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Le Val d’Oise tire-t-il ses élèves vers le bas ?

Publié le 16 mai 2012 par Triton95

Un les inégalités socio-spatiales d’éducationa été produit sur les inégalités territoriales en matière scolaire. Je suis frappé par la comparaison entre deux deux départements, le Val d’Oise et la Haute-Loire et la Loire. En page 104 on trouve un tableau de comparaison entre le taux de réussite attendu et le taux observé. Pour le Val d’Oise, le taux observé est inférieur de 5% à ce qu’il devrait être compte tenu de la composition sociale, alors qu’en Haute-Loire il est supérieur de 3,6%. Bien sur, il peut y avoir des biais, les classes sociales ne sont pas homogènes en définition sur le territoire, avec le même revenu on peut être riche en Haute-Loire, et pauvre en région parisienne, compte tenu du poids budgétaire de l’immobilier pour les familles. Mais quand même 8% d’écart dans les résultats entre ce département rural, et ce département de banlieue.

Le rapport explique que les enseignants fuient les mauvais établissements, ainsi que les bons élèves, et ils sont pris dans une spirale descendante. C’est donc le niveau plus faible des plus faibles qui ferait en quelque sorte baisser la moyenne. On peut se poser beaucoup d’autres questions, rechercher encore d’autres facteurs d’explication.

C’est une grande question qui est posée aux hommes politiques de la région parisienne, ce fait que la région intrinsèquement tire ses élèves vers le bas, au-delà de leur défaveur sociale. Mais est-ce qu’il existe un problème culturel ? Un journal a proposé cette interprétation :

“Semaine du jeudi 25 mai 2006 – n°2168 – Notre époque

Résultats excellents en Haute-Loire, mauvais en région parisienne

Collèges : la revanche des campagnes

La concurrence forcenée entre établissements scolaires qui existe dans les départements fortement peuplés tire les résultats d’ensemble vers le bas. Une équipe de chercheurs de l’éducation vient d’en faire la démonstration

Dis-moi où tu habites, je te dirai comment tu réussis ! Telle est la révélation d’un rapport sur les inégalités territoriales en matière d’éducation, dont « le Nouvel Observateur » a eu la primeur (1). L’équipe des chercheurs y fait valser les idées reçues sur le déterminisme social des résultats scolaires. Qui existe, certes, mais, nous apprend ce rapport, les spécificités régionales pèsent tout aussi lourd. A milieux comparables, les élèves de la Haute-Loire réussissent bien mieux que ceux de la région parisienne. C’est aussi simple et aussi terrible que ça.
Cette découverte est le résultat d’un gros travail. Enquêtes de terrain, exploitation de séries statistiques, confrontation des résultats réels des écoles et collèges avec ceux qu’ils auraient dû obtenir (2), compte tenu de leur profil sociologique, du nombre d’élèves étrangers, de la proportion de parents chômeurs et d’élèves boursiers. «Cette comparaison permet de faire apparaître la plus-value de l’établissement ou du département», explique le sociologue de l’éducation Sylvain Broccolichi.
Bilan ? Une dizaine de départements français sont en « sur-réussite » scolaire. La Haute-Loire, plus célèbre pour son festival de musique, ou la Loire, chef-lieu Saint-Etienne ; et aussi la Vendée, le Lot-et-Garonne, les Hautes-Pyrénées, la Meuse… des département ruraux pour la plupart, assez peuplés (entre 30 et 80 habitants/km2), qui comptent quelques dizaines de milliers d’élèves. A l’inverse, une douzaine sont en « sous-réussite » : l’Ile-de-France (sans Paris), l’Oise, la Somme et l’Eure. Et toute la Côte d’Azur. Soit plusieurs centaines de milliers d’élèves.

