Une déclaration préalable de travaux déposée en Mairie de Dijon concerne l’église de la Maladière. Les habitants du quartier vont être prochainement sous l’influence de trois antennes insérées dans un « site macrocellulaire » lui-même installé dans le clocher du Sacré-Cœur. La déclaration informe que le demandeur est un opérateur de téléphonie mobile. Au moment où les effets néfastes des divers types de champs électromagnétiques sont reconnus dans de nombreux rapports scientifiques http://www.robindestoits.org/Les-preuves-scientifiques-des-dangers-pour-la-sante-de-la-telephonie-mobile-Le-rapport- Bioinitiative_a78.html, l’église du quartier va héberger en toute discrétion une plateforme camouflée astucieusement à très grande proximité d’habitations.
Un nouveau marché : le techno business du temple
La consultation du dossier en mairie apprend que le propriétaire, L’association diocésaine[1], en tant que bailleur, offre le clocher à une entreprise commerciale à des fins mercantiles. La date officielle d’enregistrement est le 28 mars 2011. Pour contester la décision, le recours contentieux est possible dans les deux mois à partir de la notification. Un petit hic toutefois : l’affiche sur le bâtiment a été visible par les riverains le 10 juin, soit 12 jours hors délai. Pas embarrassés du tout par l’entorse à la réglementation, bailleur et opérateur, ont laissé passer les dates légales d’affichage ! Le mensonge par omission, c’est un péché véniel ou il faut patienter au purgatoire ?
Le document déposé en mairie ne dit naturellement rien de la transaction financière. Un slogan jubilatoire GAGNEZ DU TEMPS ET DE L’ARGENT ! s’inscrit en lettres rageusement capitales sur le panneau de la déclaration préalable apposée sur les grilles de l’église.
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Voilà une opération qui sent bon le plat de lentilles. Toute la subtilité est là : il faut savoir se vendre ! Curieux oubli pour les lecteurs du Livre… à moins que la prophétie de Zacharie soit passée à la trappe : « Il n’y aura plus de marchands dans la maison du Seigneur le tout-puissant ». Le Nouveau Testament fait dire au Christ « … ne faites pas de la Maison de mon père une maison de négoce ». (Jean). La fréquentation des textes fondamentaux est une vraie garantie contre l’ignorance. Installer des publicités sur un monument du patrimoine serait une erreur esthétique, implanter des équipements dont la nocivité pourrait être avérée à proximité d’habitations est une faute éthique. Le rêve du veau d’or s’actualise dans la capacité à gagner de l’argent en dormant… au détriment des ignorants, les habitants du quartier…
Un déni de citoyenneté
Le dossier est riche d’enseignements. Il montre en particulier combien la langue des affaires et le langage de la vie publique se rejoignent aujourd’hui. En effet, en page finale, le dossier présenté par l’opérateur évoque les précautions demandées par l’Architecte des Bâtiments de France. La couleur sera « gris anthracite » ce qui devrait permettre que le matériel se confonde avec « la pénombre du clocher ». Cette installation sera pourvue « d’une protection foudre ». Le document conclut « qu’aucun autre équipement n’est susceptible d’être visible de l’extérieur ». Nous voilà rassurés : notre regard ne sera pas pollué par des apports intrus.
Trois antennes installées dans les fenestrons : aucune indication sur les ondes diffusées. Cliquer sur l'image pour l'agrandir.
La technique de l’enfumage est utilisée régulièrement en communication politique pour couper court à la réflexion et aux initiatives citoyennes. Diverses variantes existent : enfumage émotionnel, par les chiffres, par la désinformation, par le verbiage, par la création d’une commission Théodule destinée à enterrer en toute sérénité un débat gênant, par le mépris, par l’anathème, par la démagogie…. Présentement, l’enfumage consiste à apporter des précisions qui détournent la curiosité vis-à-vis de points à cacher : ne rien dire de la nocivité éventuelle des ondes émises par l’installation mais gloser sur le gris anthracite et faire croire que la seule question qui vaille est de nature esthétique. La rhétorique manipulatoire employée ici revient à donner des informations accessoires sans que soit suggérée l’existence d’informations de première importance, celles qui pourraient être relatives à la santé des populations. Pourtant, des voix scientifiques s’élèvent contre de type d’installation, des élus courageux prennent des dispositions pour reléguer ces installations par ailleurs nécessaires aujourd’hui aux activités sociales de toute nature dans un périmètre sécurisé, des responsables d’établissement mobilisent le principe de précaution pour que les internats soient à l’abri d’ondes toxiques… Des éleveurs de bestiaux s’émeuvent de l’influence des ondes sur la qualité du lait et le comportement des animaux. http://www.robindestoits.org/Antennes-de-telephonie-mobile-a-Lanvollon-le-ras-le-bol-des-eleveurs-Ouest-France-30-06-2011_a1290.html...Plus qu’une querelle de clocher, c’est un débat sur la vertu qui mérite d’être initié : les ondes qui seront produites par l’installation seront-elles ou non toxiques ? La dissimulation et l’enfumage orientent aujourd’hui la réponse : c’est la marchandisation de la vie des citoyens.
article lié : http://rolandlabregere.blog.lemonde.fr/2011/12/23/dijon-la-maladiere-les-ondes-toxiques-arrivent%e2%80%a6/
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[1] Association diocésaine, Service immobilier, 20, rue du Petit Potet 21000 Dijon