A ses débuts, donc, Pingit était un de ces innombrables systèmes permettant à un client de Barclays d'envoyer de l'argent à un tiers (client ou non) en fournissant uniquement son numéro de téléphone mobile, économisant ainsi la pénible collecte et saisie d'un numéro de compte bancaire.
Huit semaines après ce démarrage et avec déjà 400 000 téléchargements au compteur, la banque inaugurait ensuite l'ouverture complète du service aux non-clients. En leur proposant de créer un compte virtuel, qu'ils peuvent alimenter à partirdes paiements qu'ils reçoivent, de leur compte bancaire, ou encore en déposant des espèces (dans une agence ou sur un GAB), tout citoyen britannique peut ainsi envoyer de l'argent à tout autre, sans frais.
Enfin, cette semaine, une nouvelle version de l'application mobile Pingit vient ajouter un lot supplémentaire de fonctions qui la rendent encore plus utile. Au chapitre des "accessoires", elle devient par exemple capable de prendre en compte plusieurs numéros de téléphones pour un même bénéficaire et d'enregistrer des comptes joints. En matière de gestion, elle offre la consultation de l'historique complet des transactions. Plus original (et tellement pertinent !), les clients de Barclays disposent aussi d'un aperçu de leur compte courant !
Je ne prétendrai pas savoir pourquoi Pingit rencontre le succès alors que tant d'autres initiatives similaires n'arrivent pas à conquérir une base d'utilisateurs (en écartant l'excuse, trop facile, des différences culturelles entre pays). Mais il est tout de même aisé d'identifier quelques choix uniques réalisés par Barclays dans son implémentation, parmi lesquels figurent certainement les ingrédients d'une recette réussie.
Première caractéristique spécifique, ce porte-monnaie électronique cible (naturellement) les paiements entre particuliers mais aussi, depuis l'origine, les (petites) entreprises. Celles-ci bénéficient des mêmes conditions que les consommateurs (de gratuité, notamment) et disposent également de quelques avantages supplémentaires : absence de plafond d'encaissement, fourniture d'une signalisation dédiée ("Now accepting Barclays Pingit!"), acquisition des informations de paiement par QR code et intégration d'un annuaire des entreprises dans la sélection des bénéficiaires de l'application mobile...
Deuxième particularité, tout aussi distinctive et particulièrement louable de la part d'une "vieille" institution financière, Barclays écoute ses utilisateurs et fait évoluer rapidement son service (et, surtout, son application mobile) en fonction de leurs demandes, ce qui en explique la richesse atteinte en un temps record et la présence de fonctions exclusives, et utiles (la consultation du compte courant est un bon exemple).
Pour les utilisateurs, la proposition de valeur de Pingit est transparente : il s'agit d'un moyen de paiement simple à utiliser, universel, toujours disponible, immédiat et gratuit. Conséquence, au-delà du nombre de téléchargements de l'application mobile (500 000 aux dernières nouvelles), Barclays a été surprise par la popularité de son utilisation, notamment pour les règlements aux petites et moyennes entreprises et les paiements en ligne (les achats de proximité ne sont donc pas seuls concernés), voire même sur eBay (face au géant PayPal !).
Finalement, la seule inconnue de cette success story est le modèle économique de Pingit. Puisque le service est gratuit pour ses utilisateurs, sa seule source de valeur visible pour la banque est l'acquisition de "clientèle" qu'il génère (l'exploitation des données personnelles recueillies fait partie des conditions générales). Est-ce suffisant pour justifier les coûts ou existe-t-il d'autres objectifs, qui ne seront dévoilés que dans un deuxième temps ?