de mots morts depuis longtemps des expériences vivantes." p.106

"Même proche de la réussite de leur effrayant périple il demeurait incapable d'accepter le blâme pour les choix mortels qu'il avait faits: seule la nature implacable pouvait être blâmée" p.201


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