Mêmes motifs, même punition: Moody’s, qui avait déjà abaissé les notes de 26 banques italiennes lundi, a invoqué la mauvaise passe traversée par l’Espagne.
Les abaissements vont d’un à trois crans, dont trois crans pour les deux plus grandes banques du pays, Santander et BBVA, ramenées à « A3″. La filiale britannique de Santander est aussi touchée, avec une baisse d’un cran à « A2″. CaixaBank, autre grande banque du pays, tombe aussi de trois crans à « A3″.
Tombent dans la catégorie « spéculative » Liberbank (« Ba1″), issue de la fusion de trois caisses d’épargne régionales, Cajamar Caja Rural (« Ba2″), issue de caisses d’épargne agricoles régionales, et Lico Leasing (« Ba3″), spécialisé dans les financements de locations.
Bankia, dont la nationalisation a été annoncée le 9 mai, n’est pas dans la liste.
La perspective est « négative » pour dix de ces banques, ce qui signifie que Moody’s envisage d’abaisser leur note à l’avenir. Pour les six autres, la note reste sous examen, à savoir susceptible de tomber encore plus bas à très court terme.
Les notes des principales banques espagnoles « s’étalent maintenant entre A3 et Ba3, avec une moyenne non pondérée entre Baa2 et Baa3″, a relevé Moody’s. Ces notes « Baa2″ et « Baa3″ correspondent à des émetteurs de dette de qualité moyenne, encore dans la catégorie « investissement ».
« Cette moyenne est inférieure à celle de la plupart des systèmes bancaires d’Europe de l’Ouest, ce qui reflète les répercussions importantes sur les banques espagnoles à la fois d’une conjoncture nationale difficile et de la crise de la dette en zone euro, qui se poursuit », a expliqué l’agence dans un communiqué.
« L’économie espagnole est retombée en récession au premier trimestre 2012, et Moody’s ne prévoit pas que la conjoncture s’améliorera au cours de cette année. De plus, la crise de l’immobilier, qui a commencé en 2008, se poursuit et le chômage est monté à des niveaux très élevés », a estimé Moody’s.
Par ailleurs, « la solvabilité de l’Etat a diminué », a ajouté l’agence. La note de l’Espagne avait été abaissée de deux crans, à « A3″, par Moody’s en février.
« Un autre facteur ayant provoqué notre décision sur les notes est la forte hausse des prêts à problèmes déjà observée et l’augmentation continue des retards de paiement que nous prévoyons pour les trimestres à venir », a souligné l’agence.
Le secteur bancaire espagnol reste englué dans les problèmes découlant de l’éclatement de la bulle du secteur immobilier.
Moody’s « prévoit que la récession et le niveau très élevé du chômage seront à l’origine d’une détérioration de la qualité des actifs également dans les prêts aux ménages et aux entreprises non immobilières ».
L’agence rappelle que les banques espagnoles sont les plus grosses clientes de la Banque centrale européenne, ayant multiplié par six leurs emprunts auprès de l’institution de Francfort depuis près d’un an.
Moody’s avait annoncé en février qu’elle envisageait d’abaisser à court terme les notes de 114 banques européennes, en raison de la crise dans la zone euro et de la baisse de la note de plusieurs Etats du continent. Selon un calendrier publié mi-avril, les banques autrichiennes sont les prochaines dans le collimateur.