Un autre long week-end approche et s’il y a bien un film que j’ai envie de revoir tant il m’a marqué, ce serait Walk Away Renée. Oublions un instant les Avengers, Edward Norton en boy-scout, les Battle Royale sauce US et même la version d’Intouchables signée Audiard pour revenir et nous concentrer sur un plus « petit » film, un nouvel Ovni de cinéma réalisé par le trop rare Jonathan Caouette.
Flashback. Cannes 2004. Le petit monde du cinéma découvrait Tarnation, un montage dérangeant, insolite mais surtout totalement psyché d’images de Caouette et ses proches qu’il garde depuis l’enfance.
2012. Le petit Caouette a grandi mais l’histoire reste la même: celle de sa relation avec sa mère et ses problèmes de schizophrénie, son addiction au lithium et ses crises. Entre-temps, Jonathan est parti vivre à New-York, sa mère Renée est dans une clinique à Houston qui ne lui convient plus; il vient donc la chercher au Texas pour la ramener plus près de lui. Se dessine alors un road-movie fascinant, bouleversant qui plonge le spectateur dans les grands moments de la vie de Renée, le perd entre les époques dans un montage-collage très pop-art qui brouille les frontières entre passé, présent et futur. Montage et mise en scène si bouleversantes qu’ils donnent l’impression d’avoir été précisément guidés par sa mère, le rythme des images et leur agencements semblent fonctions des changements d’humeur de Renée: on passe du présent au passé aussi simplement que de la comédie familiale au mélodrame voire psychodrame hystérique (cette scène où elle hurle dans la nuit me revient sans cesse). Un film à contre-courants passant d’une séquence à l’autre à un « auto-documentaire » jusqu’à l’étude de cas clinique voire le thriller parano et hallucinogène. On comprend alors mieux les passages purement abstraits, ces nombreuses distorsions de l’image et ce travail sur les visages qui rapprocheraient presque Caouette de la peinture expressioniste.
Jonathan a grandi, il ose montrer sa mère en pleine crise. On sent chez ce réalisateur l’urgence de montrer pour une dernière fois le visage de celle qui fut le réel moteur de son oeuvre et de sa carrière (Caouette montre des archives de lui remerciant sa mère aux quatre coins de monde au moment de la promo de Tarnation en 2004) et la peur certaine de le perdre.
Caouette comble largement les espoirs placés en lui depuis bientôt 10 ans, celui d’un cinéaste surdoué, un grand manipulateur de formes empreint de nostalgie et qui arrive enfin à vivre dans le présent. Walk Away Renée est sûrement la voie vers une nouvelle étape de son cinéma. La suite dans moins de 10 on espère…
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