[SANS TITRE]
Je reviens sur mes pas
Aussi fragile que dormir sur morceaux de verre
matelas de clous Dormir dans massif
Avec marques d’herbes
empreintes
sur les joues
La nuit tombée
Je me réveille en pleine nuit
Il n’y a plus aucune fleur
Les murs sont devant
Quelqu’un chuchote :
l’hiver tombé
l’été passé
Je jette tout dans un couloir
De cet endroit – bout du monde
J’enlève drap après drap
Je ramasse de la terre
humide comme dans les rêves
Les paupières sont collées
J’avance avec les yeux fermés
la lumière étincelle
Des heures après
Le fil
Se détache
De moi
la cire se défait
en miettes
lorsque je m’éveille
Les cils collés
Que l’on rince
Le monde tremble sans bruit
Une porte claque :
Je garde les yeux fermés
Je ne dois rien vous dire – des choses passantes
Et rapides
Et ce que je dis est d’une extrême légèreté
Au matin
Je frôle ses paupières
Maintenant j’appuie sur sa bouche
Des phrases passent
Et son corps
C’est moi qui fournis les éblouissements
J’ai exactement le corps
Entre les mains
Avec les orties
Le visage est de travers
Et la lumière
N’éclaire plus
Mais les mains fuient
Je les rattrape
Je fais un geste immédiat Je les pose sur la tête
Toujours
Pour m’élever
Avec les orties
Partout dans les terres
Fabienne Courtade
Textes inédits (février 2010) pour Terres de femmes (D.R.)
Extraits
suffoquer prendre cette douleur
délicieuse douceur attendre
regarde passer
je voulais t’avaler, je te regarde, je
n’en reviens pas j’y reviens pourtant je
viens
regarde
avale
perds
un peu de sueur bord
des lèvres si douces évidentes s’y
noyer
avec
champs de bataille même
sous
dessous moins que
rien au-dessous de
moins que rien
fermer avec mots inscrits sur papier : mots d’amour – écrit-il
/ sans/
ce sont mots derniers, sur billet de banque combien
je coûte ( rien je
ne
coûte rien
***
le corps est de dos
nous sommes dos à dos
j’avance
28 juin de l’année précédente
quelqu’un dit violence noire
sombre
poudrée
point de douceur, un peu de couleurs
sorti des ruines se déplace aussi
ciel gris je ne vois pas
même en ouvrant
le corps des aveugles
avec de petits saignements
alors nous allons en somnambules sont allées de somnambules
sa main se pose juste au-dessus de ma tête
sorte de battement d’ailes
il s’éloigne très vite
la lumière de la fenêtre
se déplace lentement
on ne voit plus
que poussières, débris de peau
Parfois du bleu en ruine
F. Courtade / Espace Liberté et les éditions Les Ennemis de Paterne Berrichon
extrait de Il reste
.
murmure des mots très éloignés
j’avance de grandes étendues sont devant des silences
tournent
continuent
je parlerai sans voir
je fais des détours encore, je m’éloigne je (le) vois
il
je ne sais la ténèbre, je ferme toutes choses avant
quels mots alors quels gestes
la scène brille toujours
en bas
sans aucune partition
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.
extraits de Ciel inversé 1
.
Ciels
pour s’en nourrir
il lui fallait attendre
aurore
ciel inconnu
aube soudaine
sans lequel la lumière
éclate
et tue
***
Infime espoir
là, où le soir se pose
ciel noir pâli
les roches
autour desquelles tourne
ciel noir incendié
face à la terre
Au début était la douleur
***
Songe
Quel songe
comme la seule présence qui nous soit
fissure, neige
poussières roulent
sous les doigts
sous ce ciel
terre
et de longs jets
brun – pourpre
.
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Un entretien sur remue.net
Un entretien sur le matricule des anges
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