Mais au fait… cela fait un moment qu’on n’a pas parlé de l’avancement de la déroute financière de l’État français, non ? Faisons un bref point.
Par J. Sedra.
L’Assistance publique – Hôpitaux de Marseille ne peut plus payer les médecins et les pharmaciens, à commencer par les externes (les fournisseurs indépendants sont, de longue tradition française, la variable d’ajustement si pratique dans les problèmes de trésorerie publique, ce ne sont pas les experts judiciaires indépendants qui me contrediront…). Cela a commencé par un coup de rabot unilatéral sur certaines primes, puis par un arrêt pur et simple du paiement des gardes, et enfin, ce n’est pas encore tout à fait officiel mais presque, le non-paiement des externes en pharmacie (les médecins externes étant les prochains sur la liste). Les difficultés de son bailleur de fonds principal, Dexia, auraient commencé à faire tomber ce domino-là. Je vous laisse deviner quels autres dominos il y a derrière les hôpitaux publics marseillais.
Hmm, une entité croulant sous les dettes, en déficit chronique, irréformable pour cause de rigidité syndicale et de collusions d’intérêts à tous les niveaux (tout le monde essaie de faire porter les économies nécessaires par les autres), qui liquide ses biens immobiliers pour réduire ses pertes sans pouvoir les étancher, qui a tout à coup plus de mal à emprunter, dans de moins bonnes conditions, au point de ne bientôt (d’ici septembre) plus pouvoir faire face à ses dépenses courantes… c’est curieux, ça me rappelle quelque-chose…
Dans un autre domaine qui n’a aucun rapport, mais non mais non je vous dis, l’État français continue d’avoir du mal avec le paiement des soldes de militaires. En mars, c’étaient les soldes de la Marine. En avril, l’Armée de Terre (à nouveau, après octobre 2011). En parallèle, depuis 2009, les fournisseurs du ministère de la Défense (de grosses boîtes comme Dassault, mais aussi beaucoup de PME) trinquent aussi. Il y en aurait pour 2 milliards d’euros, une paille.
Les 30 premiers jours de l’élection présidentielle de François Hollande vont être décisifs pour l’avenir de l’État français : par exemple, pour Nicolas Doze, chroniqueur incisif de BFM-TV, la note de crédit de la France sera certainement dégradée à nouveau avant le mois de juin. Et il y aura des adjudications de France Trésor (des ventes de dettes supplémentaires) chaque jeudi. Avec des taux d’intérêt à l’emprunt flirtant avec les 5%, il sera tout simplement impossible de faire l’économie de faire des économies. L’absence de la dette publique dans la campagne présidentielle et dans les débats, tout comme dans les préparatifs de la campagne législative, montre à quel point les politiciens français préfèrent nier leurs crimes financiers contre le peuple, jusqu’au bout, à tout prix. Aucun d’entre eux n’a signifié le début d’une once de plan de contingence pour parer à l’amplification brutale des chocs de trésorerie, ceux mentionnés plus haut étant simplement tus, balayés sous le tapis médiatique jusqu’au second tour.
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