Le cauchemar socialiste européen

Publié le 18 mai 2012 par Copeau @Contrepoints

Qui peut encore croire, en dehors des européistes enragés qui gouvernent l’actuelle Union européenne en crise prolongée, y compris la zone euro sur le fil du rasoir, que la solution viendrait obligatoirement d’en haut pour s’imposer, à l’instar d’une loi d’airain monolithique, à vingt-sept peuples réduits au silence ?

Par Philippe Robert.

S’il suffisait de décréter le lancement de grands travaux par toute l’UE pour susciter la croissance qui se refuse à l’Europe avec une rare opiniâtreté, eh bien, oui !, dépensons les centaines de milliards d’euros nécessaires que la BCE se ferait alors un plaisir tout particulier de créer ex nihilo.

Mieux encore, après tout, rassemblons toutes nos forces sous l’égide de la Commission européenne et réalisons à dix-sept, si, entretemps, la Grèce n’a pas déserté pour sauver sa peau, ces fameux eurobonds dont, en haut lieu, on nous rebat les oreilles en nous promettant monts et merveilles !

Nous n’avons donc que l’embarras du choix pour financer cette redondante idée d’essence rooseveltienne des grands travaux qui, à elle seule, serait productrice d’une croissance salvatrice. Mais telle n’est pas la solution déjà mille fois pensée et réalisée dans le passé et mille fois inopérante…

Parce que si c’est une excellente chose de construire de nouvelles infrastructures ou de moderniser des infrastructures déjà existantes, il faudrait aussi qu’elles puissent ne pas se limiter à jouer seulement le rôle ponctuel et stérile d’une relance de type keynésien à coup sûr sans lendemain.

En agissant de la sorte, cela serait d’ailleurs le meilleur moyen de créer, à l’échelle européenne, un effet d’éviction tueur de croissance dont le seul résultat attendu serait, avec en ligne de mire un risque majeur d’inflation, la mauvaise monnaie ayant chassé la bonne, l’assèchement annoncé du marché libre !

Et qui peut encore croire, en dehors des européistes enragés qui gouvernent l’actuelle Union européenne en crise prolongée, y compris la zone euro sur le fil du rasoir, que la solution viendrait obligatoirement d’en haut pour s’imposer, à l’instar d’une loi d’airain monolithique, à vingt-sept peuples réduits au silence ?

Vaclav Klaus [*] écrit :

Dès lors que l’Union européenne s’est engagée dans la voie d’un projet dirigiste et centralisé et dans un cadre propice à “l’ingéniérisme social”, elle s’est arrêtée. Il ne faut pas chercher d’autre raison à la crise actuelle. Le célèbre historien britannique Arnold Toynbee a écrit que le suicide d’une civilisation survient quand les gens cessent de réagir de manière innovante aux défis du futur. Nous sommes précisément dans cette situation.

Ce qui manque donc le plus, dans l’introuvable construction en cours d’un super État européen, c’est la Liberté avec un grand L. La liberté de « laisser passer » et de « laisser de faire » dans l’acception de Vincent de Gournay (1712-1759) : « laissez faire » = laisser travailler, « laisser passer » = laisser échanger.

Une croissance durable ne sera donc jamais enfantée par de vaines constructions de l’esprit conduisant à coup sûr à l’impasse ; en revanche, l’ordre spontané si cher aux libéraux (cf. Friedrich Hayek) est la condition préalable, utile et nécessaire à toute entreprise humaine riche de promesses.

Seul un déchirant aggiornamento de l’UE au profit d’une vraie subsidiarité au service exclusif des peuples, non plus verticalement mais en réseaux, devrait permettre de recoller les morceaux du rêve brisé de la croissance européenne : formant un tout, celle-ci jaillira alors sans frein du sein de chaque État membre rendu à sa liberté.

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[*] Vaclav Klaus : Sauver les démocraties en Europe (François-Xavier de Guibert, février 2012). M. Klaus est le
président en exercice de la République tchèque. L’achat du livre par ce lien finance Contrepoints.