Il m’est impossible de passer sous silence les conlusions d’un récent sondage effectué par Towers Perrin. Avec plus de 90 000 répondants mondialement, dont 5 000 au Canada, ce sondage a tout pour donner une grande impression de rigueur. Pourtant, quand on lit le communiqué de presse, on est en droit de de questionner sur le sérieux de la démarche de ce sondage qui se révèle extrêmement positif sur le monde du travail. N’allez pas croire que je suis toujours négatif, mais un minimum de réalisme s’impose. Laissez-moi reprendre les cinq principales conclusions du rapport pour illustrer les raisons qui justifient mes doutes.
- Il ne faut pas stresser avec le stress : 69% des Canadiens sondés indiquent que le stress les laisse neutre ou stimule leur dynamisme. Humm, j’ai souvent entendu parler de stress positif qui aide à mieux performer ceux qui aiment bien ressentir un minimum d’adrénaline pour se “fouetter” au boulot. Mais de là à affirmer que 7 travailleurs sur 10 n’a aucun problème avec le stress… Ça saute aux yeux que la notion de stress a été présenté d’une façon assez positive, non pas telle qu’elle est normalement perçue. De plus, il est généralement accepté que le stress est négatif pour plusieurs travailleurs, voire même paralysant.
- La technologie n’est pas l’ennemie : Cette conclusion-ci, j’ai un peu moins de difficulté à l’admettre car à mon avis elle témoigne d’un aspect très pernicieux des technologies qui fait en sorte que les travailleurs se sentent plus libres alors qu’ils sont effectivement plus enchaînés à leur travail. Le sondage avance que 86% des répondants estiment que la technologie leur permet d’atteindre un certain équilibre entre leur vie personnelle et professionnelle. C’est sûr qu’en lisant des emails sur son blackberry dans la métro, on gagne du temps à la maison…
- Travailler pour vivre ou vivre pour travailler : le sondage affirme que 73% des répondants indiquent qu’ils travaillent pour subvenir à leurs besoins alors que seulement 9% répondent que leur travail est l’élément le plus important de leur vie. Je ne vois pas où est le mythe ici, rien de surprenant à ces chiffres. Et de toute façon, vous en connaissez beaucoup des gens qui se vantent de vivre pour travailler … ou qui s’en rendent compte?
- Les travailleurs perçoivent leur emploi et leurs employeurs positivement : Je vous recopie simplement les chiffres communiqués, que je trouve dignes d’un superbe conte de fées…
- Les Canadiens sont très optimistes quant à leurs possibilités deréussite. Près des trois-quarts des répondants (74 %) pensent qu’ilsréussiront et 68 % sont généralement optimistes quant à leur avenir.
- Une majorité de répondants canadiens (64 %) indiquent que leur emploileur donne beaucoup d’énergie ou leur remonte un peu le moral.
- La très grande majorité des salariés au Canada (86 %) aiment bien ouadorent leur travail, 79 % aiment bien ou adorent leur entreprise, tandis qu’une vaste majorité 81 % aiment bien ou adorent leur patron.
- Les relations averc le supérieur immédiat sont importantes, mais moins que les pratiques générales de l’entreprise : Encore ici, on est en plein monde féérique. La relation avec le patron et les collègues immédiats est ce qui compte le plus dans un travail. Nombre de travailleurs se plaisent dans une mauvaise entreprise parce que le directeur de leur département est excellent et le contraire est également vrai.
En conclusion, je ne vois pas quel pourrait être la motivation de Towers Perrin de biaiser un tel sondage. Après tout, ils n’en ont rien à profiter. Mais je n’arrive pas à coller les résultats de l’étude avec ce que j’observe depuis longtemps dans le monde du travail québécois.