Sable Bleu
Jean Picollec,
1996, p. 215
Première Publication : 1996
Jan van Aal a fait carrière dans la publicité. Pendant
plus de vingt ans, il a présidé la filiale française d’un grand
groupe de communication américain. Il est l’auteur de
quatre ouvrages sur son métier, de deux romans,
Sable Bleu et Le Trouble-Vie, et de quatre autres livres
- en édition privée - destinés à sa famille.
♣ Le Trouble-Vie ♣
Merci à Jan Van Aal pour
la découverte de son premier roman !
artin et Antoinette forment un couple considéré comme exemplaire par leurs amis. Ils décident de prendre huit jours de vacances à Tanger. Pour des raisons professionnelles, Antoinette est obligée de rester à Paris. Martin part seul. A Tanger il rencontre Julia, jeune femme libre et séduisante qui lui fait découvrir la ville et son histoire. Il en tombe amoureux au point de tout plaquer et d'abandonner sa vie rangée de cadre supérieur gâté. Il s'installe dans la maison de Julia... mais ni Tanger ni Julia ne sont tout à fait ce qu'il avait cru.
près mon petit coup de cœur pour Le Trouble-Vie (je vous rappelle qu’il est actuellement en voyage et qu’il peut s’arrêter chez vous si vous le souhaitez… les inscriptions se font ici), j’avais très envie de découvrir l’autre roman de Jan Van Aal. J’ai ouvert Sable Bleu (publié en 1996, donc avant Le Trouble-Vie) avec plaisir et beaucoup d’impatience.
Si j’ai aimé cette plongée dans Tanger offerte par l’auteur - j’ai notamment apprécié les descriptions de la ville et de la vie que les gens y mènent -, j’ai en revanche, été un peu moins emballée par l’intrigue. Contrairement au Trouble-Vie, l’histoire offerte par Sable Bleu est un peu plus « convenue » même si, le dernier chapitre apporte un petit quelque chose, questionne et remet un peu en question les pages qui l’ont précédé.
Comme je le disais donc juste au dessus, l’intrigue de Sable Bleu est plus « convenue ». Un couple a priori sans histoire est séparé par les caprices du destin (ou plutôt par la situation professionnelle des époux). L’homme, Martin, se trouve face à un choix : abandonner l’idée du voyage ou partir quand même, seul… il opte pour la deuxième solution qui va changer sa vie et sa perception des choses… Le voilà touriste, seul, à Tanger, guidé par Julia, une jeune femme pétillante et dynamique. D’abord réticent car conscient du danger représenté par la demoiselle, Martin hésite et se laisse finalement emporté par le moment présent. Une parenthèse dans sa vie bien rangée. Au même moment, Antoinette connaît les mêmes doutes en compagnie de son patron Vincent, qui l’a invitée pour un week end à Londres…
L’auteur n’offre que deux ou trois chapitres à l’aventure d’Antoinette alors qu’il s’attarde très longuement (tout le reste du texte, ou presque) sur ce qui se passe dans la tête de Martin, à Tanger, avec Julia.
Je n’ai pas été particulièrement surprise par les évènements mais, en revanche, la dernière partie intitulée « Lendemain de fête » me paraît particulièrement intéressante. En effet, en arrivant à celle-ci et en lisant les pages qui la composent, je me suis surprise à remettre en question toutes les pages que j’avais lues précédemment. Attention, je vais révéler quelques petites choses donc si vous ne voulez pas être spoilé, passez directement au paragraphe suivant ; sinon, surlignez ! [Martin se réveille, la nuit de Noël, Le Lys dans la vallée de Balzac à la main. Est-ce la même nuit que celle décrite dans le premier chapitre ? Ce qui laisserait à penser que toutes les pages entre les deux parties n’étaient que la description d’un rêve motivé par la lecture du livre ? Ou est-ce un Noël suivant, Martin est rentré de son escapade à Tanger et retrouve sa vie de famille comme il l’avait laissée, comme si rien ne s’était passé, lisant son livre favori dans son fauteuil ?]
Je pencherais plus pour la première solution même si, dans ce cas-là, l’intégration des chapitres dédiés à Antoinette me semble un peu étrange. Finalement, les deux théories se valent, à mon sens.
Ce que je retiendrai surtout de cette lecture, c’est le style de Jan Van Aal. Différent de celui que j’ai découvert dans Le Trouble-Vie, mais tout aussi plaisant et intéressant. Ici, moins d’humour mais de belles descriptions de Tanger, de ses senteurs, de ses bruits, et surtout de ses couleurs. Au départ, j’avoue que cette ville - et le continent Africain dans son ensemble - ne m’attirent pas du tout. Mais l’auteur sait vendre du « rêve » et je me suis surprise à me dire… « Tiens, et si un jour j’allais y faire un tour ? » Une belle victoire et la preuve du talent descriptif de Jan Van Aal, parce qu’avec moi, ce n’était pas gagné !
J’ai été un peu déçue de ne pas trouver l’emploi du « je » qui aurait sans doute donné plus d’intensité aux aventures de Martin. Le lecteur aurait été plus proche de ses pensées, états d’âme et ressentis… mais ça aurait été un peu plus délicat à gérer lors des quelques chapitres dédiés à Antoinette (à moins de changer de narrateur ?). En revanche, ça aurait pu accentuer la première théorie (révélée un peu plus haut en spoiler). Bref. J’ai aimé la narration mais ai quand même ressenti une petite barrière entre les personnages et moi. Je ne me suis donc pas totalement attachée à eux, et c’est dommage.
Pour conclure. J’ai préféré l’originalité et la « fraicheur » du Trouble-Vie mais salue ici le style de l’auteur - notamment ses superbes descriptions de Tanger qui m’ont fait voyager - et la surprise apportée par le dernier chapitre.