Les Français désertent l’assurance-vie pour le livret A

Publié le 18 mai 2012 par Copeau @Contrepoints

Nous avons dans ces colonnes déjà évoqué à plusieurs reprises la situation qui fait aujourd’hui du livret A un produit d’épargne monétaire plus intéressant que l’assurance-vie ou tout autre produit.

Par Thibault Doidy de Kerguelen.

Les derniers chiffres concernant l’épargne familiale (dite « des ménages ») sont flagrants :

  •  le livret A a enregistré en mars une collecte nette positive de 1,28 milliard d’euros (source CDC),
  •  l’assurance-vie a subi une décollecte de 1,2 Md€ sur le même mois de mars 2012 (source FFSA).

Les ménages français transfèrent sur le livret A leur épargne.

Nous avons dans ces colonnes déjà évoqué à plusieurs reprises la situation qui fait aujourd’hui du livret A un produit d’épargne monétaire plus intéressant que l’assurance-vie ou tout autre produit. Ne subissant pas la taxation CSG/CRDS, ne subissant pas d’imposition, il sert aujourd’hui, bien que ne bénéficiant pas de la revalorisation prévue, un intérêt net supérieur aux fonds Euros.

Concernant la revalorisation de l’intérêt servi, Monsieur Noyer, décidément plus sévère avec l’épargne de la « France d’en bas » qu’avec les bonus servis dans les banques, a fait savoir qu’il n’y avait pas lieu de la majorer. Rappelons qu’en janvier, avec une augmentation des prix des 2,4%, il n’avait déjà pas été majoré. En € constants, les épargnants français ont donc perdu de l’argent les trois premiers mois de l’année. Il en sera de même dans les mois qui viennent, puisque l’indice INSEE de la consommation affiche 2,3%, c’est-à-dire plus que les 2,25% du livret A. Mais, comme nous sommes dans l’épargne des plus modestes, rappelons que l’augmentation des prix des produits de grande consommation s’établit, lui, à 3,3%, ce qui commence à faire une sacrée différence !

S’il n’est pas prévu que la rémunération de votre épargne soit mieux rémunérée, il était inscrit dans le programme du candidat Hollande le doublement du plafond du livret A, ce qui le porterait à 30 600 euros contre 15 300 euros actuellement. L’état-major du Président élu a fait filtrer ces derniers jours auprès d’un certain nombre de journalistes choisis l’information selon laquelle cette mesure serait une des premières mises en application, par décret, dès la prise de fonction terminée. La campagne des législatives a commencé. Le LDD (ex Codevi) passerait quant à lui de 6 000 à 12 000 €.

Optimisée, cette mesure permettrait à un célibataire de percevoir (sur la base de la rémunération actuelle) 958,50 € d’intérêt par an (pour une année entière), au taux actuel de 2,25% ; 3 294 € pour une famille de deux enfants. Cela frôle la « niche fiscale », non ?

Notons tout de même que cette mesure mérite deux réflexions :

  • Les banques, pour des raisons comptables et de disponibilité des fonds (transférés pour partie à la CDC) n’ont aucun intérêt à ce doublement.
  • Seuls 7% des livrets sont au plafond. Le doublement n’apportera rien aux plus modestes (contrairement à un relèvement du taux) mais offre au contraire une opportunité de défiscalisation à plus gros épargnants. Poudre aux yeux ou manque d’analyse ?


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