Passer la frontière pour dîner chez Lipp quand l’officine du boulevard Saint-Germain est à un jet de pierre de votre résidence principale relève d’un certain snobisme. Mais ce n’est pas parce qu’on est à Genève qu’il faut respecter toutes les conventions… Première résolution adoptée à l’unanimité par la délégation.
Cette maison a bien réussi son acclimatation tout en conservant son identité et ses signes particuliers de brasserie parisienne : un décor Art Déco, des banquettes en cuir, de la vaisselle siglée et un joli brouhaha de coups de fourchettes et de conversations enjouées. Dans le Canton, c’est une institution à marque d’une croix blanche.
Au déjeuner comme au souper, Helvètes esthètes, quasi résidents et frontaliers bénéficient du même régime. Ils jouent les donneurs d’ordres à des serveurs en noir et blanc, fins conseillers prêts à donner le meilleur retour sur investissement à votre appétit dédouané. La carte est gold, voire platinium, mais le compte y est : plateau de fruits de mer, saucisson pistaché, choucroute garnie, poularde pochée, côte de bœuf et os à mœlle… rien que du bon pour jouer du couteau. La cave, sous bonne garde, fait preuve de neutralité en proposant de jolies carafes de blancs suisses, de rouges français et de vins du monde qui séduiront les plus indécis.
Le service, à la volée, risque parfois de vous faire regarder votre montre. Quant à l’addition, elle est un peu vache, mais pas de quoi cependant planquer vos avoirs ni mettre votre moral en Berne. Deuxième résolution : la Suisse, c’est de la Bâle.
Où : rue de la Confédération, Genève
Quand : après une bonne journée de trading, un match de tennis ou une régate sur le lac
Avec qui : les 3 Suisses, votre banquier, un grand horloger
A vos pieds : des pompes de luxe
Dans votre ipod : Avec le temps, Léo Ferré