Comme vous, je jonglais avec l’idée de me procurer des actions de Facebook, le géant des médias sociaux. En prenant connaissance des chiffres. J’ai déchanté.
Depuis un an, le nombre d’utilisateurs a progressé de 88% mais son chiffre d’affaires a fléchi de 7%. Si ce réseau social était un pays, il serait le 3e plus populeux. C’est finalement à 38$ que l’action de Facebook fera son entrée sur la bourse électronique Nasdaq. Ce qui porterait la valeur du réseau à 104 milliards et ce AVANT l’euphorie. Ses revenus annuels sont de 4,27 milliards et ses revenus d’opérations sont d‘un milliard sept cents millions $. Concrètement, l’action sera négociera à près de 100 fois ses revenus. C’est ÉNORME.
Entre 15 et 20 fois, c’est correctement évalué. Mais entre 60 à 100 fois, c’est comme au bon vieux temps de la bulle techno du siècle dernier; c’est trop cher.
Les gestionnaires institutionnels Sandy Sanders de Manuvie à Boston et Steve Belisle de la Standard Life n’embarquent pas non plus. Trop onéreux, mais SURTOUT c’est une première entrée en bourse. Comme tout gestionnaire prudent, Ils préfèrent laisser passer quelques trimestres.
Comparons avec des pommes et des briques
Appliquons la même pensée magique à Apple (APPL: 546$). Avec un ratio semblable, il faudrait que l’action se transige à 3200$. La compagnie aurait alors une capitalisation de plus de 3 billions (3 trillions à l’échelle longue). Hum…
Si le monde boursier ne vous est pas trop familier, je vais vous imager ça en langage immobilier. Mettons que je vous offre une bâtisse de 4 logements. Les locataires me versent 890$/ mois. Je fais 42 000/an mais, en enlevant tous mes frais ça ne laisse annuellement que 17 000$ net. Dans ses conditions, achèteriez-vous cet immeuble pour 1,7 million $ ? Ben non, ça n’a pas d’allure!
Entre Facebook et mon 4 logements, le rapport est le même! D’un point de vue mathématique, ce n’est pas un placement, mais une gageure. Ici, votre logique et votre jugement ne serviront pas. Il s’agit de «feeling». C’est la même euphorie collective qui gonflait le Nasdaq avant mars 2000.
Donc, pas question pour moi d’y jouer une partie du régime épargne-études de ma petite fille ou un soupçon de mon fonds de retraite. Je pense franchement comme 46% des Américains sondés par CNBC cette semaine. Facebook est une mode passagère et va probablement se faire remplacer plus tôt que tard par le prochain réseau innovateur.
Panique sur le mur!
A deux jours de l’entrée de FB sur le Nasdaq, General Motors a violamment secouer le pommier. GM annule ses campagnes sur Facebook. Simplement parce que ça ne vend pas! Le constructeur a investi 40 millions sur le réseau dont 10 millions directement en publicité ! C’est pas le genre de contrats qui pleut dans les réseaux sociaux.
10 millions de manque à gagner, ce n’est quand même pas épouvantable pour une entreprise de 100 milliards, mais ça ouvre la voie au questionnement. Si GM remet en question la pertinence de Facebook dans sa stratégie publicitaire, elle n’est sans doute pas la seule.
C’est peut-être ben «IN» de dire qu’on déploie des campagnes de pubs ou des promos sur Facebook, mais encore faut-il que ça rapporte. Ici, GM est catégorique! Ça n’a pas encore l’impact des annonces télé, de l’imprimé ou de la radio.
Ça ne pouvait pas tomber à un pire moment!
Je pense que cette claque de GM n’est pas étrangère à l’augmentation-surprise du nombre d’actions qui sera finalement offert demain. Étant donné que de nombreux actionnaires souhaiteront empocher dans les premières heures, l’aveu du fabricant automobile a dû déstabiliser la bande à Zuckerberg. Résultat, au lieu de 337 millions d’actions, Facebook en mettra à l’encan 421 millions. Bref, encore un élément sérieux qui me fait douter de la capacité de cette organisation à générer de la valeur à long terme.