Pourquoi Marseille ou la région parisienne font-elles moins bien réussir leurs élèves que la Meuse ou la Vendée ? La faute à la densité urbaine. Les chercheurs le démontrent : dans les zones rurales, les collèges et lycées, éloignés les uns des autres, ne se font pas d’ombre. Le bon collège, c’est le collège du coin. Les établissements n’ont pas besoin de batailler pour retenir leurs meilleurs éléments. Du coup, ils offrent un cadre d’études préservé, loin des tensions et des angoisses qui perturbent la scolarité dans les grandes villes. Et pan sur le bec à ceux qui critiquent la carte scolaire, cette sectorisation qui impose aux familles l’établissement du quartier. Autres ingrédients de la sur-réussite : la stabilité des équipes enseignantes, une forte proportion de professeurs expérimentés, un taux élevé d’enfants qui vont en maternelle un peu avant 3 ans.
La Loire, seul département urbanisé du top ten, est un cas d’école. Surprise des chercheurs quand ils la trouvent dans le haut du panier. «Les résultats de Saint-Etienne étaient tellement bons que nous avons cru à un trucage», s’exclame Sylvain Broccolichi. Le secret de la réussite stéphanoise ? Un cocktail rare. D’abord, élus, associatifs, inspecteurs, tous semblent travailler ensemble à la bonne marche des établissements, « une solidarité héritée de la culture minière», selon leschercheurs.Mais plus encore ces bons résultats sont liés, disent-ils, à l’absence d’un établissement d’élite où se concentreraient les rejetons de la bourgeoisie locale. Broccolichi : «La pompe du contournement n’est pas amorcée.»

Ce climat préservé, cette sérénité qui permet de se concentrer sur les apprentissages, voilà ce qui manque cruellement aux départements du Bassin parisien et de la Côte d’Azur en sous-réussite. «Dans ces départements denses, le maillage serré des établissements perturbe leur fonctionnement. Bafouant les règles de la sectorisation, les collèges s’y livrent à une surenchère inavouée pour attirer les enfants «les plus appréciés», les moins problématiques, les plus favorisés», explique Sylvain Broccolichi. Et les profs suivent. Car l’évitement est aussi pratiqué par les enseignants, qui fuient les collèges… fuis par les élèves. «Une logique de sauve-qui-peut généralisée qui entraîne une concentration des difficultés et une dégradation du climat dans ces collèges.» Et qui pénalise les élèves «captifs», souvent issus de l’immigration.

Cette concurrence pousse les collèges à tout mettre en oeuvre pour retenir ou attirer les bons élèves, via les classes européennes et autres classes musicales : une forme de ségrégation interne «préjudiciable au plus grand nombre», puisque lesélèves déjà fragiles sont relégués dans des « classes poubelles », qui tirent vers le bas la moyenne de l’établissement. Mais qu’on se le dise : tous les enfants trinquent. Dans les académies de Versailles et de Créteil, les fils de cadres, eux aussi, ont généralement de moins bonnes notes qu’ils ne le devraient. Car il n’y a pas que les collèges populaires qui voient fuir leurs meilleurs éléments et qui plongent dans un sentiment d’exclusion qui nuit aux résultats. Par contagion, les collèges moyens subissent, à moindre échelle, les mêmes effets. Seuls une poignée d’établissements, publics et privés, tirent les marrons du feu et obtiennent à l’inverse d’excellents résultats.
L’inquiétude des chercheurs est palpable quand ils évoquent les solutions possibles. Comment appliquer la recette stéphanoise aux collèges cabossés de la couronne parisienne ? Comment limiter l’évitement, consolider les équipes de profs, créer une dynamique de soutien (avec les élus, les associations) autour des établissements qui flanchent ? Cher à Gilles de Robien, le nouveau dispositif « Ambition Réussite » mis en place dans les collèges les plus fragiles a ces prétentions. Mais ces mesures qui vont dans le bon sens sont d’avance sabotées par le manque… d’ambition, alors même que les ghettos scolaires et sociaux s’accentuent. L’égalité du service public d’éducation ? On n’y est pas.

(1) « Les Inégalités socio-spatiales d’éducation. Processus ségrégatifs, capital social et politiques territoriales », rapport des chercheurs Brigitte Dancel, Jean-Paul Russier, Danièle Trancart, Sylvain Broccolichi, Catherine Mathey-Pierre, Brigitte Larguèze, Edith Waysand, Carole Asdih, Choukri Ben Ayed, Elisabeth Gagneur, François Quinson, commandé par les ministères de la Recherche, de l’Education et de la Datar, mai 2006.

(2) En exploitant les évaluations à l’entrée en sixième, les résultats au brevet des collèges entre 1999 et 2003, et le devenir des élèves un an après leur passage en seconde .

Caroline Brizard Emmanuelle Walter “



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