Test : Fez (XLA)

Publié le 17 mai 2012 par Brokenbird @JournalDuGeek

Depuis l’avènement des plateformes de téléchargement, le jeu vidéo « indépendant » a le vent en poupe. On ne compte plus le nombre de ces « petits jeux » créés par une équipe réduite (parfois même par une seule personne) capable de tenir la longueur face à des blockbusters rincés aux pétrodollars. Après un accouchement des plus difficile (5 ans de gestation), Fez débarque enfin sur la plateforme de téléchargement de la Xbox360 avec ses gros pixels apparents et son univers complètement loufoque.


Gomez, son Fez, des cubes.

Deux récompenses à l’IGF (Independant Game Festival), une autre à l’Indiecade, un game désigner qui se retrouve au cœur d’un documentaire très attendu et qui accumule les déclarations houleuses. Fez a coché presque toutes les cases de la longue checklist du parfait buzz sur Internet. Caressant l’égo surdimensionné du joueur dans le sens du poil avec son esthétique 8-16 bits assumée, le jeu réussit le tour de force de proposer un gameplay moderne, sur un feeling ultra oldschool. Fez raconte l’histoire de Gomez, jeune homme bien sous tout rapport vivant dans un village dont la particularité est qu’il est plat. En 2D donc. Sans sens aucun pour une troisième dimension. D’ailleurs, cette troisième dimension est considérée comme fabulée voir sorcellerie par les congénères de Gomez comme en témoignent certains personnages louant la supériorité du simple carré au cube démoniaque. Comme en référence à tous les jeux vidéos des années 80 qui ont accouché de lui, Gomez se réveille un matin dans sa chambre et trouve une lettre dans laquelle le doyen de son peuple lui fixe un rendez-vous au point le plus haut de son village afin de lui transmettre le Fez, ce petit chapeau arabe qui va lui permettre d’explorer les dimensions auparavant interdites et de sauver le monde par la même occasion. Sauver le monde, car celui-ci est évidemment en danger. Gomez, et donc le joueur, devra parcourir un vaste univers afin de collecter les cubes dorés qui permettent sa tranquillité.

L’envers du décor.

La croix directionnelle sert à se diriger à gauche et à droite et le bouton A, à sauter. Bien que ne s’utilisant que très rarement, le bouton B permettra d’interagir avec les quelques éléments interactifs. X s’utilisera pour porter des objets et les lancer. On évolue donc dans un jeu de plateforme 2D qui est en apparence très classique. C’est avec les boutons de tranche que le joueur peut basculer d’un plan à un autre donnant une nouvelle dimension à un passage qu’on aurait ratissé de long en large. Parce que plus qu’un bête jeu de plateforme avec une mécanique Metroid (comprendre par la que le joueur est très souvent livré à lui même avec pour seul objectif de tout visiter et avec d’incessants aller-retour), Fez cache en fait une partie réflexion profonde à force de puzzles retords qu’il va falloir résoudre à la force de nos méninges. Deux plateformes trop éloignées l’une de l’autre pour se rejoindre par un simple saut pourront se rapprocher grâce à un effet d’optique. Les passages d’escalades se raccordent et permettent au joueur de pouvoir aller où bon lui semble. Si on ajoute à cela d’autres éléments liés aux décors et à l’ambiance propre d’un niveau, comme des plateformes tapies dans une nuit pluvieuse apparaissant à la lumière de l’orage, on comprend vite comment le jeu fonctionne et ce qu’il attend de nous. Les puzzles utilisant les illusions d’optique ont certes été déjà vus. On se souvient récemment de Super Paper Mario Wii ou Echocrome sur PS3 et PSP. Mais Fez parvient à renouveler la recette grâce à une maîtrise parfaite du genre. La quête principale se résume à trouver 32 cubes dorés disséminés dans tous les niveaux. Mais il y a, pour les plus exigeants, 32 cubes supplémentaires de couleur bleue et une multitude d’autres items (clés, cartes secrètes, morceaux de cœurs) à récupérer pour terminer le jeu de fond en comble. Véritable référence ambulante aux jeux des années 80-90 Fez impressionne sur bien des points.

Mais des défauts majeurs.

À vouloir aller trop loin dans la référence et dans l’ode aux jeux d’antan, Fez pêche sur une multitude de détails qui ne sont malheureusement pas anodins. La maniabilité d’abord, assez rigide, qui ne donne pas le droit à l’erreur et demande au joueur de faire des sauts calibrés au millimètre. La croix directionnelle de la Xbox360 n’aidant pas. Le jeu ne permet pas la mort de son personnage. Lorsqu’il tombe dans un gouffre, il se retrouve aussitôt sur la dernière plateforme sur laquelle il a marché. Ça reste assez agaçant quand, justement, fier de sa dextérité, on a du mal à traverser un passage à cause de la lourdeur de Gomez. Toujours en référence à l’âge d’or du jeu vidéo, le seul village du début sert de tutoriel au joueur. Après cela, il sera livré à lui même dans un monde d’une grandeur vertigineuse. Il y a bien une carte que l’on affichera à tout moment avec Back/Select, assez intuitive niveau légende, qui entourera les zones explorées à fond, mais il est tout de même assez peu lisible. Du côté technique ensuite, le moteur montre vite ses limites avec des saccades et autres ralentissements lorsqu’on use trop rapidement de ses gâchettes ou tout simplement durant les transitions d’un niveau à un autre. Pire encore, il arrive que certains objets malencontreusement perdus (une caisse jetée dans le vide) ne réapparaissent pas. Le summum revenant aux différents crashs aléatoires et aux reboots intempestifs survenant selon le modèle de votre console. Et on ne parle pas de ceux qui sont mis en scène et qui font partie intégrante de l’histoire, mais bel et bien de vrais bugs présents dans le jeu. À se demander comment le soft a passé la difficile épreuve de la certification Microsoft. Polytron travaille déjà sur une mise à jour pour corriger les problèmes.

Loin du trip rétro oldschool que son image veut lui donner Fez est plutôt intelligent dans sa démarche même si sa mécanique première est classique et acculée. Un tableau plein de qualités tout de même ternies par quelques grossières tâches qui agacent, tant le reste est proche du parfait. Mais pour moins de 10 euros, on ne va pas bouder ce plaisir.

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