S’il y a bien un mot qui va agacer le pauvre François de l’Elysée, c’est celui d’ « austérité ». D’un côté et pour des raisons électorales, il prétend vouloir tout faire pour s’en débarrasser. De l’autre, tout indique qu’on ne pourra pas se passer d’une analyse précise de la situation, et d’une application de certains principes particulièrement douloureux. Et comme il est socialiste et n’a qu’une connaissance extrêmement médiocre de l’économie, la France suivra la voie pourtant déjà tracée par les autres pays actuellement.
Oui, nous aurons droit à une certaine austérité.
Attention, ici : comme je l’avais mentionné dans un précédent billet, ne vous attendez pas à une austérité mesurable de façon traditionnelle par une diminution des dépenses de l’État. Je parle ici de cette « austérité » très bien calculée par nos dirigeants pour assurer, autant que possible, un status quo bien douillet. Douillet pour eux, s’entend, et ceux des patrons capitalistes dont la collusion avec le pouvoir est devenue le symbole de la sociale-démocrassie bien baveuse qu’on observe actuellement.
Cette austérité là, on sait déjà comment elle se traduira en France : pluie serrée de taxes vexatoires, d’impôts joufflus et de ponctions plus ou moins camouflées, tout sera fait pour extraire un maximum de richesse d’une classe moyenne qui a, du reste, réclamé bruyamment son sort. Si Hollande est malin, il utilisera donc les prochains mois, période où il aura encore quelques coudées franches auprès de médias indécis, pour agonir la France qui travaille d’une bonne rafale de dîme et de gabelle. Après, tout le monde commencera à trouver le temps long comme des jours sans pain et montrera les crocs, ce qui sera rapidement problématique pour le rond-de-cuir lymphatique qui s’épanouit en François.
On pourrait croire que le programme que je décris ci-dessus est exagéré et que le pragmatisme d’un brillant énarque comme Hollande l’emportera devant une conjoncture difficile.
Peut-être, mais je n’y crois pas : la France n’est pas exactement le premier pays à se retrouver dans une impasse économico-politique où il lui faut faire des choix structurels importants, où il faut, absolument, réformer en profondeur ses systèmes sociaux, mettre fin à son Etat-nounou, et en revenir à des principes de saine gestion. Et dans les pays qui ont précédé la France sur ce chemin, force est de constater qu’on ne se rapproche pas, actuellement, de ceux qui prirent alors les bonnes décisions.
La Grèce montre par exemple qu’en procrastinant aussi longtemps que possible, et en reportant pendant dix ans les réformes structurelles, il arrive un moment où, tout simplement, il ne peut plus y avoir de réformes du tout et tout doit disparaître, à commencer par la monnaie. La France n’en est pas encore là, mais qui peut sérieusement dire que nous n’y allons pas ?
L’Espagne et le Portugal donnent une bonne idée de ce qu’un début d’austérité réelle entraîne sur le plan social. Et encore les Espagnols ont-ils déjà pu goûter aux soubresauts de leur marché immobilier, ce qui n’est pas le cas des joyeux citoyens français, dont une majeure partie se berce encore d’illusions redistributrices vaporeuses, basées sur l’argent gratuit des autres qui coulerait à flots.
Quant à l’Italie, elle montre à loisir que là encore, la vieille recette mi-figue mi-raisin qui consiste à (trop) ménager l’Etat dépensier en augmentant les impôts ou la pression fiscale provoque comme ailleurs les mêmes effets, avec une grogne montante et des velléités insurrectionnelles.
Eh oui : comme je l’avais dit dans de précédents billets, et comme d’éminents libéraux l’avaient aussi expliqué depuis un moment, plus les réformes structurelles sont repoussées, plus la nécessité de les faire se fera sentir. Et lorsqu’on ne pourra plus y couper, ce sera d’autant plus dur. Il faut maintenant purger un système boiteux où des dettes se sont accumulées dans des proportions démentielles.
Et le fait de faire simplement mine de vouloir remettre les choses dans le droit chemin provoquera de façon certaine du chômage, des faillites, de la misère.
Et puisque ces problèmes ne pourront être évités, il faut surtout tout faire pour qu’ils durent le moins longtemps possible. Et non, l’État ne pourra pas accompagner la transition puisque c’est précisément lui qui est responsable de l’état général de la conjoncture, c’est précisément parce qu’on a chargé l’État d’accompagner toutes les précédentes transitions, aussi petites furent-elles, qu’on en est arrivé dans ce merdier d’ampleur biblique.
Non, l’État ne doit plus intervenir, et doit se retirer : plus il intervient, plus il grossit, et plus il grossit, plus la croissance, l’emploi, les richesses produites déclinent, comme en témoigne le joli graphique ci-dessous (graphique tiré de cet article, que je vous encourage à lire) :
Quant aux solutions, elles existent, et ont même été testées.
Dans les pays scandinaves, le redressement est passé par le libre-échange, un droit du travail simplifié (en comparaison du français, on le qualifiera même de microscopique), et une vraie culture de l’entrepreneuriat. Les efforts structurels sur l’éducation et la santé, grandement décentralisés au contraire de nos mastodontes nationaux, ont permis à ces pays de tirer leur épingle du jeu mondial qui ne leur était pas favorable a priori.
Rappelez vous des années 90 : la Suède connaissait une crise bancaire et financière sans précédent et a dû, à la suite, remettre profondément en question son modèle de société (comme par hasard, socialiste et centralisé) :
- réduction drastique des dépenses de l’État
- obligation d’équilibre des budgets de l’État et des collectivités
- inflation maîtrisée
- refonte des retraites
- baisse des impôts sur le revenu
- dérèglementation et libéralisation de dizaine de secteurs marchands
Le plus beau était que ces réformes furent portées par un gouvernement de centre-gauche (qui correspondrait, dans le spectre politique français, à … rien de connu puisque le moins à gauche de nos partis est tout de même plus à gauche que le gouvernement Göran Persson de l’époque).
On pourrait s’attarder sur le cas de la Lettonie : pays européen le plus durement touché par la crise en 2008, le pays a plongé dans une récession sévère. Au contraire de ce qu’on observe actuellement dans les autres pays européens, le gouvernement letton de l’époque a choisi le chemin rocailleux des coupes budgétaires et des licenciements dans la fonction publique. Et quand j’écris « rocailleux », je pèse mes mots : retraites baissées de 10%, salaires dans l’administration amputés de 20%, et de 50% pour les enseignants. Des écoles et des hôpitaux furent purement et simplement fermés. C’était en 2009. A présent, le pays affiche une croissance de 6.8% sur les trois premiers mois de l’année. Pour faire court : ce pays n’a pas choisi la voie foireuse de la relance keynésienne. En choisissant de retirer le sparadrap d’un coup, il en a, clairement, bavé. Mais il en est sorti, en deux ans.
De notre côté, la France s’apprête à faire comme les autres pays : tout doucement, faire de petites réformes, et ne pas se presser pour remettre en cause les zacquis sociaux coûteux qui nous ont mis là en premier lieu. Le sparadrap mettra donc des années et des années à se retirer, péniblement, en entraînant avec lui des générations de chômeurs, de faillites et de misère. J’insiste sur « générations ».
Préparez-vous à souffrir.