Conte soufi : Quand l’homme vient vous voir

   Bahaudin Naqshband a dit :
   « Quand un homme vient vous voir, rappelez-vous que son comportement est un composé, tout comme le langage qu’il tient. Il n’est pas venu acheter, vendre, convaincre, donner ou recevoir du réconfort, comprendre ou faire comprendre. Dans presque tous les cas, il est venu faire ou essayer de faire tout cela à la fois, et bien davantage.
   « Comme on pèle un oignon, il enlève une enveloppe après l’autre. Alors vous découvrez, à ce qu’il dit, ce qu’intérieurement il perçoit de vous.
   « Quand ce moment sera venu, vous ne tiendrez plus aucun compte de la substance et de la signification apparentes de ses paroles ou de ses actes, parce que vous percevrez la réalité au-delà.
   « Notez bien que l’homme en face de vous, pendant qu’il fait cela, est presque toujours totalement inconscient du fait qu’il parle « le langage du cœur » (la communication directe) : il peut penser qu’il se comporte en homme érudit, cultivé, qu’il est motivé par ceci ou cela.
   « Voilà comment le soufi lit dans la pensée de ceux qui ne savent pas lire dans leur propre pensée. Il sait aussi dans quelle mesure le visiteur est capable de compréhension véritable, jusqu’à quel point il connaît réellement (abstraction faite de ce qu’il croit savoir), et jusqu’où il peut réellement progresser.
   « C’est un des objectifs majeurs de sohbat (« être en compagnie d’un homme »). »

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