En avril 2012, la direction des études économiques de Crédit Agricole SA,
dirigée par Jean-Paul BETEBE,
a publié une étude qui attire l’attention du lecteur sur
les points forts de l’économie française :
« France : des points forts à faire valoir »
A ne pas oublier !
« Il a été beaucoup question dans les débats récents des faiblesses structurelles de l’économie française : taux de prélèvements obligatoires élevé (particulièrement pour les cotisations sociales employeurs) ; lourdeurs administratives (code du travail notamment) ; poids des dépenses publiques dans le PIB ; faible niveau de compétitivité prix et qualité des produits exportés ; fragilité des PME, dont la plupart disposent d’une taille et d’une solidité financière insuffisantes. Si corriger ces points faibles ne peut qu’aider à renforcer la compétitivité du pays et à rehausser son potentiel de croissance, la France peut aussi chercher à s’appuyer sur ses points forts et à valoriser ces nombreux atouts.
Si les fragilités du tissu entrepreneurial français sont souvent pointées du doigt (taille des PME insuffisante et faible nombre d’ETI), la France peut s’enorgueillir d’avoir de grands groupes performants, de dimension mondiale.
Dans l’ensemble, ces grandes entreprises ont fait preuve d’une bonne résistance face à la crise de 2008 – 2009. Elles ont su se redresser et continuent à rivaliser avec leurs concurrents internationaux.
500 premiers groupes mondiaux
La réussite économique de ces grands groupes s’appuie sur un savoir-faire reconnu dans un certain nombre de domaines d’activité. Cette excellence française se manifeste dans les secteurs de l’énergie (Total, GDF-Suez, EDF-Areva), de l’aéronautique et de l’armement (EADS, Safran, Thales, Dassault), de l’agroalimentaire (Danone, Pernod Ricard, Lactalis), du luxe (LVMH, PPR), de la construction (Saint-Gobain, Vinci, Bouygues, Eiffage) ou encore de la pharmacie (Sanofi-Aventis).
Ces grands groupes qui ont, par définition, atteint une taille critique suffisante pour pouvoir exporter massivement se taillent la part du lion sur les marchés extérieurs. Dans un contexte marqué par une forte aggravation du déficit commercial français, ces secteurs font figure d’exception. Alors que le déficit français se creuse depuis 10 ans, leur solde commercial est resté positif, stable voire en augmentation pour certains.
Solde commercial
L’économie française peut également compter sur un certain nombre d’atouts pour attirer les investisseurs étrangers et ainsi favoriser sa croissance économique.
En premier lieu, la taille de son marché et sa position géographique avantageuse en Europe offrent d’importants débouchés pour les entreprises qui s’y implantent.
PIB par habitant
Les entreprises qui s’implantent en France peuvent également disposer d’une main-d’oeuvre qualifiée à forte productivité. Deux indicateurs permettent de mettre en avant ce haut niveau de qualification. Le premier indicateur est celui de la part des 25 à 34 ans disposant d’un diplôme de l’enseignement supérieur.
La France avec un taux de 43,2% se situe nettement au-delà de la moyenne de l’OCDE à 36% (ou encore de l’Allemagne à 25,7%). Un second indicateur, le nombre de chercheurs par millier d’actif, ressort également au-dessus de la moyenne avec 8,3 actifs sur 1 000 en France contre 6,5 pour l’Union européenne et 7,6 pour l’Allemagne.
Productivité horaire
La France peut également faire valoir un réseau d’infrastructures de transports particulièrement dense et de grande qualité couvrant l’ensemble du territoire. Les réseaux ferroviaires et autoroutiers se composent de respectivement 30 000 km et 11 000 km environ.
Flux d'IDE
Ces points forts font de la France un pays très attractif. Entre 2000 et 2010, la France a reçu en moyenne environ 46,3 milliards d’euros par an d’Investissements directs étrangers (IDE, cf. graphique). Le stock total d’IDE équivalait à 39% du PIB en 2010. Les entreprises étrangères participent activement au bon fonctionnement de l’économie.
Un soutien public fort et renforcé au niveau de la R&D
Lancée en 2000 à l’échelle de l’Union européenne, la stratégie de Lisbonne avait pour objectif d’atteindre un taux d’investissement public et privé dans la R&D équivalent à 3% du PIB pour chaque État membre (cf. graphique). Si la France n’a pas réussi à respecter cet objectif, les années 2000 ont cependant marqué un tournant avec la volonté affichée des pouvoirs publics de développer et d’encourager l’innovation et la connaissance.
La recherche et l’innovation sont, on le sait, des enjeux majeurs, puisque la faiblesse de la compétitivité des produits français tient pour partie à des facteurs hors prix (qualité et contenu en innovation, cf. Perspectives France de janvier 2012).
Dépenses en RD
Le positionnement milieu de gamme des produits français associés à des marges en déclin (sur fond de compétition féroce) serait notamment responsable de la part limitée des investissements des entreprises en R&D. Un soutien public dans ce domaine doit aider à pallier ces faiblesses, en encourageant les entreprises à investir pour se déployer sur de nouveaux marchés pour s’adapter à la demande et aussi monter en gamme.
Au cours des années 2000, plusieurs réformes et mesures ont été entreprises en ce sens. Parmi elles, on peut notamment citer : le lancement des pôles de compétitivité (2005), la réforme du crédit d’impôt recherche (2008) et les programmes d’investissements d’avenir ou « Grand emprunt » (2009).
Traitement fiscal de la RD
Une croissance démographique dynamique
Le dynamisme démographique français est également un vrai atout. La France dispose en Europe du taux de fécondité le plus élevé après l’Irlande avec 2,03 enfants par femme contre une moyenne de 1,6 pour l’Union européenne (en 2010). La France semble, en effet, avoir échappé à la « seconde transition démographique » post baby-boom avec une baisse du taux de fécondité moins marquée qu’ailleurs.
La France reste ainsi l’un des rares pays à être à peu près en mesure de « renouveler ses générations ». En effet, le taux de fertilité de 2,03 enfants par femme (en moyenne de 1,95 sur les 10 dernières années) y est très proche du « seuil de remplacement des générations » de 2,11 (cf. graphique).
Taux de fécondité
Au-delà d’un avantage relatif au niveau du financement des retraites, le maintien à un niveau équivalent de la population potentiellement active contribuerait surtout à soutenir la croissance potentielle française (qui très schématiquement est le produit de la croissance de la main-d’oeuvre et de celle de la productivité).
Ce dynamisme de la population française, par contraste avec le reste de l’Europe, pourrait devenir un élément discriminant en termes d’attractivité. Le marché français du fait de la croissance prévisible de sa population (73 millions d’habitants en 2050 contre 65 actuellement) conserve un potentiel, là ou ailleurs en Europe, il sera davantage question de déclin. »
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