Certes, la demande des investisseurs est tellement forte que, à court terme du moins, il y a vraisemblablement une bonne affaire à réaliser.
Mais de nombreux analystes ont leurs doutes sur la performance de la jeune entreprise californienne, même ceux qui estiment que l’action de Facebook vaut plus encore que les 34 à 38 dollars que pourraient coûter les actions au moment des premières cotations.
Cette valorisation, qui revient à une capitalisation pouvant atteindre jusqu’à 104 milliards de dollars une fois prises en compte toutes les stock options, a de quoi donner le vertige: elle représente plus de 60 fois les bénéfices attendus cette année, et 40 fois ceux qui sont espérés pour 2013.
En moyenne les valeurs cotées sur le marché électronique Nasdaq, où s’échangeront les actions Facebook sous le sigle FB, ont une valorisation représentant moins de 20 fois leur bénéfice, le coefficient de capitalisation des résultats atteignant 18,5 pour Google, le gros concurrent le plus direct de Facebook.
En outre les derniers résultats financiers font état d’un ralentissement de la croissance des recettes publicitaires, de coûts en hausse, et d’une médiocre monétisation de l’internet mobile, par lequel transite une part croissante du trafic du site.
« Il est vraiment très vraisemblable que l’entreprise soit surévaluée », note l’analyste Rick Summer, du cabinet Morningstar, qui pense que sa vraie valeur ne dépasse guère les 32 dollars par action.
Mais comme le note Virginie Lazès, directrice associée à la banque d’affaires Bryan Garnier, « c’est une intro de place, c’est-à-dire l’intro où il faut être, ça fait chic pour les investisseurs et ça fait chic pour Facebook ».
Reste que « parfois, les attentes dépassent les fondamentaux », s’inquiète Trip Chowdhry, de Global Equities Research.
« Les recettes par utilisateurs (..) sont très basses », note-t-il.
Tout dépend si l’on croit à la promesse à long terme que Facebook restera à côté, voire au-delà de Google comme pouvoir dominant sur la publicité en ligne, et qu’il gardera le contrôle sur les donnnées personnelles de ses utilisateurs, extrêmement précieuses pour les annonceurs.
« Est-ce que ce n’est qu’un mode passagère, ou une tendance » à long terme, demande M. Chowdhry.
Selon lui, cela pourrait prendre plusieurs années avant que Facebook justifie sa capitalisation actuelle: les recettes ont des chances de progresser rapidement avec la publicité en ligne, mais pas les bénéfices, estime-t-il.
Car Facebook doit encore faire d’énormes investissements: en personnel, en équipement, en immobilier – et en acquisitions, comme celle de la startup de photos Instagram, où travaillent 14 personnes qui rejoindront le réseau social moyennant 1 milliard de dollars.
A long terme cela dit, les doutes s’estompent.
« Si Facebook peut vraiment toucher un milliard d’internautes dans le monde, cela devient une plateforme publicitaire extrêmement précieuse », note M. Summer.
Pour les petits porteurs, la question est de la rentabilité à moyen terme. Le réseau professionnel LinkedIn a vu son action bondir de 150% en un an, mais d’autres valeurs internet, comme les jeux Zynga et le spécialiste des bonnes affaires Groupon, sont bien au-dessous de leur prix d’introduction.
Mme Lazès estime que Facebook pourrait prendre 5 à 10% en un an, ce qui est déjà appréciable pour une jeune société qui débute son existence boursière avec un capitalisation déjà gigantesque.
Mais quitte à investir dans internet, M. Summer recommande plutôt Google, pour lequel il vise un cours de 780 dollars, contre 611 dollars en clôture mardi.
Mardi, la chaîne financière CNBC a affirmé sur son site internet que Facebook prévoyait d’augmenter la taille de son introduction en Bourse de 85 millions d’actions ce qui pourrait valoriser l’offre jusqu’à 18,5 milliards de dollars, projet qui représenterait une augmentation de 25% de la taille de l’opération par rapport à ce qui était jusqu’alors prévu.