Ce 16 mai, Cannes n'est pas inspirant, je ne ressens rien de l'excitation de l'an passé, même si les sélections hors compète nous révéleront de bonnes surprises qui feront l'année cinéma à venir. Parlons plutôt musique, donc.
Déjà parce que l'image sur le boitier (ce qu'on appelait la pochette, à l'époque des microsillons) est séduisante, avec cette pause de cinéma muet, ce bouquet, ces couleurs blanches, grises et rouges et cet air de grand jeune homme sage, de soupirant poli qui n'aura jamais quitté Sir Mc Cartney, dont on fêtera le soixante dixième anniversaire le 18 juin prochain.
Kisses on the bottom est, par excellence, le disque de la nostalgie, des jeunes années, des musiques un peu surannées mais découvertes avec Daddy, il y a bien longtemps, des musiques de thé et de miel. Le disque, aussi, de la simplicité, voire d'une certaine modestie. Paul Mc Cartney ne pousse jamais sa voix, il la laisse un peu fatiguée, un peu cassée, un peu fragile, comme s'il avait laissé dans un coin perdu de son manoir écossais le secret rock de sa jeunesse qui nous cachait ça : une douceur, une gentillesse, comme une tendre amitié vocale.
A un moment, on n'a plus rien à prouver et ce moment, manifestement, Paul Mc C. le vit avec bonheur, du moins avec sérénité. Ce petit disque, avec ses petits airs entre jazz et variété pop(ulaire), ses petits textes tendres ou amusants, montre, loin d'un Art d'être grand-père, à la Hugo, un art d'être grand et simple, simplement grand, dégagé de toute ostentation. Sensible et nous souriant amicalement.
Avec et sans les Beatles, Paul a montré sa virtuosité, sa capacité à dominer, à être celui qui, dans un choeur, donne le La. Ici, une sensibilité nue, sans affectation, presque sans ambition, nous touche jusqu'à l'intime. On the bottom ?
Histoire de sonner pro, l'affaire est emballée dans un son signé Tommy LiPuma et accompagnée par rien moins que le quatuor de Diana Krall, la Dame canadienne officiant au piano. Que demander de plus à la nostalgie ? Un concert évidemment.
Paul, on t'attend. Même à Bercy.
Comme les produits Beatles et dérivés ne sont pas disponibles chez Deezer, j'ai choisi d'illustrer ce petit billet par un clip, réalisé par Paul Mc et qui réunit deux "stars" libérées, ici, de leurs oripeaux : tutu de cygne noir pour l'une, porté chez Aronofsky et dentition de vampire pour l'autre, à la nouvelle mode Tim Burton. Ça s'appelle My Valentine, titre que je dédie à qui a su l'écouter et en découvrir toutes les subtiles beautés et connivences.
Il faut être con comme un Bayon pour parler, à ce propos, de "cuculterie" (dans Libération du 30 mars).
Et je ne bouderai pas mon plaisir, dans quelques jours, en acquérant la version plus que neuve de RAM (disponible le 21 mai). A noter, outre l'édition pharaonique du Barnum Mc Cartney (101 € pour 4 CD et 1 DVD), que l'édition dite Spéciale de Ram, en double CD, vous coûtera 21,19 € à la FNAC et 17,99 €, livraison comprise, chez Amazon. Je précise que je n'éprouve aucune sympathie particulière pour les requins d'Amazon, mais une sincère aversion contre la FNAC et sa politique des prix (prix relevés le 15 mai, en pré-commande).
Ce n'est plus le cas aujourd'hui, à l'heure où la mémoire se teinte de nostalgie. A vrai dire, autant je vais me précipiter sur la rééédition de Ram, autant je pourrais négliger celle d'Imagine, album de 1971 également qui, au fond de moi-même, ne m'a jamais semblé tenir la route.
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(non sponsorisée)
samedi 19 mai de 19h à minuit // entrée libre a la Cité de la Musique.
Dans le cadre de la Nuit Européenne des Musées et à l'occasion de son exposition Bob Dylan, l'explosition rock (61-66), la Cité de la musique règle ses espaces d'exposition au diapason de Bob Dylan.
Le site de l'expo.
Le lien vers le concert Moriarty : Before Dylan
à la Cité de la Musique.
That's all Folks.
Bonne semaine et bonne chance au nouveau gouvernement.