Selon une récente évaluation du WWF, seules 35 % des zones protégées maintiennent des normes minimales de protection. En effet, sur les 63 zones évaluées, simplement 22 d’entre elles offrent de véritables refuges pour les tigres ou d’autres espèces menacées. Ces sites protégés ne sont pas toujours viables dans la lutte contre le braconnage.
- Alors que s’ouvre une réunion à New Delhi sur le sujet, la menace du braconnage persiste et croît
« Le braconnage est la menace la plus immédiate pour les tigres. Les aires protégées, quant à elles, sont les premières lignes de défense face au braconnage », explique Mike Baltzer, responsable de l’Initiative Tigres du WWF. « Si cette évaluation préliminaire reflète réellement la situation sur le terrain, cela veut dire que les zones protégées ne fonctionnent donc pas comme des havres de paix pour les tigres. Il n’y a donc aucun espoir d’atteindre l’objectif de plus de 6000 tigres en 2022 ».
En Novembre 2010 à Saint-Pétersbourg, lors du Sommet du tigre, les 13 gouvernements des « pays du tigre » se sont engagés à doubler le nombre de tigres sauvages d’ici 2022. C’est aujourd’hui et jusqu’au 17 mai 2012 qu’ils se réunissent de nouveau à New Delhi afin d’évaluer les progrès et planifier les prochaines étapes.
Certaines parties du corps de l’animal et de nombreux produits dérivés qui en sont issus sont prisés par les consommateurs. Cette demande accrue fait du braconnage le principal facteur risquant d’inverser les attentes de ces gouvernements mais aussi des donateurs et d’autres partenaires travaillant sur cet « objectif 2022 ». La réunion de New Delhi va être l’occasion de lancer une opération immédiate ayant pour but d’améliorer la protection des sites classés comme « critiques » pour les tigres. Ainsi, des mesures pourront être prises afin de progresser vers l’arrêt total du braconnage.
- Faute de moyens humains et matériels, les sites protégés manquent d’efficacité
Ces sites reconnus comme « critiques » pour la croissance de la population des tigres sauvages ont été déterminés par des scientifiques et des chercheurs œuvrant dans le domaine. Ces résultats sont les fruits d’une évaluation couvrant 84 sites (dont 63 zones protégées dans lesquelles le WWF travaille sur la conservation de l’espèce), et qui repose sur trois facteurs jugés essentiels à la protection des tigres : le nombre de personnel dans les aires protégées, l’utilisation d’outils de répression et de surveillance et le degré de protection légale du parc en question.
Selon les équipes du WWF, 41 de ces 63 zones protégées manquent de personnel. L’évaluation indique également que seulement 18 des aires protégées étudiées, soit 29% du total, sont actuellement équipées d’ordinateurs, de systèmes de détection et de répression de surveillance les aidant à gérer les sites de manière plus efficace. La majorité des sites comptent donc encore sur des techniques d’analyses manuelles. Dans les prochains mois, le nombre moyen d’équipements informatiques devrait augmenter grâce à deux nouveaux systèmes déjà installés dans de nombreuses zones protégées. Au Népal, l’année 2011 a été célébrée comme une année « zéro braconnage » pour les rhinocéros, un chiffre largement attribué à l’augmentation des postes au sein de plusieurs zones protégées.
- Des mesures et des investissements plus que nécessaires
« De toute évidence, afin d’assurer une meilleure application des principes de protection, de nombreuses zones essentielles pour les tigres ont un besoin urgent d’investissements», a déclaré Edina Ifticene, Chargée de programme Mékong au WWF France. « Les gouvernements des pays du tigre devraient immédiatement accroître leurs engagements et leurs investissements dans la sécurisation de ces sites. Ils doivent veiller à la bonne application des règles grâce à des équipes de travail suffisantes, efficaces et dévouées sur le terrain afin de parvenir à l’objectif zéro braconnage. »
Suite à de tels résultats, le WWF a identifié trois mesures que les gouvernements des « pays du tigre » doivent prendre immédiatement afin de lancer une opération « zéro braconnage ». Il s’agit notamment d’identifier et de délimiter les sites prioritaires nécessitant une importante protection contre le braconnage. Il est également important qu’ils aient des équipes suffisantes et bien formées pour surveiller et améliorer leur efficacité en utilisant de meilleurs systèmes de surveillance. De plus, le WWF suggère que la police et la justice doivent aider à assurer une répression stricte du braconnage et s’engager activement auprès des communautés locales vivant à proximité de zones essentielles pour la conservation du tigre.
- Avis Sequovia
Ce communiqué de presse de WWF met en relief l’impact des activités humaines sur l’environnement, et en particulier sur la biodiversité. Ainsi, la population mondiale de tigre a été divisée par 30 en un siècle. Les objectifs de repeuplement du sommet de Saint-Pétersbourg, ne seront pas atteints si de strictes mesures de protection contre le braconnage ne sont pas prises par les « pays du tigre ».
En effet, de nombreux produits dérivés de l’animal sont consommés dans les pays asiatiques, principalement en Chine, ce qui encourage la chasse illégale. Ainsi, le tigre sert à fabriquer des objets porte-bonheur ou de décoration, et certaines parties du corps sont encore utilisées dans la médecine traditionnelle. Il est donc nécessaire de sensibiliser les populations à l’extinction de l’espèce, afin de définitivement stopper la consommation et l’utilisation des produits dérivés du tigre, à l’origine du massacre.