Pour le moins ténu, répétitif, d'une apparente banalité ou pauvreté, ce texte du dramaturge norvégien Jon Fosse se révèle une partition épouvantablement ardue et presque insurmontable pour qui n'a le talent ou l'expérience de ces grands comédiens que sont Catherine Hiegel et Michel Aumont. A la Madeleine, sous la houlette de Jacques Lassalle, les deux anciens sociétaires du Français s'emparent avec une maestria absolue de ce "Fils" qui ne trouve sens et profondeur que dans leurs silences et l'intériorité qu'ils parviennent à donner aux personnages.
Vivant dans un village déserté, reclus au fond d'un fjord, un couple de retraités est sans nouvelle de son fils depuis bientôt six mois. Minés par leurs angoisses, l'ignorance, l'attente, la solitude, un quotidien dénué d'enjeu, leurs maigres et rares échanges transpirent une souffrance indicible. Et tandis que leur unique voisin affirme que le garçon a fait de la prison, celui-ci réapparait enfin. Ce retour met alors en lumière une incommunicabilité parents-enfant semblant totale et, qui plus est, ne pas dater d'hier...
Pesante est l'atmosphère, lourde est l'ambiance de cette exploration silencieuse des âmes, des sentiments, des consciences, des névroses, des blocages... Optant pour une scénographie plutôt oppressante et une bande son lancinante qui n'incite pas davantage à la gaudriole, Lassalle réussit ce pari risqué et adjoint pour partenaires aux deux monstres sacrés Jean Marc Stehlé ainsi que le jeune Stanislas Roquette. Le premier tient non sans talent le rôle du voisin alcoolique, malheureusement relativement accessoire. Le second compose avec finesse un fils insaisissable et énigmatique.
Eprouvant.
Mais brillant !
Réservez vos places en cliquant ci-contre :
Photo : Dunnara Meas