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La Cabane dans les bois

Par Thibaut_fleuret @Thibaut_Fleuret

La Cabane dans les bois

La hype Joss Whedon tourne à plein régime. Alors que son Avengers pulvérise tout sur son passage, autant le box-office mondial que la critique, La Cabane dans les bois vient se poser tranquillement sous son aile. Producteur, scénariste et réalisateur de seconde équipe, ce petit métrage d’horreur est également le bébé de Whedon même si on retrouve Drew Goddard à la réalisation. Et cela se sent tant le film arrive à agripper la presse et à se poser comme culte. Pourtant, même si le métrage reste agréable à regarder grâce à des partis pris risqués, il ne faut pas non plus crier au génie tant il existe certaines tares.

La Cabane dans les bois est avant tout intéressant par son concept. Un groupe de jeunes part en virée dans une forêt passer le week-end et ils vont se faire rejoindre par une troupe de zombies qui va se faire un plaisir de les charcuter. Jusque-là, rien de nouveau à l’horizon, surtout que ces personnages respectent le cahier des charges du cinéma d’horreur. En effet, il y a le sportif, la bimbo, la vierge, le défoncé, l’intellectuel et les premières situations sont convenues. Néanmoins, un groupe de scientifiques fait rapidement son apparition. Le spectateur va alors se rendre compte que ces derniers vont manipuler les adolescents pour en faire une espèce de spectacle télévisuel. La grande force du film réside dans cette construction scénaristique qui suggère surtout un refus de l’archétypal twist final. Ici, tout est dit dès les premières images, peut-être de manière trop flagrante, mais au moins, le spectateur va pouvoir se concentrer sur la mise en place du dispositif. Joss Whedon ne veut pas, à première vue, balader son spectateur. Il veut l’amener à réfléchir. Et il le fait bien. Dans le cinéma d’horreur contemporain, le concept s’attache dernièrement au discours méta-textuel (grossièrement le film qui parle de films). Certains y arrivent bien quand ils le prennent dans une optique réellement originale. Le récent Tucker And Dale vs Evil le démontrait. La Cabane dans les bois arrive également à se détacher et à se distinguer par une sorte de pirouette sur le méta-texte que le film ne convoque pas vraiment. Ici, on est en fait davantage dans la mise en abyme, plus proche de la démarche d’un Truman Show de Peter Weir que de celle d’un Scream de Wes Craven (l’un des maîtres étalons de cette cinématographie). Ainsi, les personnages n’ont pas la conscience d’être des clichés figuraux même s’ils sont et vivent comme tels. Ils ne vont donc pas commenter grossièrement leurs actions et leurs statuts. Par contre, les scientifiques tout comme le spectateur, eux, connaissent leur importance cruciale dans le récit. La Cabane dans les bois est avant tout une démarche scénaristique qui joue un rapport au spectateur plus qu’un exercice de style cinéphilique et spécialisé qui lui dicte sa vision du film. Il ne faut donc pas voir dans cette démarche une volonté de jouer avec le spectateur ou de le prendre pour un incrédule dans un cynisme malveillant.

Pour que le film ne se prenne pas les pieds dans le tapis, il ne faut pas que le concept soit trop redondant sous peine d’ennuyer le spectateur. Joss Whedon et Drew Goddard ont donc décidé d’envoyer du lourd à la fin du métrage dans une volonté d’aération du récit. En ce sens, les principes d’écriture apparaissent moins verrouillés que prévu et le film dégage une certaine liberté. Certaines idées sont bonnes comme cette convocation ultime du catalogue de l’horreur cinéphile qui propose un éventail intéressant des contre champs à ce qu’aurait pu être le film. Le spectateur se met alors à penser aux multiples possibilités en faisant marcher imagination, fantasme et connaissance cinéphilique dans une démarche aussi large que possible. Néanmoins, malgré des intentions louables, on n’échappe pas à une forme de grand-guignolesque qui dessert le métrage. Sans en révéler les enjeux, la séquence finale n’est clairement pas du même niveau que l’ensemble d’un film qui se voulait avant tout cérébral. Il faut, cependant, bien avouer que ce climax final colle à l’identité de son auteur puisque l’on peut y déceler des tics d’écriture situationnelles à la Buffy contre les vampires, la série qui a mis le scénariste / producteur sur le devant de la scène. Pourtant, la sauce ne prend pas. Pire, le film tend à expliquer les tenants et les aboutissants du scénario comme si le spectateur n’avait pas déjà compris ce qui se tramait au sous-sol du film. C’est ici qu’il faut placer du cynisme car les développeurs donnent quand même l’impression de se foutre du spectateur. Le film donne une impression d’être trop malin pour être totalement sincère et le concept se retourne contre lui-même. A cause de la multitude de ses volontés, La Cabane dans les bois devient alors un objet qui devient hétérogène et, par voie de conséquence, perd son identité profonde.

Hélas, si ce concept est passionnant dans le fond et les principes d’écriture intéressants même si mal conclus, le film peut se targuer de n’avoir pas su élever le niveau dans la forme. Les acteurs ne sont pas toujours très bons, la faute sans doute à une version française d’assez mauvaise qualité, mais peut-être que Drew Goddard n’est pas non plus le directeur d’acteurs ultime. La conséquence est terrible puisque le spectateur a du mal à s’identifier à des protagonistes qui dégagent peu d’empathie. Surtout, la mise en scène et le découpage ne sont pas à la hauteur. Si certaines fois, le spectateur peut remarquer quelques plans iconiques au cinéma d’horreur avec un certain sens de la citation filmique, l’ensemble reste quand même assez plat et sans réel passion. Quant aux scènes de meurtres, s’il existe un certain côté graphique, le montage n’est pas des plus dynamiques et ne fait pas ressentir la brutalité de l’acte. En ce sens, le film n’est ni jouissif ni subversif. Cette subversion, d’ailleurs, est le maître étalon de l’horreur. Ici, pourtant, il n’existe pas de discours iconoclaste sur le monde qui nous entoure, pas même pouvons-nous voir une minuscule critique sur l’univers médiatique. Finalement, une fois le dispositif compris et accepté, le métrage peut sembler assez vide.

La Cabane dans les bois ne se pose finalement que comme un métrage parfois convainquant, parfois creux. La volonté conceptuelle oublie un peu qu’un bon film se doit également d’avoir un discours et elle en arrive à vampiriser la démarche globale. Le métrage ne s’élève donc pas dans la hiérarchie de l’excellence du cinéma de genre.


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